Aurait-on affaire au film familial de l’année ? Façon de parler, mais après tout on est pas si loin.
Ce Mercredi L’Origine Du Mal, le nouveau film de Sébastien Marnier, débarque. On l’avait découvert avec l’excellent Irréprochable sorti en 2016 avec Marina Foïs. Il revient après L’Heure De La Sortie sorti en 2018, avec ce huit clos baroque empli d’humour noire, ou tous les membres de la famille se tirent dans les jambes.
Un huit clos aux airs de pièces de théâtre tout droit inspiré des plus grands scénarios de Claude Chabrol, ou Clouzot, qui s’immisce dans la plus haute sphère sociétal en la critiquant allégrement. Immense villa, couverts en argent, fourrures de luxe et une matriarche (Dominique Blanc très amusante) qui dépense à tire-larigot, voilà une parfaite caricature de la belle population et du mépris qui peut se dégager de chacun à l’égard de ceux qui sont de la classe moyenne. C’est là qu’intervient Stephane (Laure Calamy) une héroïne modeste et inégale qui dirige une entreprise alimentaire à but associatif, tout en assurant une relation avec Natalie (Suzanne Clément) sa compagne emprisonnée, qui revient dans sa famille après plusieurs années de séparation. Enfin semble t-il.
Bien évidemment c’est ce qui frappe ! Les divergences sociales, dès lors que Stéphane rencontre son paternel (Jacques Weber), elle pénètre dans un monde qui l’émerveille continuellement. Elle prend difficilement place parmi tous les composants de cette famille qui l’accueillent avec froideur, sans aucune chaleur humaine, celle qui se distingue le plus par son humilité est George (Doria Tillier), qui passe son temps à douter de la sincérité de Stéphane lui réclamant même un titre d’identité pour prouver son honnêteté à Serge, le patriarche qui semble être le seul à faire preuve de gentillesse envers elle.
Mais c’est aussi là que repose le talent de Sébastien Marnier, également chargé du scénario, induire le spectateur mais aussi notre héroïne en erreur, et faire régner une constante hypocrisie entre chacun. Immortalité, manières de riches, chacun a ses défauts, mais on comprend surtout que dans cette famille l’argent fait la bêtise et le déshonneur. De la femme de ménage, qui fait ses propres coups bas derrière le dos de tout le monde, à George, qui n’a que de désir pour l’immense fortune de son père, la moralité n’est plus qu’une métaphore de la bourgeoisie dans sa plus haute caricature, fort bien affinée c’est indéniable.
Mais il est aussi et surtout question d’origine, et de mal, mais ces deux mots ont plusieurs sens. Le mot « mal » pour commencer peut aussi se transformer dans ce cas présent en « mâle » . On remarque que le casting est exclusivement composé de femmes à l’exception près de Jacques Weber, mais Calamy et Tillier sont dotées de noms masculins, on peut y voir une sous domination du côté masculin derrière les forts caractères et desseins de ces dernières, une forte autorité ou un sentiment de supériorité venant de Georges vis à vis de Stephane. On peut également noter les présences de statues d’animaux féroces dans la maison, une nouvelle manière d’affirmer une domination d’envergure. L’origine du mal peut alors se présenter comme un thriller théâtral sur la famille, mélanger à une lutte des classes.
Mais toute cette composition dissimulent les vrais ressorts de l’intrigue, jusqu’au final haletant et violent. Mais tout ne repose pas sur ce twist, mais il ajoute un ultime tour de force à un scénario déjà corsé qui réserve de sacrés divagations.
L’Origine du Mal est la réussite francophone de ce début Octobre, garni par un casting 4 étoiles (Laure Calamy qui prouve l’étendu de son talent depuis Antoinette dans Les Cévennes dégage une énergie et une gaieté incroyable), de sacrés punchlines et des retournements qui laissent sidéré. À découvrir absolument !
Le film est disponible depuis ce mercredi 5 octobre au cinéma.
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