Les Bonnes Étoiles est un film de route, un voyage vers le sentiment humain. Deux hommes récupèrent – c’est leur « métier » – un enfant abandonné dans une boîte à bébés, dans le but de le revendre sur le marché noir et ainsi, lui éviter l’orphelinat. La mère les retrouve, et s’embarque avec eux dans leur quête de parents. La petite troupe est aussi suivie par deux agents de police, attendant la transaction pour arrêter les malfaiteurs sur le fait. Le cinéma de Kore-eda a toujours été un cinéma de personnages. Des entités complexes, naviguant entre leurs émotions et celles des autres, chacun de ses films ayant pour centre une zone d’ombre dans laquelle les personnages enfouissent toutes leurs hontes et leurs traumatismes dans un grand gribouillis. C’est ce sac que va déchiffrer le réalisateur (au sens premier du terme, So-young n’exprimant ses sentiments que dans le noir). La première chose que nous montre le film est une mère abandonnant son enfant. La seconde, des policières en planque, émotionnellement loin de la situation. Et la troisième, l’illégal qui fait le bien. Les points de départ sont posés, chaque personnage va alors entamer un long et complexe voyage vers son vrai lui. Tous vont s’entraider les uns les autres quand ils se croisent, se poussant vers cette réussite et cet équilibre (comme les petits arcs de pierres formés par les randonneurs sur les bords des rivières : une parfaite répartition des forces). La policière froide, la mère qui refuse de toucher son bébé, l’orphelin rancunier, l’enfant innocent. Tout va s’inverser. Les Bonnes Étoiles, c’est tous les sentiments du monde dans un mini-van bleu au coffre cassé.