sujet casse-gueule
À quoi ressemble un film anxieux ? À qui voudrait à quoi ressemble un film anxieux ? À qui voudrait trouver la réponse, Le Consentement fait figure de matière illustrative parfaite. Commençons tout de même par un léger dédouanement. Dans la bousculade des succès en librairie dont le cinéma français se nourrit depuis quelques temps (citons L’Événement d’Audrey Diwan, Petit Pays d’Eric Faye, entre autres), le livre de Vanessa Springora était sans doute le sujet le plus inflammable.
Bourrasque littéraire de 2020, le texte autobiographique racontait la relation toxique nouée entre l’écrivain mondain Gabriel Matzneff et l’autrice, alors âgée de seulement treize ans, au début des années quatre-vingt parisiennes. Une fois publié, le récit marquait le départ d’un me too littéraire et la chute médiatique du pédophile. Celui-ci était encore adulé et célébré par toute une partie de l‘intelligentsia française auparavant. Face à une telle histoire se posait le défi suivant : comment figurer sur l’écran la monstruosité (voire le trouble) des rapports entre les deux amants sans chuter dans le voyeurisme indigne, le vulgaire, ou la chasteté déplacée ?
Pour une adaptation très safe
En guise de réponse, le film enfile les gants de protection. D’abord, par une forme de glue quasiment intégrale au texte, ce à quoi la présence de Springora au scénario n’est sans doute pas étrangère. Lorsqu’il est obligé de se frotter au trou noir du livre, c’est-à-dire les scènes de sexe, Filho fait du contournement son dispositif principal.
Se réfugiant derrière une pluie d’effets voulant figurer une forme d’intensité filmique (lens flare sur le visage de Vanessa, inserts sur des vêtements comme autant de métonymies du péché mortel) le récit évente son pli le plus sulfureux. Ne subsiste alors qu’une ligne univoque de départage des rôles, elle, petite oie blanche apeurée (symbole de l’écolière, jeu de l’actrice Kim Higelin brouillé de larmes constamment) et lui, ogre manipulateur sans scrupules. Soit deux crètes qui jamais ne bougent, ne s’infléchissent ou se renversent, cordes raides tendues dans le sens d’un cheminement narratif vite ensablé dans ses archétypes.
Rouve en Matzneff : le diable ou rien
C’est que le film est tracassé par son sujet et fait circuler ce motif de l’évitement jusqu’au portrait de Matzneff. Crâne glabre et diction lente comme s’il récitait avec un crayon dans la bouche, Rouve se donne, mais bute sur un traitement grotesque, qui transforme Matzneff en prédateur caricatural. C’est une sorte d’Antéchrist des lettres, souvent embarrassant (métaphore biblique lourdement appuyée à plusieurs endroits) et soulagé de toute l’ambivalence dangereuse que pourrait (devrait ?) contenir un telle figure maléfique.
Pire, le récit omet presque ce qui constitue l’un des aspects les plus torves de l’affaire, soit la dimension collective des crimes. Piliers de la seconde partie du livre, les actes de Matzneff n’ont été possibles que parce qu’ils s’inscrivaient dans un temps et un milieu – le microsome bourgeois-libertin des années 70/ 80 – où ils étaient largement soutenus. Un regrettable oubli quand ce sont finalement les scènes mondaines de la vie parisienne qui sont les plus glaçantes, car trahissant, ou plutôt certifiant, deux abjections de l’époque : tout le monde savait et tout le monde cautionnait.
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