Il y a des visionnages qui sont difficiles à terminer, par ennui, par inintérêt, que nous oublions facilement et puis il y a les films difficiles à terminer parce qu’ils nous touchent, nous bouleversent voire nous choquent. Polytechnique de Denis Villeneuve est un de ces films, impossible à oublier, viscéral et dont le visionnage noue la gorge et prend aux tripes.
Il est un de ces films où lorsque le générique de fin apparait, la bulle n’éclate pas, l’immersion reste présente, les larmes continuent de couler et le cerveau bloque sur ce qu’il vient d’enregistrer. Il est un de ces films où le sujet présenté dans sa neutralité, ce docu-fiction, devient un combat personnel, des idées et une existence qui m’appartiennent, que je partage et qui m’animent.
Alors ce film devient rapidement une obsession, du geste, de la caméra, des acteurs et de leur récit. Tout me fascine autant que ça ne me fait frissonner, balle après balle, femme après femme. Si le film offre ce regard impartial, sans jugement, une proposition d’observateur pour le spectateur, il m’a été impossible de ne pas me sentir impliquée, certes impuissante et voyeuriste mais totalement engagée dans l’émotion et le sensible, de retenir ma respiration, d’avoir peur, de sentir mon cœur s’emballer alors que j’étais si loin de cette école et de cette époque.