EYES WIDE SHUT DE STANLEY KUBRICK

Certains films laissent plus de marques que d’autres, pour moi c’était à environ 14-15 ans, c’était avec Stanley Kubrick, c’était avec Eyes Wide Shut. Et tout d’abord, laissez moi vous dire que toute une vie et tout le lexique du monde ne me suffiraient pas pour exprimer tout ce que je ressens à l’égard de ce film.

Entre la fascination que j’aie pour l’œuvre, ,l’admiration que j’aie pour Kubrick et combien le tout est magistral. C’est compliqué de tout dire et je pense d’ailleurs que toute personne qui aime soit l’auteur, soit la proposition aurait toute la peine du monde à l’exprimer et à décortiquer ce monument, mais essayons tout de même parce que s’il y a bien une chose de vrai : c’est que tout le monde a un point de vue et un avis différent, et que tout le monde peut parler de cinéma.

Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick
Cette ultime œuvre testamentaire qui aborde sans filtre les tentations extérieures dans un couple marié, est certainement un des plus grands chocs que j’ai eu depuis que le cinéma anime ma vie et mon quotidien.

Au départ, ça n’a pas été simple de l’apprécier et de le comprendre tant le propos est complexe surtout avec la manière dont il a été mis en scène. Découvrir un Kubrick adolescent n’est pas la meilleure des idées, à cet âge, on peut difficilement saisir la tension qui s’installe entre Bill et Alice et surtout la raison de cette hostilité.

À 15 ans, je suis resté bouche-bée devant la séquence à l’intérieur du manoir sans toutefois comprendre le sens de ce qui se passe et des conséquences des évènements qui s’y produisent. Après plusieurs visionnages et la vingtaine passée, Eyes Wide Shut fait aujourd’hui parti des films qui me fascinent le plus. C’est une œuvre ou plutôt un chef-d’œuvre que je vois avec une vision différente à chaque fois, une œuvre qui possède une atmosphère malsaine et quand je l’ai revue au cinéma, la sidération a été totale ! J’étais dans mon siège comme possédé part toute la force du film. Autant par sa technique que par son écriture : un choc réitéré sur mes deux visionnages en salles dont je me souviendrai à jamais.

Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick

La musique pour commencer. Un personnage perçu par l’ouïe qui résonne régulièrement dans ma tête, une symphonie qui se transforme en notes plus ambigües tout du long jusqu’à nous mettre mal à l’aise. Kubrick fait s’unir les deux pour rendre son film tangible voire même effrayant. J’ai rarement eu aussi peur que durant la scène où Bill est suivi en pleine nuit par un homme mystérieux.

Plusieurs moments en dehors des moments d’égarement de Tom Cruise et de la séquence d’orgie m’ont vraiment laissé une trace. Les moments hallucinés où Bill imagine sa femme « tripotée » par un inconnu qui prend la forme d’un marine par exemple, ces flashs complètent leur dispute qui intervient après toute l’introduction.

À 15 ans, c’est un film qui m’était inconnu, depuis c’est un film qui m’a donné envie de consacrer une majeure partie de ma vie à écrire sur le cinéma. Quand on a conscience que des metteurs en scène comme Stanley Kubrick existent, lorsque des films à la fois aussi terrifiants et fascinants que Eyes Wide Shut ont pu naitre, l’envie de s’imprégner de cinéma est naturellement plus grande. C’est mon cas !

Je pourrais éternellement vanter les multiples facettes de ce bijou si sombre et pas uniquement de celui-là d’ailleurs. Avant lui Shining m’avait bien retourné le cerveau, celui-là aussi, j’ai été trop impatient de le découvrir et tout comme Eyes Wide Shut. Si-tôt mes parents avaient le dos tourné que les terrifiantes images de Jack Nicholson devenant devient fou défilaient devant moi. Et on peut dire que digéré Shining, si l’horreur nous traumatise facilement à cet âge-là, ce n’est pas facile et j’ai rapidement compris pourquoi mes parents avaient refusé de me laisser le voir.

Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick

Mais si j’avais écouté mes parents, mes références auraient été bien minces à 18 ans, hors en allant à l’encontre de leur confiance je pouvais m’estimer content d’avoir vu Orange Mécanique, Eyes Wide Shut et Shining à même pas 16 ans (ces trois là et bien d’autres films qui m’étaient interdits).

Eyes Wide Shut m’a fait comprendre à quel point le cinéma pouvait être étrange et compliqué voir complexe. Aussi curieux que ce soit, c’est le film le plus malsain que j’apprécie revoir le plus. Pour moi chaque visionnage est une nouvelle découverte et j’aime découvrir un peu plus à chaque fois Eyes Wide Shut.

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