La Grande Évasion, film américain de 1963 réalisé par John Sturges avec Steve McQueen, Charles Bronson, James Coburn, Richard Attenborough, James Garner…

3 ans après ses 7 Mercenaires (remake des Sept Samouraïs d’Akira Kurosawa), John Sturges pose cette fois ses valises dans un camp de prisonniers allemands de la Seconde Guerre Mondiale, pour narrer l’histoire (vraie) de la tentative d’évasion desdits prisonniers. Sturges s’essaie donc encore une fois au film choral, mais pour quel résultat ?

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Comme dit précédemment, La Grande Évasion est donc ce qu’on appelle un film choral. Sommairement, il s’agit d’un film dont ne se dégage aucun personnage principal, et où sont mis en scène un nombre important de personnages aux destins croisés.
Et si John Sturges avait prouvé sa compétence dans ce domaine avec Les 7 Mercenaires, il passe ici un cap certain.
Car loin de se laisser impressionner par les guéguerres d’egos entre les nombreuses têtes d’affiche du film (Charles Bronson et Steve McQueen en tête), il crée un film équilibré dans la majeure partie de sa construction. La plupart des personnages sont égaux en importance et sont tous écrits de manière à posséder des détails qui permettent à la fois un attachement et une différenciation (la claustrophobie de Danny, la passion pour le baseball de Hilts, la cécité progressive de Blythe…).
Et le film, loin de se limiter à n’être qu’une succession abusive de sketches, conserve tout son long un fil directeur et un intérêt certain, facilité par ce casting de haut rang qui, outre assurer une excellente publicité au film, permet de s’identifier plus rapidement aux personnages.
John Sturges a donc réellement passé un cap dans le genre du film choral, la complexité du récit ne perdant jamais les spectateurs et le film conservant toujours une cohérence nécessaire.

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Ce qui frappe également dans La Grande Évasion, c’est cette sensation de réalisme, et surtout de quotidien. Décrivant justement le quotidien d’un camp de prisonniers durant la Seconde Guerre Mondiale, le film est assez étoffé pour donner cette sensation d’un monde clos, avec ses règles, ses relations entre les personnages.
Le film, se concentrant sur un détail de la guerre, n’en perd pas pour autant son intérêt, et on en viendrait presque à oublier les événements alentour ; comme si cet événement-là se trouvait dans une bulle, hors du temps, une bulle où des hommes sont à la recherche de l’une des choses les plus essentielles d’un être humain : sa liberté. On sent se développer une réelle alchimie entre les protagonistes, ce qui renforce l’attrait du film.
Outre cette notion de réalisme, on ressent également une notion d’enfermement : l’extérieur du camp n’est pas montré jusqu’au dernier quart du film, au moment de leur échappée, et le reste du temps se consacre à montrer leur quotidien et la mise en place de leur plan. Cet aspect est renforcé par l’exiguïté de nombreuses scènes, dans lesquelles les personnages fomentent leur plan tout en évitant de devoir être découverts.
Le film est donc attachant de par cette notion du quotidien, et une sensation d’enfermement qui accentue l’empathie.

Le film est inspiré d’une histoire vraie, dont il reprend la trame quasiment à l’identique (sauf nécessité scénaristique). Il porte donc un regard réaliste sur son sujet en ne cherchant pas à atténuer le destin des personnages. Même s’il n’est pas d’un manichéisme pur (certains soldats nazis ont ainsi une relation particulière avec plusieurs de nos personnages), le film condamne fermement les agissements de ces nazis, posant ces prisonniers en martyrs rattrapés par leur destin et par la tragédie du monde qui est le nôtre. Leur mort au crépuscule, digne d’un drame shakespearien, est un cri de déchirement face à des hommes que l’on a vu lutter tout du long pour leur liberté, en vain. La bande originale d’Elmer Bernstein accentue quant à elle cette sensation de réalisme, avec un ton militaire qui colle parfaitement à l’ambiance du film.

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Mais le film ne pouvait décemment pas être parfait. Car à trop étirer son récit et multiplier ses personnages, le film accélère dans son dernier quart pour régler le destin de tous ceux qui ont pu s’échapper, provoquant pour le spectateur un trop-plein scénaristique, où le film saute de personnage en personnage sans réelle lien scénaristique autre que celui évoqué précédemment. À trop tirer sur la corde dans sa dernière partie, le film gâche un peu son brillant et complexe scénario développé jusque-là. Il est évidemment nécessaire de conclure les arcs narratifs de tous les personnages ; mais en les concentrant dans la dernière partie, le film devient plutôt déséquilibré.

Mais cela constitue un défaut mineur dans un film d’une excellente facture. Il lancera pour de bon la carrière flamboyante de SteveMcQueen et sera un immense succès au box-office. Quoi de plus mérité pour un film d’une telle ampleur et pourtant d’une telle réussite ?


Note

4/5


Les Sept Mercenaires, version améliorée. Trois ans après ce remake, John Sturges livre un film d’une ampleur spectaculaire et d’une complexité monstre qui pourtant ne perd jamais le spectateur. Face à un casting 5 étoiles, le réalisateur livre une oeuvre phare de sa carrière, un long-métrage déchirant sur le destin croisé d’hommes de l’ombre. Globalement, c’est une pleine réussite.


Bande-annonce : 

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