? Réalisateur : Christopher Nolan (The Dark Knight, Dunkerque, Le Prestige…)

? Casting : Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club, Mud), Anne Hathaway (Le Diable s’habille en Prada, The Dark Knight Rises), Jessica Chastain (Zero Dark Thirty, Molly’s Game), Casey Aflleck (Manchester by the sea)…

? Genre : science-fiction

? Pays : Etats-Unis

? Sortie : 29 octobre 2014 (France)

Synopsis : Le film raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille récemment découverte dans l’espace-temps afin de repousser les limites humaines et partir à la conquête des distances astronomiques dans un voyage interstellaire. 

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Il est de ces films qui, quelquefois, vous marquent à jamais. Des films qui changent votre conception du cinéma. Le film qui a provoqué ce bouleversement chez moi, c’est…. Interstellar (c’est facile, c’est dans le titre ). Si j’ai toujours été un grand fan de Nolan, jamais ses films ne m’avaient profondément marqués. Je reconnaissais bien sûr l’excellente qualité d’écriture de ses films, mais jamais ils ne m’avaient complètement retourné. Ca, c’était avant qu’Interstellar arrive, un film que je n’ai cessé d’idolâtrer depuis lors. Et c’est pourquoi j’ai décidé de parler avec vous aujourd’hui de ce film, et de pourquoi c’est pour moi une œuvre majeure du 7e art, contemporain autant qu’intemporel.

Que vous le vouliez ou non, Nolan reste aujourd’hui un cinéaste majeur. Parvenant à imposer ses idées, il bénéficie désormais d’une reconnaissance critique et publique qui lui permette d’inclure dans ses films toute sa patte et ses thèmes. Et ça, dans un système qui semble privilégier l’industrie à l’art, ça reste un coup de maître que de pouvoir continuer à imposer sa vision. 

On a souvent reproché à Nolan une mise en scène trop académique, comme à Fincher d’ailleurs. Il est d’ailleurs un fervent défenseur de la pellicule, se refusant à passer au numérique et refusant également d’utiliser la 3D. C’est un point qu’on ne peut lui reprocher, puisqu’il assume pleinement ce côté « old school ». Mais on ne peut pas enlever à Nolan que ses films ont de la gueule ; il est avant tout un faiseur d’images et il sait accoucher de visuels impressionnants (la scène du couloir rotatif dans Inception par exemple). Si Nolan est inspiré, vous êtes forcément impressionné par les images qu’il vous offre. Et cette idée se confirme dans Interstellar. Bordel mais que ce film est beau ! Et si le film est aussi beau que ça, c’est en grande partie dû au désir de réalisme de Nolan. Rien de ce film ne fait faux (à moins bien sûr que vous ne supportiez pas les approximations scientifiques), tout ou presque pourrait avoir été filmé «pour de vrai ». Le film accouche de visuels interstellaires encore rarement vus au cinéma, et là je pense au trou de verre par exemple : combien de films vous donnent à voir une telle chose ? Et combien le font de façon aussi réaliste ? 

Depuis le début de sa carrière, Christopher Nolan a toujours eu cette notion de réalisme en tête. Et s’il y a bien un genre auquel le réalisme se marie bien, c’est la science-fiction et ici le film interstellaire. Et cette notion de réel est essentielle, car sans elle il est difficile de rentrer dans un film auquel on ne croit pas. C’est pourquoi la décision de Nolan de tourner ses films de façon réaliste est plus que pertinente dans un film comme celui-là. Nolan a un rapport à l’image très spécial, et on sent qu’il a été inspiré par ce film.

A cette notion de réalisme, Chris (ouais je l’appelle Chris) rajoute une once de grandiloquence, pour un résultat plus qu’exceptionnel. Je pense notamment dans Interstellar à l’arrivée aux alentours de Jupiter, où la taille du vaisseau par rapport à la planète et ses anneaux offre un rapport d’échelle incroyable. Ou encore la scène de « la vague » qui, associée à la sublime musique de Hans Zimmer, crée une scène grandiose, qui laisse les spectateurs bouche bée. En résumé, la mise en scène de Nolan, aussi académique qu’elle soit, donne au film un cachet considérable, des images grandioses qui clouent à leur siège les spectateurs, en donnant un cachet « noble » aux images.

Si Interstellar fonctionne aussi bien, c’est par les nombreuses symboliques qu’il dégage. La notion d’héritage par exemple. « Once you’re a parent, you’re the ghost of your children’s future ». Cette phrase, sortie de la bouche de Cooper, prend tout son sens à la fin du film. Les parents doivent laisser leurs enfants « partir » (au sens figuré dans le film), tout en donnant les clés pour avancer. C’est grâce à Cooper que sa fille Murphy a pu sauver l’humanité. Le film évoque aussi la notion de deuil : chacun des personnages doit faire face à la mort (présumée ou réelle) de quelqu’un, et doit malgré tout apprendre à avancer sur le long chemin de la vie. Le film développe l’idée selon laquelle l’Homme est seul responsable de son destin et qu’il doit s’adapter à la Terre. Une des plus belles phrases du film, résume cette idée : “We used to look up at the sky and wonder at our place in the stars, now we just look down and worry about our place in the dirt”. L’Homme, en grand colonisateur qu’il fut, a fini par se reposer sur ses lauriers, et a pensé que la terre était faite pour lui e qu”il n’avait aucune raison de la quitter. Mais rapidement, l’Homme s’est rendu compte de son erreur, et la nature a repris ses droits, comprenant alors que son destin ne se jouait peut-être pas sur Terre. Il est donc seul à même de prendre son destin en main, et la résolution du film le prouve : si Cooper a réussi à sauver le monde, c’est parce qu’il est le seul à avoir pris son destin en main, poussé par la plus belle émotion au monde, l’Amour. L’Amour qui est, pour le Dr Brand, la seule chose qui transcende les dimensions. L’Homme n’est aidé d’aucune force supérieure, d’aucun « eux », c’est lui et lui seul qui peut changer le destin, car le monde ne s’adaptera pas à lui.

Dans ce film, Nolan a également beaucoup travaillé sur l’atmosphère terrestre : les décors, la lumière, la photographie… Tout participe de cette ambiance pesante de fin du monde. Mais contrairement à beaucoup de cinéastes, la fin du monde que dépeint le réalisateur n’a rien de spectaculaire. La menace est pernicieuse, on la sent imminente mais elle sait se faire discrète, comme si elle allait arriver en douceur, lentement… Et c’est très couillu de la part de Nolan ! 

On peut également évoquer le jeu des acteurs, qui sont tous tout simplement géniaux. Mention spéciale au duo père/fille Mackenzie Foy-Matthew McConaughey, dont l’alchimie est parfaite et fonctionne à merveille. La jeune actrice a un talent fou dans ce film, et j’espère la revoir dans d’autres grands films prochainement. Le reste du casting (Anne Hathaway, Casey Affleck, Jessica Chastain, Michael Caine…) est également très à l’aise dans son rôle et excellent. Petit bémol pour Matt Damon, dont la prestation est bonne, mais qui n’arrive pas à s’effacer derrière son personnage (dommage pour si peu de temps d’écran), alors que Affleck et Chastain, eux, incarnent réellement leur personnage, et s’effacent derrière lui. Bien sûr McConaughey reste l’élément fort d’Interstellar, sa prestation est tout simplement exceptionnelle. Je pense notamment à la scène où il visionne tous les messages reçus depuis 25 ans. Cette scène, où il fond en larmes devant l’ampleur que les choses ont prise, est déchirante et larmoyante à souhait. 

On peut finir en évoquant la musique d’Hans Zimmer. Et quelle musique ! Quand on sait que le compositeur attitré de Nolan a dû composer l’OST sans voir une seule image du film, on se dit que le résultat est quand même franchement superbe. Utilisant beaucoup les orgues, sa musique souligne à merveille la grandiloquence de l’espace, l’imminence du danger sur Terre ou encore les moments de tension des personnages. Avec cet OST, Zimmer ferme le clapet à bon nombre de ses détracteurs, qui lui reprochaient de ne pas se réinventer. On pourra bien sûr citer l’influence de Philip Glass (dont je ne citerais pas le film qui a fait connaître son OST parce que c’est trop long et chiant à écrire), mais force est de constater que Zimmer réussit un tour de force musical, que l’on n’entend plus beaucoup aujourd’hui.

J’ai l’impression d’en avoir trop dit, et rien dit en même temps. Mais vous en avez bien assez pour comprendre à quel point je pense qu’Interstellar est un film grandiose, aux enjeux dramatiques puissant, à la réalisation qui se veut certes académique mais qui impressionne bien plus que la plupart des productions actuelles, au scénario bien plus profond et abouti qu’il n’y parait (même si je n’ai effleuré que la surface dans cette critique) et à la musique absolument exceptionnelle. Un film qui, même en vous donnant les clés, reste émouvant et fort. Tout est réuni dans Interstellar pour en faire un chef d’œuvre, et c’est bel et bien le cas….

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