Premier long-métrage de la réalisatrice Agathe Riedinger, et présenté en compétition à Cannes cette année, Diamant Brut nous conte l’histoire de Liane, 19 ans, obsédée par l’idée d’être aimée et reconnue, qui va tout mettre en œuvre pour participer à une émission de télé-réalité.
un Cri du Cœur
Il y a des rôles qui nous marquent, et des rôles qui nous transpercent. C’est cette deuxième impression que laisse Malou Khebizi, l’actrice principale du long-métrage, qui livre une performance d’une justesse impressionnante, et qui crève tout simplement l’écran. Son interprétation est d’autant plus mémorable qu’elle est sa première expérience au cinéma, lui valant une nomination aux Césars 2025 dans la catégorie « Révélation ».
Diamant Brut touche en plein cœur par les thématiques qu’il aborde, notamment le besoin de plaire, l’hypersexualisation et l’obsession du paraître chez les femmes, en particulier les jeunes femmes, au sein d’une société leur exigeant de n’être que des objets de désir et non pas des êtres humains en tant que tels.
En parallèle le film touche aussi aux thématiques de la famille, et ici la famille dysfonctionnelle, dont un des parents brille par son absence et l’autre par son détachement envers ses enfants. La thématique de la foi est également énormément mise en avant, témoignant du besoin des personnages de se rattacher à quelque chose de plus grand, car n’ayant rien pour les aider dans le monde réel.
quête d’identité
La réalisatrice le dit elle-même : son film a pour but de dénoncer le mépris des classes, l’hypersexualisation de la femme, la culture du viol, ainsi que les valeurs ultra conservatrices et consuméristes.
C’est avec brio qu’Agathe Riedinger parvient à mettre en scène ces thématiques et à les décortiquer, au travers d’un personnage touchant et parfois un brin agaçant, révélateur des clichés et de la pression constamment mise sur les épaules des femmes au travers d’une société patriarcale.
Liane représente en effet ce que beaucoup de jeunes femmes de classes sociales modestes recherchent, c’est-à-dire la reconnaissance et l’admiration d’autrui au travers d’un besoin excessif de plaire, d’être reconnue et célèbre. En effet, la célébrité est vue ici comme un échappatoire, une manière de fuir son sort et d’espérer un avenir meilleur. Exister ne peut ici se faire qu’au travers du regard des autres, un regard synonyme d’admiration, mais aussi de liberté.
Un personnage profondément seul
Les thématiques sont amenées authentiquement, tout comme la mise en scène et le format du long-métrage. En effet, Agathe Riedinger filme son personnage au plus près, au plus proche de son intimité. Les décors du film témoignent aussi très justement de la solitude et de la situation de Liane. Beaucoup de scènes sont tournées dans des lieux qui semblent déserts, mis de côté par la société. La réalisatrice utilise avec beaucoup de justesse des lieux oubliés aux alentours de Fréjus, afin d’imager le sentiment de solitude et d’abandon que peut ressentir le personnage de Liane.
Finalement, Agathe Riedinger a su gérer le malaise à l’écran, en montrant toujours assez sans tomber dans le voyeurisme et le mauvais goût. La caméra se coupe toujours à temps, ne laissant jamais la place au drame à proprement parler. Toutes les thématiques sensibles se déroulent en arrière-plan, jamais montrées frontalement mais toujours sous-entendues, les rendant d’autant plus puissantes.
Diamant Brut est un vrai petit bijou du cinéma, traitant de sujets importants et sensibles, portés à l’écran par une actrice talentueuse.
À découvrir au cinéma dès ce mercredi 20 novembre.
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