Une chose est certaine, c’est le film qu’il ne faudra pas louper en 2023 ! Si avec ses précédents films il était beaucoup plus neutre, Damien Chazelle fait preuve d’un relâchement des plus surprenants tout en gardant dans un coin le côté jazzy présent depuis Whiplash, Babylon est une proposition éruptive et complètement folle de 3 h 10 et en parallèle une déclaration d’amour à plusieurs décennies de cinéma.

Muni d’un trio d’acteurs exceptionnels (Brad Pitt, Margot Robbie, Diego Calva), Chazelle ouvre le bal en 1920 lors d’une soirée dansante bien arrosée et lâche les wagons dans ce déluge d’invités surexcités en pleine débauche. Toute l’ouverture est d’une frénésie qui ne s’arrête jamais et produit la rencontre de Nellie LaRoy (Robbie), une future star autoproclamée victime d’un coup de chance, et Manny Torres (Calva) un invité de dernière minute propulsé aux côtés de Jack Conrad (Pitt) un acteur et Don Juan acclamé. Ces trois protagonistes seront les acteurs d’une véritable révolution hollywoodienne.

ONCE UPON A TIME IN HOLLYWOOD BIS ?

Damien Chazelle n’est pas le premier à faire son film « hollywoodien », Tarantino bien sûr muni de toutes les références qui l’avaient jadis bercé dans Once Upon A Time In Hollywood où il traitait des années 70 (avec bien plus de retenue cela dit), rappelons nous la série Hollywood de Ryan Murphy qui nous plongeait dans le tremplin du rêve américain avec le même trash dont fait preuve Chazelle. Babylon peut être envisagé comme une alternative au neuvième long-métrage de l’auteur de Pulp Fiction, rien que les personnages de Robbie et Pitt sont significatives. Les deux jouent les opposés des personnages qu’ils incarnaient dans ce dernier comme si Nellie LaRoy était une version bien plus exaltée de Sharon Tate, et Jack Conrad l’acteur que Cliff Both n’a jamais pu être, et si justement Calva prenait la place de Both en tant qu’assistant ? Hypothétique, bien sûr, mais ne pas voir les similitudes et les résonnances entre les deux est impossible, et d’une certaine manière Babylon est une réponse au film de Tarantino, et un frère moins musical de La La Land son second film..

©️ 2022 Paramount Pictures. All Rights Reserved.

ET SI CHAZELLE DRESSAIT LE VÉRITABLE PORTRAIT DE CE QU’EST VRAIMENT HOLLYWOOD ?

Une industrie à l’excès sans limites avec des tournages interminables, qui s’enchaînent, des acteurs au cœur des plus gros scandales, des étoiles montantes, toujours un peu plus de festivités, et au milieu de tout ça des jeunes pleins d’espoirs qui plongent la tête la première dans cette tournante en constante activité, c’est cette vision que Chazelle construit formidablement bien à travers le regard de Manuel. Mais il dépeint aussi le rêve américain, dans un premier temps de manière complètement idéaliste avec Nellie et Manuel qui vont gravir les échelons comme ils se l’étaient dit au début, puis sur un ton plus radical mais réaliste où tout le monde s’effondre parce que Hollywood c’est ça. On se croirait presque dans Le Loup de Wall Street de Scorsese qui était sur un rythme tout aussi effréné , mais dans l’univers de la finance.

MARGOT ROBBIE UNE STAR DE L’ANCIEN HOLLYWOOD

Si Babylon est un délire débordant d’énergie à nous faire tourner la tête, il doit surtout à la performance de Margot Robbie qui se donne à des numéros déchaînés dans toutes ses scènes (on ne retiendra pas ses éclats de rire dans une séquence où elle vomit à jets). Et quand elle n’apparaît pas le rythme redescend aussitôt, pour repartir à toute vitesse quelques minutes plus tard. Elle incarne précisément la face noire d’Hollywood, entre exhibition, alcool, drogue, narcissisme, folie à tous les niveaux et désillusions, Robbie donne vie à l’archétype de la star de ces années là. Après tout en incarnant Sharon Tate elle incarnait déjà une iconique de l’ancien Hollywood. Ici, elle vole même la vedette à Brad Pitt qui ne trouve pas ici son plus grand rôle. Son personnage est amusant et il rappelle des acteurs importants anciens comme actuels, sans vraiment dominer. On a connu Pitt plus imposant, heureusement il lui reste l’humour pour envoyer quelques bonnes répliques. Même son rôle dans Bullet Train sorti l’été dernier était plus marquant, et Cliff Both plus charismatique encore.

Et si Margot Robbie trouvait dans Babylon son plus grand rôle. / ©️ 2022 Paramount Pictures. All Rights Reserved.

DAMIEN CHAZELLE UN AMOUREUX DU CINÉMA

Damien Chazelle aime le cinéma autant que nous, et il a envie de nous montrer son côté cinéphile. C’est ainsi que nous visitons les studios, les séquences de « faux tournages » sont parmi les meilleures et les plus passionnantes. Une vraie déclaration d’amour aux plateaux de cinéma où sont nés les plus grands classiques de l’Histoire, et si Babylon était d’ailleurs amené à devenir un classique des temps modernes, un peu comme le chef d’œuvre La La Land qui était déjà un hommage au cinéma, aujourd’hui considéré comme un classique.

BABYLON TOUT SIMPLEMENT MAGIQUE

Babylon parle de cinéma et des acteurs qui le font vivre, d’Hollywood, d’un cinéma en pleine mutation, en pleine transformation du muet au parlant avec une énergie dingue qui essouffle avec un plaisir monstre. Damien Chazelle met encore un cap au-dessus après trois films très réussis en gardant un œil sur un élément omniprésent depuis ses débuts, le jazz. Babylon est discrètement jazzy, et complètement relâché. Les dernières minutes montrent ce qu’est le 7ème art, ce qu’il représente pour le monde et combien il peut être puissant rien qu’avec un regard ému et contemplatif. Peut-être même un hommage de Chazelle à Cinéma Paradiso. Voilà tout simplement le cinéma dans ce qu’il y a de plus grand et frénétique.

Le film sortira en salles le 18 Janvier prochain.

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