Ce mardi 23 mai, le réalisateur Wes Anderson présentait son nouveau long métrage, Asteroid City en compétition. Avec un casting 5 étoiles, le Festival de Cannes s’est offert un tapis rouge royal, sans doute le plus remarqué de cette 76ème édition.

18h30. La foule est aux aguets. Au loin, un cortège policier surgit derrières les palmiers, bientôt suivi…d’un autobus. Même au milieu des paillettes et des hôtels de luxe, Wes Anderson reste fidèle à sa réputation. Son esprit d’équipe familial guide en effet chacun de ses tournages, où le Texan abolit la frontière entre travail et vie privée. La limousine ? Très peu pour le cinéaste américain. Il opte plutôt pour un bus ordinaire afin d’acheminer tout ce beau monde sur la Croisette. Deux ans après The French Dispatch, le chauffeur verse sur la Croisette sans trêve ni repos, parmi les plus belles étoiles d’Hollywood. Entre Tom Hanks, Scarlett Johansson, Steve Carrell, Rupert Friend, Adrien Brody, Maya Hawke, ou encore Bryan Cranston, Wes Anderson a déclenché là une montée des marches remarquée de tous pour son nouveau long-métrage, Asteroid City.

Pour la troisième fois en compétition, il était attendu au tournant après un précédent long-métrage clivant. Malgré un casting tout aussi majestueux, The French Dispatch représentait pour certains l’érosion d’un cinéaste immobilisé par ses propres exercices de style. Qu’en est-il de Asteroid City ?

Scarlett Johansson dans le rôle de l'actrice mélancolique Midge Campbell, dans Asteroide City de Wes Anderson. © Focus Features
Scarlett Johansson dans le rôle de l'actrice mélancolique Midge Campbell, dans Asteroid City de Wes Anderson. © Focus Features

une ruée vers l'ouest tout en pastel

Dans les années 50, se trouve une minuscule ville marquée par le sol aride du désert du Nevada. Caractérisée par son cratère de météorite et son observatoire astronomique, Asteroid City accueille militaires, scientifiques et parents lors d’un week-end de 1955. Dans le cadre de la convention Junior Stargazer, tout le pays se réunit pour découvrir les inventions prodigieuses d’enfants surdoués. Au beau milieu d’une idylle naissante entre Augie Steenbeck (Jason Schwartzman) et Midge Campbell (Scarlett Johansson), des extra-terrestres pimentent l’événement.

L’aspect sophistiqué des décors et des comportements qu’on pourrait attribuer à l’obsession du cinéaste pour l’esthétisme n’est pas vraiment accessoire. En réalité, les scènes dans le désert s’inscrivent dans une pièce de théâtre, relatée par nul autre que Bryan Cranston. Le récit se segmente donc entre une ruée vers l’Ouest qui flirte avec la science-fiction, rappelant Rencontre du Troisième Type de Steven Spielberg. Puis, Wes Anderson rappelle ce cadre de pièce de théâtre à travers une transition des couleurs pastels à un noir et blanc mélancolique déployant séisme émotionnel et processus créatif. Cette richesse esthétique offre au spectateur une multitude de détails, lequel aura sans doute besoin d’un second visionnage pour se faire sa propre interprétation. 

Lecture sociale de la crise sanitaire, rappel de l’intense paranoïa américaine liée à la guerre froide et l’atome, quête de sens et récit sur le deuil…Wes Anderson brasse ici des thématiques extrinsèques à son cinéma, tout en restant fidèle à celles qui l’ont édifié.

Auteur/Autrice

Partager l'article :