Ce dimanche 19 mai, l’équipe PelliCulte sur place au Festival de Cannes se complète pour une couverture d’autant plus riche ! Récit du premier jour de notre rédacteur Mattéo, entre soucis techniques, et Miyazaki…

C’est reparti pour un tour. Le troisième. On revient, comme tout le monde, pour connaître « la suite » du cinéma. Logements et billets trouvés en mars, révélation de la sélection officielle en avril…de fil en aiguille, notre passage au Festival de Cannes se préparait. Cinq jours après la cérémonie d’ouverture, l’équipe PelliCulte sur place se complète. Le 19 mai constitue alors la première journée ponctuée de projections pour notre rédacteur Mattéo, qui vous offrira un compte rendu de sa journée sur la Croisette pendant une semaine. Une fois installé, la précieuse accréditation récupérée, direction le Théâtre Licorne, la salle réservée aux accrédités cinéphiles. À 16h30, cette salle assez rudimentaire projette Caught by the Tides réalisé par le chinois Jia Zhang-ke, en compétition. On s’y rend un peu en avance, ce qui nous vaut une place idéale, face au centre de l’écran. Quelques minutes plus tard, le fameux jingle du Festival de Cannes, le Carnaval des Animaux de Saint-Saëns, annonce le début de la séance, sous les applaudissements habituels du public. Pas de doute, on est bien de retour. 

halte au THÉÂTRE LICORNE

Ainsi, Caught by the Tides nous propose de suivre trois temporalités différentes de la relation Qiao Qiao et Guao Bin, les protagonistes. Ce dernier a quitté Qiao Qiao en 2001, après lui avoir fait part de son envie de prendre le large. En 2006, Qiao Qiao part ainsi à sa recherche, hantée par cet épisode douloureux. Le film vient ensuite mêler cette quête amoureuse à l’évolution économique, politique, sociale et technologique en Chine. Une évolution qui se fait tout en musique, omniprésente, agissant toujours comme marqueur d’une certaine époque. Ainsi, lorsque l’on se trouve en 2001, Butterfly de Smile est joué encore et encore. Pour appuyer le réalisme de son film, Zhang-te a choisi de marier très subtilement images de fiction et images documentaires. Paraît-il que le cinéaste y aurait même incorporé des scènes tirées de ses précédents films, comme s’il avait pour ambition de revisiter son œuvre. On ne saurait nous avancer davantage, mais il s’agissait là d’une superbe entrée en matière dans le cinéma de Zhang-ke. 

De fait, le film propose un travail très intelligent sur le montage, permettant à cette histoire d’amour de s’ancrer un peu plus dans son époque, que l’on constate ultra dynamique et changeante. Le tout est dévoilé avec un travail délicat sur la mise en scène et de la photographie. En dévoilant des personnages secondaires, Zhang-ke se permet des à-côtés qui ouvrent à un meilleur développement des personnages principaux, notamment Bin. De son côté, solitaire et mutique, quoique Qiao Qiao n’a droit à aucun dialogue, son charisme préservé à l’écran laisse entrevoir un prix d’interprétation féminine. Bref, on l’a dit, pas de conclusion hâtive, mais il en reste que Caught by The Tides a représenté une magnifique entrée cannoise pour Mattéo. 

Une anecdote avant que l’on passe à autre chose ? Si la séance commençait bien, dans un climat familier, l’apparition d’une anomalie à l’écran a perturbé la projection. C’est dommage…on était déjà happés par le film. Heureusement, en cinq minutes le problème était réglé. 

théâtre licorne
Le Théâtre Licorne, salle de cinéma réservée aux accrédités cinéphiles

accueil du studio Ghibli

Après la séance, on fait halte à l’appartement avant de repartir vers le Palais des Festivals pour envisager une découverte sur la plage Macé avec Indigènes de Rachid Bouchareb. Sur la Croisette, ça grouille : enfants, familles, cinéphiles, journalistes, hommes en smoking, femmes en talons aiguilles…la fameuse effervescence du Festival de Cannes est à son comble. Soudain, on se souvient avoir déjà réservé une séance, et pas des moindres…En effet, il s’agit du documentaire Hayao Miyazaki and the Heron. Il n’était pas question de rater cela, d’autant que sécher cette projection représente un risque de recevoir dès le premier jour un avertissement pour « no-show« . Alors on boude le cinéma de la plage pour découvrir une nouvelle production du Studio Ghibli, qui recevra une Palme d’honneur ce lundi. 

Dans Hayao Miyazaki and the Heron, le réalisateur Kaku Arakawa, à qui l’on doit déjà 10 Years with Miyazaki, revient sur les années consacrées à la création du film Le Garçon et le Héron, sorti fin 2023. Trigger warning…celui-ci nous informe, gêné, que l’on y découvrira Miyazaki et Suzuki « nus » ! Et Arakawa a eu raison de prévenir au vu de la première image du film. Une première scène drôle pour un sublime documentaire : l’œuvre met en lumière les difficultés rencontrées dans la création du dernier Miyazaki. Pour cela, il remonte à rebours en 2016, avec l’imagination du projet, jusqu’à sa sortie japonaise en juillet dernier, dévoilant Miyazaki dans son humanité, jusqu’à ses contradictions.

Tantôt gentil vieux monsieur qui donne des bonbons aux enfants d’une école, tantôt dessinateur perfectionniste, tantôt vieil homme en proie à quelques troubles de la mémoire. C’est ainsi que nous suivons Miyazaki à travers cette oeuvre à la photographie aux couleurs criardes et surexposées. Cela contribue efficacement à donner un certain contrepoint visuel à ce voyage personnel, fait de doutes, de constants retours en arrière, appuyé par un montage dynamique, jalonné par des extraits de film du Studio Ghibli. 

Après un standing ovation et un mot de la part de Arakawa, il est temps de mettre un point final à une première journée déjà riche en émotions, la chanson de Kenshi Yonezu, Spinning Globe, en tête. À demain !

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