Il fallait bien clôturer 2022 avec quelques frissons, si on peut considérer M3gan comme un film d’horreur. Cette nouvelle production des studios Blumhouse (spécialisés dans les films d’horreurs à petits budgets : Halloween, American Nightmare, Sinister) et d’Atomic Monster (la société de James Wan, ici donc producteur) aurait pu se révéler comme une sorte de Chucky modernisé avec tout l’aspect technologique qui va avec. Et même si on en retient de bonnes choses, M3gan s’oublie trop rapidement parce qu’il se conclut trop facilement.
À la réalisation, Gerard Johnstone, seulement connu pour le bon mais convenu film de maison hantée/slasher Housebound sorti en 2014. Johnstone revient donc avec cette poupée artificielle conçue de toute main et programmée pour être l’amie de l’humain, avec quelques facultés en plus. Ce n’est pas la première fois que Blumhouse traite de la technologie et de ses mauvais côtés. Tout d’abord en revisitant le mythe de l’homme invisible avec l’excellent Invisible Man réalisé par Leigh Whannell, sorti en 2020. Avant ça, du même réalisateur, l’intelligence artificielle qui multiplie les capacités du corps humain avec Upgrade en 2018.
M3gan est comme une rencontre entre la poupée Chucky et l’orpheline tueuse Esther (issue du film de 2009).
D’ailleurs, la façon dont Johnstone fait agir sa poupée à l’écran rappelle la mise en scène de Esther (de même pour la trame narrative, par moments). On voit donc assez vite où le réalisateur est allé chercher son inspiration. Mais tout cela veut-il dire que M3gan est réussi ?
Ce n’est clairement pas la meilleure production des studios Blumhouse, mais il y a de bonnes choses à retenir : le traitement du deuil, la relation qui s’installe entre la jeune Cady et M3gan, le rapport à la création et à l’évolution des jouets. Tout cela n’est pas inintéressant et c’est ce qui fait que la première partie est la plus pertinente. Malheureusement, la seconde dérive vers de l’horreur slasher stupide. Elle ose quelques mauvais jumpscares ou autres artifices du genre qui auraient tant pu être évités. Le tout pour aller vers un climax prévisible qui ressemble à tout ce qui a déjà été fait et vu.
M3gan aurait pu être un film original, mais ne l’est pas. Ça reste une énième production Blumhouse qui a tout de même du bon. Elle va chercher ce qui s’est fait de mieux par le passé, mais on ne peut pas en dire autant de ce qui en découle. Même Braham, la poupée de cire de William Brent Bell, avait fait beaucoup mieux que ça dans le film de The Boy (film classique, mais bien meilleur passé très inaperçu autant que sa suite). Et on regrette déjà Annabelle, la création de James Wan qui fait toujours autant frissonner au sein de l’univers Conjuring.
Hélas, M3gan sera sans doute parmi les pires références dans la catégorie « poupées maléfiques » et elle restera dans cette position jusqu’à la prochaine fois. Quoiqu’il est peut-être préférable de simplement laisser reposer cette catégorie en paix…
Le film est disponible en salles.
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