? Réalisatrice : Aya Koretzky

? Casting : Aya Koretzky, Jiro Koretzky, Atsushi Sugita

? Genre : Documentaire

? Pays : Portugal

? Sortie : 20 Octobre 2018

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Synopsis : À l’âge de 30 ans, Jiro entamait un long périple d’un an à travers l’URSS, l’Afrique du Nord, l’Europe et les États-Unis. Près d’un demi-siècle plus tard, sa fille parcourt son journal de voyage afin de comprendre comment ses aventures ont pu modeler sa vision du monde moderne.

Disponible sur MUBI depuis plus d’une semaine, Around the World When You Where My Age s’avère être une véritable pépite dans la programmation que le service propose. Pour son 1er long-métrage et son 4ème projet, la jeune Aya Koretzky propose une oeuvre très familiale. Âgée de 37 ans, la réalisatrice, malgré une courte filmographie, démontre une maîtrise totale de son art. Née au Japon mais ayant grandi à Lisbonne, Aya Koretzky a passé sa jeunesse à étudier les arts, en particulier le cinéma. Son parcours est exemplaire. De 2001 à 2006, elle étudie la peinture à l’Université des Beaux-Arts de Lisbonne. En 2010/2011 elle entame un master en Cinéma au Lycée de Théâtre et Cinéma, toujours à Lisbonne. Puis en 2011, elle décide de faire un master 2 en Cinéma à Paris 3 Sorbonne Nouvelle. Sa vie alterne désormais entre Lisbonne et Paris. Le cinéma est donc une discipline dont elle a une maîtrise totale. Cela se ressent à travers Around the World When You Were My Age.

Aya Koretzky partage le récit de son père, Jiro Koretzky. En effet le jeune japonais décide, à 30 ans, de partir en voyage à travers l’Europe. Le 22 août 1970, le voyage commence et Jiro ne reviendra que l’année prochaine. La Russie est le premier arrêt du jeune japonais. Ce dernier débute son voyage par les grandes capitales de l’est pour ensuite redescendre au fur et à mesure jusqu’aux pays maghrébins. Le documentaire est rythmé par les nombreuses photos que Jiro a effectué durant son voyage. Les photos sont partagées à l’écran et les scènes de « cinéma pur » sont rares. Ce sont seulement celles ou l’on voit un Jiro affaibli par la vie mais qui ne cesse de s’occuper de son jardin. Le contraste est poétique. Comment peut-on passer d’une vie aussi tumultueuse que la sienne pour ensuite finir sa vie dans un jardin aussi calme et paisible qu’une rivière ? La mise en scène est très théâtrale. La photographie est travaillée, les plans précis. Aya Koretzky n’oublie aucun détail. L’influence de la peinture dans ses plans est incontestable. Les bruitages adaptées aux photos permettent au spectateur de faire vivre la scène capturée. Ainsi l’imagination et la créativité sont les bienvenues. Chaque spectateur a une version différente du voyage. L’hétérogénéité possible du récit est à souligner. C’est la force d’‘Around The World When You Where My Age.

Copyright Aya Koretzky.
Stockholm (1970)

« Les villes récentes sont belles, et bien conçues, spacieuses et confortables, mais on y ressent comme une absence de chaleur humaine. »

Jiro Koretzky

Sur chaque ville et pays que le jeune japonais traverse, il émet un avis et compare les modes de vies européens à ceux du Japon. Les différences de cultures sont bien évidemment présentes mais l’avis d’un asiatique est d’une richesse incomparable. Dans un monde en pleine modernisation dans les années 70, le regard extérieur est intéressant. D’autant plus que Jiro, qui narre son voyage, n’hésite pas à aborder l’histoire de chaque nation pour émettre une critique, ou pas, de la politique d’un pays. L’oeuvre dévoile son aspect pédagogique d’une sincérité tout a fait charmante. Au fur et à mesure que le documentaire progresse, c’est à Jiro que le spectateur s’attache. L’évocation de ses souvenirs et des photos sur l’écran est une véritable plongée dans l’âme de cet homme. Ses moindres sentiments, pensées, il les décrit. Le génie d’Aya Koretzky, c’est d’avoir réalisé un film qui est en réalité un livre. L’aspect romanesque et l’absence de « cinéma pur » sont tout a fait inédits et novateurs dans le cinéma proposé ces dernières années. Le film a participé à de nombreux festivals en 2019. Il a attiré l’attention et ce n’est que justice.

Copyright Aya Koretzky.
Maroc
Copyright Aya Koretzky.
Maroc

« Des enfants de 12 ou 13 ans viennent vendre leur marchandise dans un anglais très correct. Voir de jeunes adolescents ainsi préoccupés par leur subsistance est déroutant. Je pense au Japon et à ses enfants gâtés, coupés du monde par leurs jeux et consumés par l’ennui. »

Jiro Koretzky
Copyright Aya Koretzky.
Jardin de Jiro Koretzky (2018)

Note :

Note : 8 sur 10.

8/10

On pourrait croire qu’au vu de sa courte filmographie, Aya Koretzky manque d’expérience dans le cinéma. Cette oeuvre est un véritable coup de massue pour ses détracteurs. Une oeuvre familiale, personnelle mais qui n’en est pas moins universelle en abordant des thèmes communs : les cultures, les traditions, les moeurs, les modes de vies. A travers le regard et la pensée d’un seul homme, c’est une partie du monde qui défile sous les yeux du spectateur. L’honnêteté, la sincérité, tout les éléments sont rassemblés afin de rendre ce documentaire touchant. Pari réussi.


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