Nous aimons le cinéma pour sa qualité de divertissement simple. Mais n’oublions pas un autre genre de cinéma : celui qui fait fi du politiquement correct en poussant le spectateur à explorer des terrains glissants (auxquels il prendra peut-être goût ?). Des films qui abordent des sujets tabous menant à des débats houleux ou qui montrent une certaine forme de violence chez l’homme. Dans tous les cas, qui nous laissent pantois après séance et peuvent nous faire remettre en question certaines de nos croyances.

C’est ce que l’on surnomme des films coup de poing et ce sont trois excellentes œuvres de ce genre que nous vous proposons de découvrir ici !

Bad Luck Banging or Loony Porn (Radu Jude, 2021)

Affiche de Bad Luck Banging or Loony Porn (Radu Jude, 2021)

Synopsis : Emi, une enseignante, voit sa carrière et sa réputation menacées après la diffusion sur Internet d’une sextape tournée avec son mari. Forcée de rencontrer les parents d’élèves qui exigent son renvoi, Emi refuse de céder à leur pression, et questionne alors la place de l’obscénité dans nos sociétés.

Commençons avec le film le plus récent du top et dont l’affiche grinçante nous dévoile déjà l’une de ses thématiques.

Le roumain Radu Jude nous propose ici une œuvre ultra caustique en trois parties lauréate de la plus haute distinction à la Berlinale, l’Ours d’Or. Entre comédie noire, essai et film expérimental, Jude dresse un constat glaçant de son pays, mais aussi de nos sociétés occidentales.

Bad Luck Banging or Loony Porn (Radu Jude, 2021)

Bad Luck Banging vient dénoncer frontalement l’hypocrisie et le double standard qu’ont nos sociétés envers ce qu’elles considèrent comme obscène. Si le film parle avant tout de notre rapport au sexe et à la pornographie, il aborde également bien d’autres thématiques très actuelles. Durant les deux premières parties sont notamment abordées les séquelles de la dictature communiste de la Roumanie par Ceausescu, la guerre, la société de consommation… le tout avec beaucoup d’humour noir, cynique et pince-sans-rire !

Mais le film vaut surtout pour sa troisième partie, le jugement de Emi. Une farce caricaturale montrant l’enseignante débattre avec les parents d’élèves scandalisés. Drôle et survoltée, la folie de cette farce va crescendo jusqu’à un final absolument jubilatoire !

Qui plus est, cette œuvre fut tournée en pleine pandémie de Coronavirus. Nous voyons ainsi Emi et tous les autres personnages interagir masqués, ce qui renforce le caractère actuel de l’œuvre.

Bad Luck Banging or Loony Porn (Radu Jude, 2021)

En somme, un film furieux mais aussi rafraîchissant que vous pouvez d’ailleurs découvrir dès aujourd’hui en DVD !

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Salò ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975)

Affiche de Salo ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975)

Synopsis : Au temps de la république fasciste de Salò, dans un grand château italien, les détenteurs du pouvoir s’acharnent sur un groupe de jeunes gens soumis à une série de sévices de plus en plus humiliants…

Continuons avec un film culte ; le tout dernier film du légendaire réalisateur italien Pier Paolo Pasolini.

Pasolini adapte un roman du marquis de Sade et le transpose au XXème siècle. Plus précisément, dans la république fasciste de Salò durant la Seconde Guerre Mondiale. Avec ce film, le réalisateur italien avoue avoir voulu dénoncer la société de consommation qui pousse à la déshumanisation. Pour mieux la dénoncer, Pasolini choque en dévoilant des jeunes personnes que l’on prive de toute humanité et soumises à diverses tortures par des notables intellectuels détenteurs du pouvoir. Dans cet immense château dévoilé dans des cadres symétriques qui évoquent l’ordre, la révolte et l’amour sont absolument interdits…

Salo ou les 120 Journées de Sodome (Pier Paolo Pasolini, 1975)

Un grand film. Cruel, malsain, désespérant et formellement interdit aux âmes sensibles, mais qui possède en sous-texte un discours profondément humaniste.

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Réveil dans la terreur (Ted Kotcheff, 1971)

Affiche de Réveil dans la Terreur (Ted Kotcheff, 1971)

Synopsis : John Grant, un jeune instituteur, fait escale dans une petite ville minière de Bundayabba avant de partir en vacances à Sydney. Le soir, il joue son argent et se soûle. Ce qui devait être l’affaire d’une nuit s’étend sur plusieurs jours…

Terminons cette liste de films coup de poing avec un film australien resté longtemps perdu jusqu’à sa ressortie, entièrement restauré, en 2009.

Le réalisateur de Rambo, Ted Kotcheff, nous propose ici une descente aux enfers absolument troublante. Un professeur des écoles est amené à redécouvrir la sauvagerie de l’homme, sous la chaleur accablante du désert australien. Nous accompagnons le protagoniste John (merveilleusement campé par Gary Bond) dans sa rencontre avec plusieurs hommes dans un petit village.

Il découvrira notamment la philosophie d’un certain Doc (joué par Donald Pleasence) qui l’invite à gratter sous la surface polie de l’homme civilisé. Et à l’embarquer avec ses amis dans une folle nuit de déchéance…

Réveil dans la Terreur (Ted Kotcheff, 1971)

La réalisation de Ted Kotcheff réussit à être génialement malsaine. Cela grâce à une interprétation absolument sans faute des acteurs et à un excellent montage. Mais aussi grâce à un scénario parfaitement huilé, dévoilant le cours des événements sans précipitation ni lenteur. Tout cela participe à créer une ambiance cauchemardesque de plus en plus pesante chez le spectateur…

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Ainsi, Réveil dans la terreur conclut cette liste de films coup de poing. Des films pour un public averti et qui vont certainement vous travailler. Pour leurs thématiques, leur réalisation… mais dans tous les cas, pour leur audace.

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