Au cinéma ce mercredi, le film Vincent doit Mourir a été présenté à la Semaine de la Critique au dernier Festival de Cannes. Dans un long-métrage mêlant paranoïa et ambiance pré-apocalyptique, Stephan Castang détruit physiquement et psychologiquement Vincent (Karim Leklou) en utilisant les codes de l’humour, de l’horreur et du gore.
Vincent mène une vie stable et conventionnelle. Du jour au lendemain, il est victime d’agressions à répétition sans raison. Il est alors obligé de fuir et de trouver un moyen de se sortir de ce mal qui le (pour)suit.
Un It Follows à la sauce française
Vincent doit mourir se présente comme le It Follows, de David Robert Mitchell, à la française. La mort, ombre planante, traque le personnage principal. Jamais en sécurité, Vincent, comme Jay, réalise son possible pour survivre face à une mort qui parait inévitable au regard du film. Dans une ambiance angoissante qui monte crescendo, le spectateur est placé dans la même incompréhension que le protagoniste. Mais cette incompréhension est vite dissipée par le rythme et l’essence du film. Karim Leklou interprète un homme qui cherche à comprendre dans un premier temps et à survivre dans un second. Au scénario assez simple mais qui se suffit à lui-même, Vincent doit mourir ne peut faire jeu égal avec son équivalent américain.
De la paranoïa à la réalité
La vie de Vincent bascule du jour au lendemain. Sa réalité oscille entre démences paranoïaques et cauchemars plus que réels. Les premières agressions dont il est victime le mène sur le bureau de l’accusé, du coupable. Il doit presque se défendre d’être la victime de l’histoire. La réalité prend alors le dessus sur l’ensemble lorsque Vincent prend la fuite, lors de sa « mise au vert ». Tout semble volontairement plus noir avec quelques éclaircies dues à l’arrivée de Margaux (Vimala Pons). Le regard qui tue, le « eye contact » qui est la source de l’agression devient aussi insoutenable pour Vincent que pour l’audience. Seule la fuite semble possible, les codes de l’horreur sont habilement maitrisés. À tout cela se mêlent des scènes comiques par le ridicule et l’incompréhension de certaines séquences. Le film joue sur la paranoïa et la réalité dans la vie de Vincent et sur le comique et le sérieux des situations.
La violence comme maladie
Le film traite de violence mais également d’isolement. L’isolement vient comme une suite à la violence. Trop citadin pour vivre en autarcie, Vincent préfère donc s’isoler en conservant quelques contacts vitaux. La violence elle, est traitée comme une maladie. La société devient de plus en plus violente au cours du film. Peut-être que toute cette violence n’est d’ailleurs pas entièrement liée à « l’épidémie » en question ? Ne serait-elle pas juste le reflet de la violence grandissante ? L’isolement et la violence sont durs à contenir pour Vincent. Margaux et Sultan, le chien, viennent comme un remède. Le gore apparait par parcimonie et prend du sens au sein de l’histoire dans l’ascension d’une violence généralisée. Malgré une trame aussi folle que drôle, quelques longueurs ressortent et se font sentir au cours du film. Karim Leklou balaye le tout grâce à un jeu et des mimiques qui alimentent toute sa palette d’acteur.
Vincent doit mourir se présente comme un objet cinématographique aux quelques défauts mais néanmoins assez rare et plus que plaisant à regarder.
En salles depuis le 15 novembre.
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