Al Pacino est un des acteurs les plus estimés de tous les temps. Souvent comparé à Robert de Niro (ou opposé, c’est selon), il a souvent été célébré pour son talent d’acteur remarquable et a travaillé avec les plus grands, de Coppola à De Palma en passant par Lumet ou Friedkin. Couronné une seule fois Oscar du meilleur acteur (pour Le temps d’un week-end en 1993) malgré de nombreuses nominations, reste que c’est un acteur aux multiples facettes et au talent irrémédiable, ce que nous allons tenter de vous montrer au travers d’un top 5, subjectif bien sûr, de ses meilleurs rôles.

Mentions spéciales : Insomnia, L’Epouvantail, L’Impasse, L’Associé du diable, Cruising, Le Parrain

N°5 : Tony Montana dans Scarface

scarface

L’une des plus grandes qualités d’acteur d’Al Pacino à mon sens est d’arriver à incarner des personnages totalement différents, aux caractères totalement opposés, avec une justesse et une conviction épatantes. Le meilleur exemple pour moi, ce sont les personnages de Michael Corleone et de Tony Montana. L’un se donne un côté taiseux, noble, et l’autre est beaucoup plus extraverti, loquace. Et les performances sont tout aussi excellentes l’une que l’autre (mais ne divaguons pas trop, on revient à Corleone dans pas longtemps…). Pour tout dire, j’ai rarement vu un acteur qui disparaissait autant derrière son rôle, que Al Pacino derrière Tony Montana. Je ne vois plus Pacino à l’écran, je vois cet immigré cubain qui tente de faire fortune, avec des méthodes pas toujours acceptables. Pacino prouve ici qu’il peut jouer des rôles beaucoup plus extravertis et hauts en couleurs, se rapprochant ici beaucoup plus de ce que peut faire un De Niro, dans toute cette épaisseur du personnage, dans tout le charisme que son talent lui permet de dégager. Clairement une des performances les plus inoubliables de ma cinéphilie, et si le film ne m’est pas resté en tête outre mesure, ça a été le cas pour Pacino.

 

N°4 : Sonny Wortzik dans Un après-midi de chien

chien

Sidney Lumet a ça de génial que ses films, et plus particulièrement ses dialogues, permettent de magnifier le talent des acteurs qui les jouent lorsque ceux-ci sont brillamment inspirés. Ca avait déjà été le cas pour Marlon Brando dans L’homme à la peau de serpent comme je l’ai évoqué dans l’article consacré, et c’est également le cas pour Al Pacino dans ce rôle de braqueur de banque plutôt maladroit. Pacino, dans le rôle de Sonny Worztik, abat un travail phénoménal : d’inadapté social, il passe en quelques heures à un homme avec beaucoup plus d’assurance, tenant tête aux gendarmes et ayant parfaitement compris les rouages des médias. Pacino, ici intense et halluciné, adopte un rôle à contre-courant (sorti, je le rappelle, 3 ans après Le Parrain) et secondé d’un John Cazale des grands jours, un acteur mésestimé qui nous a quitté trop tôt. Il donne ainsi une dimension quasi-héroïque au personnage, dont l’échec n’est que plus cuisant et regrettable. Un des nombreux exemples de la multiplicité des talents de Pacino.

 

N°3 : Frank Slade dans Le temps d’un week-end

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Ce film représente le seul Oscar du meilleur acteur de sa carrière, arrivant tout de même après 7 nominations. Personnage devenu aveugle, irascible et associable, il développe cependant une grande sensibilité pour le personnage qui gâche beaucoup plus de fêlures qu’il ne le laisse paraître (et, fait amusant, comme l’indique le titre original « Scent of a woman », il choisit les femmes à leur parfum). Son duo avec Chris O’Donnell fonctionne du tonnerre et c’est un Oscar mérité pour ce grand acteur. Rien que son magnifique monologue résume à lui seul tout le talent de cet acteur. Une œuvre emplie de finesse et de mélancolie où Pacino donne le meilleur de lui-même, notamment dans cette scène où il entraîne une jeune femme dans un tango. Inoubliable.

 

N°2 : Vincent Hanna dans Heat

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Pacino s’est toujours plu à incarner des flics plus ou moins intègres, que ce soit dans Cruising, Insomnia ou encore Serpico. Mais sa meilleure performance dans ce domaine reste encore dans le Heat de Michael Mann, au milieu d’une décennie ’90 emplie de performances toutes plus remarquables les unes que les autres. Al Pacino campe ici un personnage quasi animal, obsédé par son objectif et empli d’une rage de vaincre qu’il laisse parfois exploser au travers de quelques hurlements. A 55 ans, le grand Al Pacino prouve qu’il en a encore sous le capot et nous offre une performance de haute volée. Et puis surtout, c’est la réelle première confrontation entre les deux mastodontes que représentent Robert De Niro et Al Pacino (bien que présents tous deux dans Le Parrain, 2ème partie, ils ne se croisaient que lors de quelques rapides fondus enchaînés) ! Un face-à-face de légende pour deux très grands acteurs. Al Pacino prouve encore ici qu’il sait traverser les âges avec toujours le même brio, et je ne peux que vous conseiller le visionnage d’Heat si ça n’est pas encore fait !

 

N°1 : Michael Corleone dans Le Parrain, 2ème partie

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Ce film signe pour moi la consécration du talent d’acteur de Pacino. Devenu enfin la véritable tête d’affiche de cette trilogie (bien qu’excellent dans le premier opus, il se faisait souvent voler la vedette par la performance exceptionnelle de Marlon Brando ; il n’était pas encore totalement au centre de l’histoire), le grand Al laisse enfin exploser tout son génie d’acteur hérité de l’Actors Studio. Michael Corleone, personnage en proie à un destin irrémédiable malgré sa volonté de rendre les affaires légales, est joué par un Pacino dont l’intensité n’a jamais été aussi forte. Il donne un côté lourd au personnage, quasi noble, mais qui se laisse à plusieurs reprises exploser une rage qu’il tente à tout prix de contrôler (la scène chez Frank Pentangeli est glaçante d’effroi dans la tentative du personnage de se contrôler). Al Pacino ne joue pas Michael Corleone : il EST Michael Corleone, au plus profond du personnage et de ses émotions, impitoyable. Un des exemples de ce que peut donner de mieux l’Actors Studio (d’ailleurs, l’un des directeurs de l’Actors Studio, Lee Strasberg, joue dans ce film), et la performance la plus incroyable de Pacino, surpassant à mon sens celle de Brando dans le premier opus, ce qui n’est pas peu dire !

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