L’humour. Sujet complexe qui, de part sa nature subjective, ne sera jamais fondamentalement le même selon la personne à qui l’on en parle. Il s’agit de l’un des genres les plus répandus de la fiction et pourtant, trouver un film ou une série comique convenable est un véritable parcours du combattant de nos jours. Alors que faire ? Et bien, un bond dans le passé ! Plus précisément en 1958, au cœur de la série aux sept Emmy Awards, The Marvelous Mrs. Maisel !
" Ain’t that a kick in the head ?"
La fin des années 50 aux Etats-Unis, une époque complexe pleine de bouleversements sociaux et peu de temps avant la guerre du Vietnam. C’est là qu’Amy Sherman-Palladino a décidé de placer l’intrigue de sa série à travers le personnage de Miriam « Midge » Maisel interprété par Rachel Brosnahan, une femme au foyer issue d’une famille aisée de l’Upper East Side à New-York. La vie de Midge bascule le jour où son mari, un comédien de stand-up raté, lui annonce qu’il est infidèle depuis des mois. Midge, qui a un tempérament de feu, se trouve par accident sur la scène d’un club miteux appelé le Gaslight où elle déballe tout ce qu’elle a sur le coeur devant une audience hilare. À ce moment, elle fait la rencontre de Susie Myerson interprétée par Alex Borstein, qui devient son amie et manager afin que Midge devienne à son tour comédienne de stand-up.
« Tell us a joke, come on »
Cette série est un ovni, une incohérence dans le paysage des programmes comiques de ces dernières années. Sa plus grande force ? L’écriture. Il s’agit probablement d’une des séries les plus justes dans ses dialogues. Les blagues fusent à la seconde, c’est rapide, nerveux et cela ne s’arrête jamais. Les répliques glissent comme une lettre à la poste, on se surprend souvent à capter une blague dix secondes plus tard et éclater de rire. Cela est surtout dû aux moult personnages construits avec une précision chirurgicale. Chacun a son identité propre, y compris ceux que l’on croise deux fois dans une saison. Mention spéciale au personnage de Susie Myerson qui ,malgré sa petite taille, pourrait vous faire baisser les yeux comme un vigile de boîte après vous avoir annihilé verbalement.
Tout cela est appuyé par une mise en scène aux petits oignons. Les personnages sont constamment en mouvement et la série délivre son lot de plans séquences frénétiques – en particulier dans l’appartement familial – où l’on s’attarde rarement dans une pièce. De nombreux champ-contrechamps rapides et habilement gérés permettent aux dialogues les plus dynamiques de se jouer à la manière d’une partie de ping-pong. Le tout en réussissant l’exploit de rester lisibles et cohérents afin que les blagues s’enchaînent à la vitesse de l’éclair et que l’intrigue avance à leur rythme.
Comment oublier l’atmosphère ? Les années 50 n’ont jamais autant rayonné que dans cette série. La lumière, dans la vie quotidienne ou lorsque Midge est sur scène, sont dignes d’une vision quasi-magique de cette époque révolue. Les décors sont magnifiques et surtout crédibles. En effet, nombreuses sont les références historiques et culturelles disséminées un peu partout sans être prédominantes comme dans une série telle que Stranger Things. Oui, Mrs. Maisel est ancrée dans cette vision fantasmée des 50s aux États-Unis, mais elle ne l’est qu’en apparence.
« She’s a singer ? What do you mean a comic ? »
Parce que Midge doit faire face à un défi de taille, elle veut se lancer dans une carrière de stand-up sans expérience préalable. Mais surtout : c’est une femme. Si vous aviez une machine à voyager dans le temps, que vous demandiez à n’importe quel homme de cette époque ce qu’il pense d’une femme humoriste, ce dernier répondrait sûrement que c’est vulgaire et qu’elle ne vaut pas mieux qu’une prostituée.
Face à ces hommes qui lui ferment des portes au nez, Midge décide d’entrer par la fenêtre. Entêtée, dynamique, parfois égocentrique et en proie à la panique, elle ne recule devant rien pour arriver à ses fins avec l’aide de Susie qui la suivrait jusqu’en enfer tout en la maintenant à flot lors de ses (très) nombreux problèmes quotidiens. Elle doit jongler entre ses enfants, son ex-mari, ses parents qui aiment tout contrôler, ses soucis financiers et surtout sa confiance en elle qui ne fait que fluctuer en permanence au fil des épisodes. Elle doute, fait des erreurs, ment constamment mais garde toujours la tête froide. Midge n’est pas parfaite, mais c’est ce qui fait la force de son personnage et la rend profondément humaine.
La série The Marvelous Mrs. Maisel s’est terminée le 23 mai 2023 au bout de cinq excellentes saisons et laisse ses spectateurs avec une conclusion surprenante mais adéquate.
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