Présenté en première suisse au GIFF, Planète B est le deuxième long-métrage de la réalisatrice Française Aude Léa Rapin. Film de science-fiction audacieux sur toile de fond climatique, son œuvre dénonce habilement un système corrompu par la violence et la répression.
Par une nuit au cœur d’une révolte qui fait rage dans tout le pays, subitement une poignée d’activistes disparaît. Parmi eux, se trouve Julia Bombarth, 30 ans. Elle se réveille dans un monde totalement inconnu : Planète B.
Des thématiques actuelles brûlantes
Le cinéma français ne cesse jamais de se réinventer, et Planète B le prouve avec brio. En effet, Aude Léa Rapin nous livre ici une œuvre de science-fiction engagée, dénonçant les violences policières et la corruption du système, le tout ayant en trame de fond la crise écologique.
Le réchauffement climatique n’a jamais été autant d’actualité, comme nous le rappellent constamment les événements météorologiques extrêmes qui se multiplient, et qui frappent l’Europe, et la France, de plus en plus fréquemment. En parallèle, l’inaction climatique et le climatoscepticisme n’ont, eux non plus, jamais été autant criants, et c’est dans la continuité de ce manque d’action que s’ancre le film. Ce dernier met en scène des « terroristes climatiques », usant de la violence pour se faire entendre et voir.
L'urgence climatique sans concrétisation
On pourrait reprocher à ce film d’inscrire son récit dans un contexte de crise climatique sans jamais véritablement montrer les conséquences concrètes de celle-ci, laissant ainsi le public à distance de l’urgence du sujet. En effet, les actions et motivations des activistes peuvent sembler moins accessibles, car les enjeux et les impacts réels de la crise ne sont pas explicités. Cependant, on pourrait également soutenir que la crise climatique est déjà suffisamment ancrée dans notre quotidien pour que le film n’ait pas besoin de la verbaliser davantage. Cela permet à l’imagination du spectateur de se projeter dans un futur incertain, laissant libre cours à une vision à la fois alarmante et personnelle de ce que pourrait être le monde si aucune action n’est entreprise.
Une autre faiblesse du film se trouve dans son rythme, qui souffre d’une grande irrégularité. La première partie et la fin sont particulièrement tendues et captivantes, entraînant le spectateur dans un suspense bien maîtrisé. Cependant, au cœur du récit, le rythme ralentit nettement et l’intrigue semble stagner, donnant l’impression de tourner en rond.
La science fiction comme miroir de la violence
Néanmoins, le film brille de par son message et son inventivité. En effet, utiliser la science fiction pour faire passer un message d’ordre social fonctionne très bien. Comme a pu le faire Vermines de Sébastien Vanicek, sorti l’année passée, Planète B utilise la fantaisie pour dénoncer les violences policières, ainsi que le système dans lequel les forces de l’ordre évoluent.
Le film met en lumière la corruption profonde qui gangrène ce système, soulignant particulièrement le recours systématique à la violence et à la torture psychologique face à toute forme de résistance. La démarche s’appuie sur des traits appuyés pour renforcer l’impact du message, tout en évitant de sombrer dans la caricature. Finalement, le film fait l’éloge de la collectivité et des rapports entre les êtres humains, comme dernier espoir pour un monde meilleur.
Vous retrouverez le film sur vos écrans dès le 25 décembre 2024, au cinéma.
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