? Réalisateur : Michel Leclerc

? Genre : Documentaire historique

? Sortie : 3 Novembre 2021

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Synopsis : C’est l’histoire d’un couple qui ne pouvait pas avoir d’enfants et qui en a eu des centaines.
C’est l’histoire d’intellectuels, anarchistes, pacifistes, syndicalistes et féministes.
C’est l’histoire d’un couple de résistants qu’on a pris pour des collabos.
C’est l’histoire d’Yvonne et Roger Hagnauer que tout le monde appelait Goéland et Pingouin.
C’est l’histoire de la maison d’enfants de Sèvres, une expérience unique de liberté, de pédagogie et d’ouverture au monde. Et puis c’est aussi mon histoire, puisque ma mère, sauvée par ce couple, a passé dans cette maison toute son enfance.

L’enfance est la vallée ouverte vers les sommets. C’est du moins ce que pensaient Roger et Yvonne Hagnauer, les deux sujets principaux de notre film du jour : Pingouin et Goéland et leurs 500 petits, film documentaire réalisé par Michel Leclerc et sorti en 2021. Ce documentaire nous narre l’histoire d’un couple de résistants, Pingouin et Goéland, notamment connus pour avoir créés, à Sèvre, une maison pour enfant ayant recueillis nombre de jeunes juifs durant la seconde guerre mondiale. Ce film nous présente donc une histoire formidable, cependant gâchée par certains points que je m’apprête à aborder.

UNE HISTOIR MAGNIFIQUE :

La raison principale que l’on pourrait donner pour aller voir ce film est sûrement l’histoire qu’elle raconte. Cette histoire, c’est celle d’un couple n’ayant pas pu avoir d’enfants biologiques et en ayant pourtant eu des centaines grâce à leur établissement. Tout au long du documentaire, on est frappés par les convictions des personnages, Pingouin et Goéland ne reculant devant rien pour faire ce qui leur semble juste. On passe par des moments de tendresse lors de souvenirs racontés par les enfants ayant grandis, d’autres d’injustice alors qu’ils sont accusés d’avoir collaboré avec l’Allemagne mais ce qui ressort principalement, c’est bel et bien l’humanité et l’amour de ces deux parents.

Roger et Yvonne Hagnauer jeunes
© Maison des enfants de Sèvres D.R.

DES IDEES TROP NOMBREUSES :

Cependant, cette histoire merveilleuse est parfois trop complexe à suivre et le propos peut échapper au spectateur. En effet, le réalisateur a fait le choix de traiter de nombreux aspects de la vie des deux résistants, sans réellement prendre parti. Ainsi, on alterne entre leur vie dans la maison de Sèvre pour passer directement à leur combat dans la résistance, puis on arrive vers un moment précis de la vie de l’une des ancienne pensionnaire de Sèvre avant de revenir à la maison etc. etc. le spectateur aura donc du mal à trouver de l’intérêt et une ligne directrice concrète au film, on ressort ainsi de la salle en ayant connu une belle histoire certes, mais surtout confus sur les intentions et les thématiques abordées.

Les anciens pensionnaires de la maison de Sèvre chantent lors d'un rassemblement en souvenirs de Pingouin et Goéland
© Sophie Dulac distribution

L’ANIMATION COMME ILLUSTRATION :

Cette alternance de propos entraine, forcément, une alternance de mise en scène. On trouve ainsi des passage du réalisateur parlant face caméra, des images d’archive, mais aussi et surtout, de l’animation. C’est l’un des points forts du film, l’animation permet d’illustrer la pensée du réalisateur, mais également certains moments de vie dont n’existe aucune image. Elle permet donc de nous évader de la dureté du propos, d’embellir des période sombre mais aussi de traiter, sous un autre angle, la thématique de l’enfance et de l’apprentissage. L’animation est donc l’un des grands points forts de ce film mais est malheureusement trop peu présente, n’apparaissant qu’à deux/trois reprises pour une œuvre de presque deux heures.

UN REALISATEUR TROP PRESENT :

L’animation a beau être peu présente, il n’en est pas de même du réalisateur. Il apparait souvent, peut-être même trop souvent, offrant des apartés sur ce qu’il pense du couple, de son film, de la guerre etc. à plusieurs reprises, on est happés par la vie d’Yvonne et Roger quand, soudain, Michel Leclerc apparait pour nous donner trop clairement son avis sur la question. On sent un peu trop que ce film est le sien et qu’il tente de se rapprocher de cette histoire, voir même de se l’approprier (sa mère ayant été l’une des habitante de la maison de Sèvre). Ces interventions ne sont pas pour autant sans intérêt abordant des questions intéressantes mais trop nombreuses (comme expliqué plus haut) et on sent une réelle émotion dans ce que raconte le réalisateur.

Michel Leclerc, réalisateur du documentaire, devant l'affiche du film
© Photo L'Alsace / Hélène Poizat

Ce film n’est donc pas un grand film, selon moi gâché par un discours trop flou, sans prise de parti concrète. Il reste cependant une œuvre importante, à la foi touchante et inspirante, que l’on adhère aux idées politiques du couple ou non, on ne peut que saluer leur travail et leur implication dans la vie de ces jeunes gens, livrés à une mort certaine pour la plupart et à une mise à l’écart de la société pour d’autres.

Les anciens moniteurs de la colonie en 1944
© Maison des enfants de Sèvres D.R.

Note

7/10

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