Présenté au Festival de Cannes en ouverture de la section Un Certain Regard, ce drame presque post-apocalyptique réalisé par Thomas Cailley (qui revient à Cannes 9 ans après son premier film Les Combattants) nous présente un monde bouleversé par la mutation des humains en animaux sauvages qui vivent désormais en pleine nature traqués par les forces de l’ordre qui font tout pour les attraper et les enfermer dans un institut spécialisé. Parmi les rescapés de ce mal mystérieux et génétiquement transmissible, François un mari désemparé dont la femme a été frappé par ce bouleversement mondiale et qui va tout faire pour protéger leur fils de 16 ans Emile.
À l’issu de la première projection, une standing ovation unanime résonne dans la salle Debussy qui accueille le jury présidé par l’acteur John C. Reilly et l’équipe du film formidablement composé de Romain Duris, Paul Kircher et Adèle Exarchopoulos qui jouent respectivement le père, le fils et la policière chargé des recherches. Une standing ovation à s’en faire mal aux mains, mais comment ne pas applaudir cette belle proposition de cinéma qui mélange le fantastique, l’horreur, le drame familial et la poésie sans passer par tous les fronts pour nous transmettre cette belle histoire.
Il faut croire que Thomas Cailley aime filmer des protagonistes en pleine nature à la recherche de l’espoir et d’une solution aux problèmes du monde. Déjà dans Les Combattants le personnage de Adèle Haenel était obsédé par la fin des temps et le survivalisme, et il souhaite apparemment poursuivre sur cette voie avec un scénario encore plus ambitieux et démonstratif qui contient des messages intéressants sur les conditions de vie en milieu hostile et la place des animaux dans la nature. Et en soi sur l’évolution du monde et les progrès de la médecine. Beaucoup de sujets traités tous avec profondeur et délicatesse.
Le Règne Animal frappe dès l’ouverture : une banale conversation entre Emile et son père à propos de l’alimentation de l’adolescent et la minute d’après c’est presque La Guerre Des Mondes avec un spécimen d’homme-animal qui manque d’agresser nos héros bouche bée.
Une mise en abyme qui annonce la couleur et permet d’installer un contexte et une atmosphère qui perdurera tout du long. On peut reprocher à ce Survival de ne pas voir plus loin que ce que l’on nous présente, mais on en ressort très exalté avec la conviction d’avoir vu quelque chose d’inédit et de très grand. On salue le jeune Paul Kircher, qui marque pour la seconde fois après sa révélation dans Le Lycéen de Christophe Honoré, qui interprète un adolescent solitaire qui va s’aventurer dans la nature et se lier à ses habitants sauvages. Il porte le film avec un jeu très en retenue mais très juste volant même la vedette à Duris et Exarchopoulos (qui ne signe qu’un rôle secondaire assez mineur, mais on la retrouve toujours à l’écran avec plaisir).
Voilà donc l’une des plus belles réussites de la section Un Certain Regard 2023, voire même de cette 76ème édition du Festival de Cannes. On vous encourage à le découvrir lorsqu’il sortira en salles.
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