La La Land, film musical américain de 2017, réalisé par Damien Chazelle avec Ryan Gosling, Emma Stone, J.K. Simmons.

Après la claque Whiplash, Damien Chazelle revient avec un nouveau film musical, qui s’intéresse ici au destin de Mia, jeune actrice qui court les castings mais dont la carrière n’arrive pas à décoller (l’obligeant à cumuler un job de serveuse au sein des studios) et à celui de Sebastian, jeune pianiste au caractère bien trempé et quelque peu prétentieux dont la carrière stagne également. Par le jeu des hasards de la vie, les deux personnages vont être amenés à se rencontrer et qui sait, peut-être faire un petit bout de chemin ensemble.

La La Land est un film qui va diviser le public à coup sûr. Très clairement orienté comédie musicale, le film assure alors totalement sa légèreté et sa niaiserie : vous n’y trouverez pas de personnages ultra complexes qui vous apprendront quelque chose sur vous-même ou vous donneront de  grands préceptes moraux. Mais ce n’est clairement pas le but du film que de faire ça : il cherche simplement à vous emporter dans son tourbillon musical pendant deux heures. Bien sûr, le film n’est pas dénué de défauts (nous y reviendrons plus loin) et il peut paraître léger après Whiplash. Mais certains éléments qui vous rebutent pourraient être dus au fait que vous soyez réfractaires à ce genre de film. J’y reviendrai plus tard.

Il est très clair de voir pourquoi le film a obtenu autant de nominations aux Oscars (et sûrement une pluie de récompenses). Mélangeant les univers d’Hollywood et du jazz, le film multiplie les références aux comédies musicales d’antan (ici une vidéo qui en relève plusieurs : https://www.youtube.com/watch?v=lXenof-AJGk) de Grease à West Side Story ou Singin’ In The Rain. Au travers d’un des personnages principaux, Mia, qui aspire à travailler dans le monde du cinéma, le film est rempli d’allusions au Septième Art mais surtout, et c’est là que c’est pertinent, il montre l’envers du décor et le fait que de nombreux aspirants à la gloire n’auront pas la chance de percer dans ce milieu, par manque de talent ou simplement de chance. L’important est avant tout de trouver sa voie et de saisir les opportunités qui se présentent. Une belle mise en abîme de l’envers du décor hollywoodien à travers une des actrices les plus en vue du moment.

Dans ce genre de film, un bon casting est important pour garder attentif le spectateur. Et le duo formé par Ryan Gosling et Emma Stone marche à merveille, l’alchimie entre les deux fonctionnant parfaitement. Réunis tous deux par leurs rêves que la vie les empêche de concrétiser, leur histoire d’amour évolue de manière certes simple mais intelligente, se heurtant à leurs ambitions respectives et leur rêve qui semble dépasser leur amour (on passera sur le caméo de J.K Simmons). Chazelle s’attelle à les mettre en valeur de la meilleure manière possible, avec une caméra très dynamique et souple, la laissant virevolter dans le décor, notamment dans un plan-séquence sublime (le format Cinémascope offrant des perspectives grandioses). Une mise en scène au service de ses personnages et grandement réussie. Ryan Gosling prouve encore une fois son statut d’acteur phare (même si pour les Oscars, pour moi ça sera #TeamCasey) et Emma Stone est resplendissante et étincelante (Oscar en vue ?).

Elle, poursuivant son doux rêve mais humiliée à chaque audition ; lui, pianiste de jazz engoncé dans une époque révolue et qui ne peut se résoudre à suivre l’air du temps : comme deux âmes en peine dans un monde qui ne leur fait pas de cadeau. Très gai en surface, le film apparaît alors comme beaucoup plus mélancolique, abordant les notions des rêve et d’ambition qui à long terme peuvent constituer un véritable frein à une relation. Certes, tout ceci est englobé dans un scénario assez simple et « gnan-gnan », mais le film aborde des thèmes intéressants sans devenir trop lourd. La formule reste simple mais l’exécution est réussie sans non plus tomber dans le moralisateur qui réduirait l’impact d’un film qui se veut musical et entraînant. Dans un Los Angeles coloré, les deux personnages virevoltent, emportés par leurs rêves que la dure réalité fait redescendre sur terre.

Dernier mot sut la musique, absolument magique (autant que le film). Mêlant phases de grande envolée et chansons plus intimistes, un Oscar ne m’étonnerait pas tant le travail est réussi et vous restera en mémoire après la séance. Élément le plus important de ce film, il est donc brillamment réussi (avec de surcroît le chanteur John Legend dans un premier rôle intéressant et justifié). Un grand bravo à Justin Hurwitz, déjà à l’oeuvre sur Whiplash !

 

Au regard de cette critique, mes reproches peuvent paraître un peu effacés. Mais il me paraît en fait difficile de prendre le film en défaut eu égard de son genre, parce qu’il est clairement assumé. On peut reprocher un scénario qui manque d’audace, une histoire d’amour trop cliche par moments, mais le film en est clairement conscient ! Ce n’est qu’au hommage à l’âge d’or des musicals, dans une histoire qui pourrait vous transporter, ou non. Le film n’est pas parfait, il reste simple ; mais il offre ce qu’il prétend offrir, ses ambitions ne sont pas démesurées. Damien Chazelle garde les codes de son genre et y rajoute ses idées, que ce soit celles du sacrifice, de la question de faire passer ses ambitions avant une belle histoire, des thèmes déjà présents dans Whiplash. Il cherche simplement à vous entraîner dans son monde coloré et musical ! Tout dépend de votre degré d’implication dans ce type de film qui reste assez clivant. Vous n’y rentrerez peut-être pas. Ça a été mon cas, et j’ai grandement apprécié le voyage.

Note : 9/10

Moyenne IMDb : 8,7/10

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