Voilà un petit temps qu’on avait du mal à retrouver le réalisateur de Sixième Sens à l’état pur. Si Split en 2016 était vraiment un retour en grâce, Glass en 2019 était une conclusion en demi teinte à l’histoire de l’homme incassable. On peut même dire qu’il ne fait pas parti des meilleurs films de l’auteur, même si son cinéma s’y trouve dans chaque plan. On passera très rapidement sur le désastreux Old qui, sans son coup de théâtre de dernière minute, est sans intérêt. Mais heureusement le revoilà de retour !

UN VRAI GRAND RETOUR DE SHYAMALAN ?

Après un générique assez macabre où les noms apparaissent en grosses lettres jaunes, le film débute par un face à face entre la toute jeune héroïne Wen, qui attrape sans quiétude des sauterelles, et Léonard (Dave Bautista) qui tente d’établir un premier contact innocent. Champ-contrechamp, caméra verticale comme pour désigner l’étrangeté de la situation autant que le malaise qui s’installe dès les premiers instants. On retrouve par ailleurs la texture jaunâtre, une colorimétrie bien familière à Shyamalan depuis ses débuts et qui ne présage jamais rien de bon, et ici encore ce n’est pas un hasard.

Knock at the Cabin (qui est une adaptation du roman The Cabin at the End of the World de Paul G. Tremblay publié en 2018) est un véritable retour de Shyamalan à l’angoisse. Un huit clos très bien mené qui ne tombe jamais dans une écriture redondante en assurant le mystère du début à la fin.

Cette famille est-elle vraiment porteur du terrible fardeau de devoir sauver ou non l’humanité d’une apocalypse imminente en sacrifiant au choix l’un des deux pères ou la petite fille ? Voilà un postulat très engageant. Shyamalan choisit de parler de la fin du monde de manière indirecte, en appelant au sens moral de ses protagonistes et non en filmant toutes les catastrophes qui surviennent, à la Roland Emmerich par exemple.

Knock at the Cabin 1

CONTEXTE ET THÉMATIQUES ACTUELLES ET PRENANTES

S’il parle d’apocalypse comme d’une tragédie grecque, le cinéaste parle aussi de l’homosexualité et ce pour la première fois. Shyamalan introduit cette thématique de façon simple et limpide et en fait même une résolution à ses problèmes (le dénouement saura éclaircir ce sujet). Ce couple de deux papas unis contre ces quatre illuminés fait la force de ce thriller qui arrive même à nous en apprendre plus sur eux sans alourdir l’intrigue. Et leurs passages hors intrigue principale les rend vraiment attachants. Pour une première fois où le metteur en scène aborde ce sujet c’est une surprise comme une réussite. Et cela lui permet de faire apparaître une nouvelle thématique dans son cinéma, en poursuivant sa continuelle quête de parler de la famille, un thème qui lui est très cher depuis le début.

UN CASTING SOLIDE

Si on se concentre un peu plus sur les têtes qui portent ce puissant thriller, on note un nouveau jeu chez Dave Bautista. Plutôt connu dans l’écurie Marvel pour être le comique Drax, on ressent ici une réelle sensibilité mêlée à une panique permanente sans pour autant savoir si son personnage n’est empli que de vérité ou de mensonge. Évidemment Jonathan Groff et Ben Aldridge sont excellents, entre vulnérabilité et panique, ils basculent sur divers stades d’émotions au rythme du scénario, jusqu’au dénouement où ils explosent. Et n’oublions pas les rôles secondaires, dont Rupert Grint, qu’on découvre sous un autre jour depuis quelques temps. Celui qui fût très longtemps rattaché à Ron Weasley dans la saga Harry Potter apparaît sous un jour ténébreux qui lui va bien. Acteur important de la série Apple TV + Servant (créée par Shyamalan), héros de l’un des épisodes du Cabinet de curiosités (la série horrifique de Guillermo Del Toro) , Grint montre ici un côté animal et plus nerveux très convaincant.

Nous ressortons donc convaincu de Knock at the Cabin, qui aura la légitimité d’être inscrit dans les meilleurs Shyamalan. Toujours maître de son suspens, il revient à l’apocalypse depuis Signs avec un script, et un casting, solide. Il couple son genre de prédilection avec une technique et une intrigue inédite. Et cela fait éclore un huis clos moral et violent. Un thriller qu’on aurait été déçu de rater ou de snober après les deux dernières déceptions du réalisateur.

Le film est à découvrir en salles depuis ce mercredi.

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