En Juillet dernier, la franchise Jurassic Park (renommée World comme signe de redémarrage) faisait son « ultime » retour, avec Colin Trevorrow de nouveau aux manettes de ce troisième opus (après un deuxième film audacieux réalisé par Juan Antonio Bayona), et sixième de la saga, lui qui s’était déjà chargé du premier Jurassic World sorti en 2015.
Ce Dominion (ou le Monde d’Après) est désigné comme la grande conclusion de toute cette histoire, cependant une fois que les lumières se rallument et que le générique de fin démarre une dangereuse impression de révisionnisme raté ou inutile se fait ressentir, mais d’abord de quoi parle ce Dominion ?
Quelque temps après les événements de Fallen Kingdom, les dinosaures toute espèces confondues sont désormais en liberté partout dans le monde, les conséquences écologiques se font ressentir mettant la santé de certaines populations en danger. Le film va de nouveau se concentrer sur la jeune Maisie Lockwood (Isabella Sermon) en plein questionnement identitaire qui supporte péniblement son enfermement auprès d’Owen et Claire (Chris Pratt et Bryce Dallas Howard), c’est alors qu’elle est capturée pour subir des expériences en rapport avec sa mystérieuse nature.
UN SCÉNARIO BANCAL POUR COMMENCER
À peine sorti, qu’il était déjà lynché ! Et hélas, on se range du côté des critiques sévères. Si le Monde D’après possède un postulat de base solide et novateur, Colin Trevorrow n’en saisit jamais le potentiel et préfère s’attarder sur d’autres sous-intrigues dont l’utilité et la pertinence sont à remettre en question. D’autre part le film a beaucoup de mal à trouver sa direction, on voit qu’il y a beaucoup de choses à raconter et de nouveaux protagonistes à introduire, mais pas assez de place pour tout développer correctement. En conséquent, une héroïne secondaire assez coriace dont on retiendra à peine le nom, un antagoniste ridicule auquel on ne crois pas une seconde tellement son jeu dans ce cas précis est catastrophique, et une quête identitaire pas assez creusée et qui de toute manière est hors propos avec le contexte principal.
Encore heureux que le film soit rempli de scènes d’actions stimulantes qui permettent au spectateur de passer au moins un moment divertissement. Pour ces scènes là en effet Trevorrow démontre une fois de plus ses capacités à donner de l’ampleur aux moments de grand spectacle, même si on dérive parfois sur du James Bond avec notamment une séquence où Chris Pratt traverse à toute vitesse en moto toute une ville d’Italie en essayant d’échapper à deux vélociraptors, ou même Bryce Dallas Howard qui tente également de semer une sous antagoniste qui opère dans le trafic de dinosaures en sautant de toits en toits. Tout ça est fort agréable, mais pendant ce temps l’ADN de Jurassic Park s’est perdu en chemin, et l’intrigue n’avance pas.
ET LES ANCIENS ALORS ?
Ce qui nous amène au retour assez attendu des anciens. Annoncé par le réalisateur lui-même depuis le début de production du film, le trio emblématique du tout premier Jurassic Park sorti en 1993 se reforme. Il est certain que cette réunion entre Alan Grant (Sam Neil), Ellie Satler (Laura Dern), et Ian Malcom (Jeff Goldblum) est avant tout un argument commercial pour attirer les fans de la première heure en salles. Nous avons bien conscience qu’il est monnaie courante ces dernières années à Hollywood de faire revenir toutes les anciennes icônes d’un bon nombre de franchises rentables et de les mélanger aux nouveaux. Des blockbusters très récents comme Spider-Man No Way Home, SOS Fantômes Afterlife prouvent que l’aspect nostalgique et retour aux sources fonctionnent très bien sur le public et ce ne sont certainement pas les chiffres du box-office qui contredisent cette version des faits. Mais encore faut-il un scénario à la hauteur pour justifier cela. Et c’est malheureusement ce qui pose problème ! Entre dialogues creux, acteurs peu investis (surtout Jeff Goldblum) et le sentiment que le scénario aurait très bien pu se passer d’eux, Colin Trevorrow passe à côté de cette reformation de la première heure et fait d’eux des personnages fonctions, qui se perdent en cours d’intrigue sans grand chose à dire sur leurs vécus respectifs. Pas d’échanges intéressants, et même lorsque notre oreille attentive entend les notes emblématiques de John Williams pendant quelques pauvres secondes à l’arrivée de Sam Neil, la nostalgie et le fan service retombent très vites, et encore une fois on a l’impression que nos personnages n’ont pas bougés d’un poil niveau background, quelle faiblesse scénaristique !
UN FINAL FAUSSEMENT SPIELBERGIEN ?
Et à partir de là Dominion n’a plus vraiment de chance de changer la donne, les intrigues n’aboutissent à rien, les anciens s’adaptent à un scénario faible qui ne sait que faire d’eux, la réalisation ne vend pas du rêve, et excepté quelques moments d’actions appréciables, rien de notable et on a complètement perdu le charme initial de la franchise. Trevorrow lui-même s’écarte de l’ambiance et du ton qu’il avait installé sur le premier Jurassic World. Puis arrive la dernière partie où tout le monde est enfin réuni face aux dinosaures aux portes de la jungle, en bref une ambiance à la Spielberg. Mais évidemment n’est pas Spielberg qui veut, Trevorrow singe le maître sans jamais réussir à reproduire la maestria et la force qui opérait sur les deux premiers opus. Enjeux très peu solides, un jeu du chat et de la souris assez agaçant entre notre casting et les dinosaures, surtout qu’à aucun moment le spectateur n’a peur pour aucun personnage, donc aucune prise de risques du début à la fin ! On retiendra à peine les dernières minutes qui nous font demander la vraie utilité de ce troisième opus et la légitimité de cette conclusion.
Pour conclure « Le Monde d‘Après » partait sur des bases solides avec un contexte écologique et sociétal intéressant qui aurait mérité un traitement profond, mais le réalisateur a bien du mal à trouver une direction concrète et au final, on reste sur des intrigues pâteuses qui ne vont nulle part. Un faible développement pour la plupart des personnages qui n’ont aucune avancée ou évolution personnelle même du côté des anciens, la force des premières heures de la saga est abandonnée au profit de scènes d’actions sans âme qui s’éloignent du propos principal et servent juste à ralentir l’intrigue et à donner un peu plus de crédit à Chris Pratt et Bryce Dallas Howard.
Une conclusion sans âme, pompée des précédents opus, une réalisation ordinaire, quelques plans et décors vaguement jolis des dinosaures toujours plus gros, en bref le plus mauvais de tous et le plus décevant de l’année.
Le film est disponible ce 19 octobre en Édition Spéciale Steelbook Blu-Ray 4K Ultra HD ici
Voir la bande-annonce :
Auteur/Autrice
Partager l'article :