Depuis vendredi 5 septembre, la cité des Planches est placée sous le signe du rêve californien. Retour sur la première journée de la 51e édition du Festival du cinéma américain de Deauville.
Alerte sur Les Planches ! Journalistes et chasseurs d’autographes s’agglomèrent sur la célèbre promenade deauvillaise, en bord de plage. Sa singularité ? 250 cabines de plage inscrites au nom d’acteurs ou de réalisateurs américains. Cette année, c’est au tour de Pamela Anderson d’inaugurer la sienne, dans le cadre du 51e Festival du cinéma américain de Deauville. Lunettes de soleil, chevelure blonde impeccable et toute vêtue de noir, l’actrice américaine a dévoilé sa cabine en soulevant le drapeau étoilé, tout sourire. Une belle façon d’ouvrir la première journée de cette manifestation cinéphile.

AU COEUR DES BADLANDS
À quelques pas de là, à l’entrée du Centre International de Deauville, les festivaliers se bousculent pour assister à la projection du premier film en compétition. Et cette année, c’est The New West de Kate Beecroft qui ouvre le bal. La réalisatrice, absente à la séance, a laissé un message vidéo dans lequel elle est revenue sur ses inspirations. “En traversant les plaines du Dakota du Sud, je me souviens avoir vu ce groupe d’adolescentes à cheval, galopant dans les plaines. Leur liberté les faisait briller”. Ainsi est né The New West, un film aux allures de docu-fiction, qui suit Tabatha, éleveuse dans les Badlands du Dakota du Sud. Malgré ses difficultés financières, elle ouvre son ranch à des adolescentes en quête de repères.
Particularité : Tabatha et Porshia jouent leur propre rôle. Pour capturer leur quotidien, Kate Beecroft a posé ses valises chez Tabatha, et cette immersion est palpable. Sa caméra saisit avec délicatesse les regards et les silences, souvent plus parlants que les dialogues. Ce réalisme confère au film une authenticité rare, qui en fait sa force. Reste que la première partie peine à trouver son rythme : la multiplication des personnages secondaires brouille parfois la narration et dilue l’émotion. Mais le film gagne en intensité au fil des minutes jusqu’à s’envoler dans sa seconde moitié, lorsque la narration se recentre sur le lien mère-fille. Un premier long-métrage encore inégal, mais porté par une sincérité qui en font l’une des belles promesses de la compétition.
Kim novak, icône des années 60
Aparté dans la compétition l’après-midi avec un premier tapis rouge, à 17 h. Derrière les barrières, les fans s’impatientent, carnet et photos à la main, espérant la signature de l’icône hollywoodienne tant attendue. Enfin, un van noir s’immobilise. La porte s’ouvre…et Kim Novak, 92 ans, apparaît. Drapée d’une robe blanche, elle s’avance avec grâce, adresse un signe à la foule, et la main sur le cœur, laisse transparaître son émotion devant l’accueil chaleureux qui lui est réservé. “Votre amour est le plus beau cadeau. Lorsque je ne serai plus là, vous resterez en lien avec moi à travers mon art”. Le visage de Sueurs Froides d’Alfred Hitchcock a reçu un Prix d’honneur des mains du chorégraphe Benjamin Millepied, avant la projection de Kim Novak’s Vertigo, un documentaire signé Alexandre O’Philippe.

Golshifteh farahani honorée
La journée, déjà riche en émotions féminines, s’est conclue sur un second tapis rouge. La cérémonie rendait hommage à Golshifteh Farahani, présidente du jury de cette 51e édition. Cette fois-ci, c’est l’Institut national de l’audiovisuel (INA), qui a remis une distinction, après Benoît Magimel l’an passé. Dans la salle, un montage de ses interventions télévisuelles et radiophoniques, marqué par l’exil. L’actrice iranienne est revenue sur ce déracinement : dès ses premières collaborations avec des artistes américains, comme Ridley Scott, son pays l’Iran la soupçonnait déjà d’espionnage. “Ces événements ne nous définissent pas. L’exil, c’est dur. C’est comme mourir, puis revenir à la ville. Ce qui compte c’est ce que l’on devient après un traumatisme”, a-t-elle confié, émue. Ses mots ont déclenché une longue standing ovation, de plusieurs minutes, qui a tiré des larmes à l’actrice.
Enfin, la soirée a basculé dans l’absurde, avec Bugonia, dernière réalisation de Yórgos Lánthimos. Un quasi huis-clos où l’étrangeté se mue en folie sanguinolente. Ce n’est sans doute pas son film le plus abouti, mais Lanthimos y orchestre un face-à-face aussi inquiétant que jubilatoire. Emma Stone et Jesse Plemons s’y livrent un véritable duel d’acteurs. Lui, persuadé que cette PDG glaçante est une extraterrestre ; elle, cherchant à le convaincre du contraire. Leurs dialogues, tendus à l’extrême, portent le film à bout de bras. Dommage toutefois que le réalisateur grec prolonge sa narration au point d’en atténuer sa portée.
L’équipe PelliCulte est sur place pour couvrir l’intégralité de l’événement. Suivez-nous sur pelliculte.com et nos réseaux sociaux.
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