Mission Impossible, film d’action américain de 1996 réalisé par Brian de Palma avec Tom Cruise, Jon Voight, Emmanuelle Béart, Jean Reno…
À l’aune du sixième opus qui fait partie des films les plus attendus de l’année, il est temps de retourner là où tout a commencé.
Mission Impossible, premier du nom, nous met donc dans la peau d’Ethan Hunt, membre de l’unité spéciale de la CIA, l’unité MI (pour Mission Impossible). Après une mission à l’issue tragique, il n’aura d’autre choix que de devenir un fugitif.
On retrouve derrière la caméra un cinéaste bien connu : Brian de Palma, qui sort alors du relatif succès de L’Impasse. Sa présence dans un tel film de commande peut sembler saugrenue tant le réalisateur de Blow Out a toujours eu un rapport particulier avec la machinerie hollywoodienne. L’échec de son précédent long-métrage explique à coup sûr sa présence ici, sa volonté de retrouver le succès ; de plus, lui comme Cruise assurent qu’il a joui d’une totale liberté sur le long-métrage.
Et au vu du film, on est tentés d’aller dans leur sens : on y retrouve très clairement la patte De Palma et les thèmes qui lui sont chers. Le personnage d’Ethan Hunt, devenu fugitif, doit apprendre à se méfier de tout et de tout le monde, prendre garde aux faux-semblants, aux bonnes intentions qui pourraient finalement cacher certains vices. Tout comme Ethan, le spectateur ne sait plus à qui il doit faire confiance : une paranoia s’installe alors, un thème cher au réalisateur.
Loin de se contenter de créer un film à la simple action explosive (ce qui ne serait définitivement pas son style, car même dans un film aussi exubérant que Scarface, l’action n’y est que rarement grandiloquente), Brian de Palma crée un film d’espionnage où sa mise en scène fait des merveilles et offre des séquences d’anthologie. La scène d’introduction, modèle du genre, distille un suspense de manière efficace et immerge son spectateur dans l’action (notamment grâce à l’utilisation de la caméra subjective, justifiée dans le récit) ; la scène dans la chambre forte, instaure une tension palpable, dont le silence pesant renforce l’intensité ; et la scène de l’hélicoptère (exigée par De Palma) offre l’action explosive nécessaire et une séquence encore dans toutes les mémoires.
Jeu de dupes, faux-semblants et paranoia. On est sur du De Palma tout craché.
Mais paradoxalement, avec le casting impressionnant qui est le sien, le cinéaste échoue sur un point : donner à son film cette notion d’humanité. L’on pourra sûrement reprocher des coupes au montage par le studio, le fait est que peu d’alchimie se dégage des relations entre les personnages. L’idée de faire d’Ethan Hunt le personnage central, fil rouge de la saga, est claire, mais elle aurait été possible en lui offrant une alchimie plus prégnante avec les autres personnages. Sa relation avec Claire, par exemple, n’est jamais exprimée à l’écran, et l’on ne sait quoi trop penser d’un personnage dont le retournement de situation final ne provoque que peu d’émotions chez le spectateur. C’est là le majeur point noir d’un film qui devient alors plutôt oubliable : malgré son scénario efficace, il lui manque définitivement la notion d’humain, paradoxal au milieu d’un film à la paranoia ambiante de son personnage principal.
Mais en dehors de cela, Mission Impossible reste un film d’action efficace, qui lance définitivement une sage qui se poursuit encore aujourd’hui, et qui n’en finit plus de créer des scènes visuellement ahurissantes. 460 millions de dollars de recettes pour un budget de 80 : mission accomplie ?
Note
3/5
Un film qui manque de peu la case « inoubliable ». Brian de Palma offre un travail d’orfèvre au niveau de sa mise en scène, mais livre également un film au scénario manquant d’humanité. Tom Cruise trouve ici un de ses rôles majeurs et la saga Mission Impossible est, malgré tout, lancée sur de bons rails.
Bande-annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=NfASCMvuFVA
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