Star Wars, c’est un mythe. C’est même probablement LE mythe de notre époque. Depuis la sortie du premier épisode en 1977, la saga intergalactique a connu une renommée comme on ne saurait la retrouver qu’avec L’Illiade et L’Odyssée d’Homère.

Et comme tout mythe, elle cristallise chez ses différents fanatiques autant d’amour que de haine envers ses différentes terminologies. Des puristes de la trilogie originale qui repoussent la prélogie à ceux qui encensent la nouvelle mouture Disney, Star Wars est avant tout un récit d’envergure, devenu au fil des ans une véritable religion.

Disney avait donc fort à faire en relançant une nouvelle trilogie : réussir à capter un nouveau public tout en rassurant à la fois les fans de la première heure et ceux de la prélogie de leur volonté de faire perdurer le mythe.

Après un épisode VII qui avait divisé le public (votre fidèle serviteur en avait été déçu), cet épisode VIII avait donc une lourde tâche. Sobrement sous-titré Les Derniers Jedi, cet épisode voyait à sa tête Rian Johnson, aux manettes notamment de l’excellent Looper. Pour quel résultat ?

Rentrons maintenant dans le vif du sujet !

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Des personnages plus profonds, mais…

Autant le dire tout de suite, j’avais détesté l’épisode VII. Sans revenir sur les innombrables similarités avec l’épisode IV, la structure même de l’histoire me semblait totalement chancelante, les personnages ne m’inspirant que peu de sympathie et manquant cruellement de profondeur.

Quelle ne fut pas donc ma surprise devant ce huitième opus, qui offre enfin à ses personnages un peu de profondeur ! Concentrons-nous tout d’abord sur le trio principal Rey-Kylo-Luke. La relation qui les unit sont le centre d’intérêt du long-métrage et sur ce point-là, Rian Johnson n’a pas failli à la tâche.

Rey me semble être celle qui bénéficie de l’écriture la plus attendue. J’ai trouvé la relation qui unissait Kylo et Luke beaucoup plus intéressante, chacun des deux acteurs offrant une performance remarquable. La relation qui les unit et les ressentiments de l’un envers l’autre sont compréhensibles, et le personnage de Kylo semble avoir atténué ce côté “ado pleurnichard” de l’épisode VII pour enfin devenir un véritable méchant ; Adam Driver semble avoir trouvé ses marques dans ce rôle. Luke Skywalker me semble tout aussi intéressant. Tout comme Mark Hamill a acquis le statut de légende pour les fans de Star Wars, son personnage est dans le film le dernier vestige des Jedi, une légende. Sans révéler l’intrigue, le traitement de sa relation avec les Jedi et la Force est très intéressant, emmenant l’histoire sur des chemins plutôt inattendus. Il lui donne une mythologie plutôt bienvenue, qui déplaira sûrement aux fans de la première heure (et à Mark Hamill aussi visiblement) mais qui dans cette nouvelle trilogie sonne comme une nouveauté assez rafraîchissante.

Au niveau des personnages secondaires, c’est là que le bât blesse. Si Poe Dameron bénéficie de quelques scènes qui permettent d’étoffer un peu son personnage et de le rendre plus attachant, il est bien rare dans ce cas.
Le film fait à mon sens la bêtise d’introduire de nouveaux personnages sans les traiter correctement (l’amiral Oldo, Rose…), tout en bâclant l’écriture des anciens (Phasma, Hux, Finn, totalement inutile dans cet opus, Leia, qui au passage donne lieu à la scène la plus gaguesque du film…). Cela peut paraître étrange dans un film de 2h30, mais l’accent est tellement mis sur les trois personnages principaux que le reste bénéficie de peu d’audace et d’intérêt.

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Visuellement gagnant

Nous sommes dans un film Star Wars, sous l’égide de Disney : il y a donc peu de chances que ce soit dans ce film que l’on trouve les plus grandes trouvailles visuelles ou que l’on y révolutionne les techniques cinématographiques.

Néanmoins, Rian Johnson offre des visuels plutôt novateurs dans la saga et qui marquent la rétine. Au contraire d’un épisode VII plutôt triste de ce point de vue-là, Les Derniers Jedi marque par des décors plus variés et chargés. De la planète Ach-To où se cache Luke à l’antichambre de Snoke, on jongle durant 2h30 entre différents endroits aux visuels remarquables et qui restent en tête. De la planète de sel Craint à celle du casino ou encore aux guerres dans l’espace, le film est sûrement l’un des plus agréables visuellement. Rien de révolutionnaire, mais la plupart des scènes seront satisfaisantes. Mais il est temps d’en venir au point principal…

Un film à double tranchant

Même s’il fait de son mieux, Star Wars : Les Derniers Jedi souffre à mon sens d’un déficit contextuel notamment à cause de l’épisode VII. Certains reprochent par exemple à Rian Johnson le manque d’explication sur les origines de Snoke, alors que cela aurait dû être fait pour moi dans Le Réveil de la Force ; tout comme l’explication de la relation entre Luke et Kylo Ren, qui aurait dû être introduite plus en profondeur dans l’épisode VII pour permettre à ce film de se concentrer sur le présent. Cela nuit pour moi à la qualité intrinsèque du film qui donc se retrouve forcé de jouer sur deux tableaux. Rester volontairement flou a nui à cet épisode.

J’entends d’ailleurs par “double tranchant” que le film jongle entre des moments d’émerveillement, où il est impossible de rester passif face au grandiose des scènes, à des scènes totalement inutiles ou gaguesques qui pourront même vous faire sortir du film. J’ai déjà parlé de Leia, mais le speech de Rose type “la victoire de l’amour” sonne terriblement faux et l’on se demande quel est la nécessité d’avoir introduit ce personnage autrement que pour que Finn ne soit pas seul dans cette aventure.

Au sortir de ce film, l’impression reste donc mitigée et il n’est pas vraiment possible de trancher. Ni trop bon, ni trop mauvais. Jonglant entre les moments jouissifs et d’autres beaucoup plus ennuyeux, le film bénéficie de beaucoup d’audaces scénaristiques malheureusement trop peu soutenus par des histoires périphériques bien trop anémiques.

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Mais n’attendons pas d’un film Star Wars d’être le film du siècle. Sa mission était déjà de poursuivre ce qui avait été installé par l’épisode VII, ce qu’il fait non sans talent, réussissant à offrir de la profondeur à ses personnages et à développer un univers qui partait sur des bases chancelantes. Ce n’est pas le film du siècle, ni de la décennie, ni même le meilleur Star Wars. C’est en tout cas le meilleur de cette nouvelle trilogie, et c’est surtout un bon film. Depuis sa sortie il y a une semaine de cela, il cristallise autant de haine de la part des fans de la première heure que d’amour, montrant par là le pouvoir polarisant de cette saga intergalactique. Pour ma part, je ne suis pas un fanatique absolu des aventures de la famille Skywalker, et j’ai passé un bon moment. N’est-ce pas cela qui compte, après tout ?

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