Amoureux des animaux, adeptes de magnifiques expériences cinématographiques et expérimentales : EO, cet OVNI est un petit bijou du genre.
Ce qu’on dit est vrai, si vous avez aimé le fantôme de David Lowery, alors vous aimerez vivre ce long-métrage à travers les yeux d’EO.
Parce que oui, si le synopsis peut prêter à faire sourire, il n’en est pas moins lorsque Lowery nous avait présenté son personnage vêtu d’un drap blanc.
EO est un film contemplatif à plusieurs niveaux. On se perd dans ces plans d’une immense beauté et dans une colorimétrie contrastée passant de couleurs vives et chaudes à des couleurs plus douces et lisses.
Le format 4/3 prête au film un véritable charme auquel on ne sera pas insensible ; il s’accorde d’ailleurs parfaitement à tous ces plans serrés et ces gros plans sur le personnage d’EO.
Car oui, l’idée ici est de vivre l’histoire à travers un personnage qui ne sera nul autre… Qu’un âne ? L’exercice semble périlleux : comment nous faire vivre l’épopée d’un animal, nous faire ressentir ses émotions et nous donner ne serait-ce qu’une petite idée de ce qu’il peut avoir en tête ?
Il aurait été bien plus simple pour le réalisateur d’utiliser la caméra subjective afin de nous plonger dans la peau (ou les poils ?) de EO mais à la place, c’est une caméra fixe et rapprochée de ses gros yeux noirs qui nous présentera tout l’environnement et le déroulée de la narration.
Le réalisateur adoptera d’ailleurs principalement une faible profondeur de champ, afin d’isoler le sujet et de nous aider à nous plonger dans ses songes. Le résultat ? On ressentira une immense empathie pour EO. La profondeur de champ plus large quant à elle, nous aidera à nous projeter dans ses aventures, ses balades, sa quête et toutes les personnes qui croiseront son chemin.
EO, est une expérience. J’ai senti une telle vague de douceur m’envahir à plusieurs reprises ; j’ai vraiment beaucoup souri, mais j’ai également été engloutie par la peine. Notre adorable protagoniste vivra sa vie et ses aventures à travers le prisme de l’homme : ses actes, son égoïsme, sa bêtise, mais aussi parfois sa douceur et sa compassion.
Un film extrêmement silencieux mais criant de vérité et de messages. Voilà la puissance du long-métrage ; évoquer les maux, sans prononcer de mots. C’est plutôt l’ambiance sonore qui parlera d’elle-même. La douceur d’une caresse, la violence d’un coup, la délicatesse d’un murmure, l’intensité d’un coup de sabot ou la détresse d’un hennissement.
EO, c’est un panel d’émotions. J’ai été attendrie, j’ai souri, je me suis effrayée, j’ai été surprise et submergée de tristesse.
Enfin, je crois que c’est un film important, car il a pour vocation de raconter ce que les animaux sont incapables de nous dire et que nous faisons mine de ne pas entendre, de ne pas comprendre.
Preuve que le cinéma et l’outil qu’est la caméra sont d’une immense puissance ; être porteur de parole et de messages pour ceux qui ne peuvent pas s’exprimer.
Laissez-vous plonger dans les yeux abyssaux d’EO et foncez le voir en salle !
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