Il est de retour ! Trois ans après sa découverte par le public à travers la résolution d’une enquête prenante et complexe dans « À Couteaux Tirés », Benoît Blanc, considéré comme le meilleur détective du monde, revient dans un second film pour exposer de nouveaux ses brillantes déductions dans le cadre d’une autre investigation.
On connaît notamment Daniel Craig pour son rôle de James Bond, qu’il a interprété avec brio entre 2006 avec sa première apparition dans la peau de l’agent secret dans ‘Casino Royale’, pour conclure en beauté en 2021 dans ‘Mourir peut attendre’. Pour une certaine génération de spectateurs mais également pour les fans de la franchise, il est l’un des meilleurs interprètes de l’agent 007, aux côtés de Pierce Brosnan ou encore Sean Connery. Craig est devenu indissociable de ce personnage fort de la pop culture occidentale. Cependant, l’acteur britanno-américain commence à se forger un autre rôle culte dans une récente série de films qui se trouve être assez populaire et appréciée des spectateurs. Il s’agit du personnage nommé Benoît Blanc, dont il a revêtit les traits pour la première fois en 2019 dans ‘A Couteaux Tirés’, film policier à suspense réalisé par Rian Johnson. Ce dernier a réalisé des longs-métrages aux avis positifs ou alors relativement mitigés, comme ‘Star Wars VIII : Les Derniers Jedis’ (2017), ‘Looper’ (2012) et ‘Brick’ (2005). ‘A Couteaux Tirés’ semble alors être le seul film du réalisateur américain a avoir fait l’unanimité. Long-métrage classique du genre ‘whodunnit’, il raconte la mort obscure d’un auteur à succès, Harlan Thrombey (Christopher Plummer) qui se serait certainement suicidé dans la nuit suivant sa soirée d’anniversaire. Ce n’est cependant pas l’avis du détective Benoit Blanc, qui interrogera tous les membres de la famille, des personnages cupides qui possédaient pour la plupart un mobile solide pour le meurtre du vieil homme. Blanc retrouvera le suspect en plus de prendre sous son aile Marta Cabrera, infirmière de l’homme assassiné, interprétée par Ana De Armas. Le film dispose d’une distribution sans conteste impressionnante, avec des acteurs tels que Jamie Lee Curtis, Don Johnson, Chris Evans ou encore Toni Collette, pour ne citer qu’eux. Face au succès sans appel du long métrage, Netflix avait alors conclu un accord avec Johnson en 2021 afin qu’il réalise deux autres volets mettant en scène Benoit Blanc. C’est ainsi qu’est né le deuxième film de la saga, intitulé ‘Glass Onion’, et un troisième film est d’ores et déjà en préparation. Mais avant cela, est ce que ce nouveau film est une suite digne et réussie du premier volet, ou peut on déjà pressentir un éventuel essoufflement ? En bref : est-ce que le célèbre Benoit Blanc est toujours à la hauteur ?
UNE MÊME RECETTE, MAIS UNE QUALITÉ TOUJOURS AU RENDEZ-VOUS
Il serait plutôt mensonger d’affirmer que ‘Glass Onion’ est l’opus du renouveau. En effet, Rian Johnson nous propose une suite qui fait toujours majoritairement appel aux mécanismes que l’on retrouve dans le genre du whodunnit, avec un long-métrage en huis clos, et un groupe de suspects qui possèdent tous un mobile concernant un meurtre ou d’autres événements équivoques. Ainsi, on retrouve des éléments habituels de ce type de films, avec une longue introduction des lieux et des protagonistes, le début des péripéties et de l’enquête en elle-même, pour finir sur la révélation théâtrale du tueur par le détective avec tous les possibles coupables regroupés dans la même pièce. Une composante propre au réalisateur qui était déjà visible dans le film précédent est également utilisée. Par exemple, on fait une nouvelle fois face à un casting qui se veut être cinq étoiles, avec de grosses têtes d’affiches comme Edward Norton et bien sûr Daniel Craig, des personnalités notables comme Janelle Monae ou encore David Bautista, mais aussi des acteurs superstars faisant office de guests ou de caméos, comme Ethan Hawke et Hugh Grant. D’autres acteurs à la notoriété moins importante mais qui ont fait des apparitions remarquées dans certains longs-métrages ou sur le petit écran sont aussi présents dans la distribution du film (Kathryn Hahn, Leslie Odom Jr., Kate Hudson, Jessica Henwick, Madeline Cline…). Malgré de petits regrets que l’on pourrait avoir au sujet de la brève apparition de certains comédiens (on aurait peut être aimé voir Hugh Grant et Ethan Hawke un petit peu plus, et pas seulement faisant office de très brefs caméos qui prêtent quand même à sourire), toute la petite troupe est bien orchestrée, les relations et dynamiques entre les personnages fonctionnent à merveille et avec crédibilité. Edward Norton interprète avec justesse un magnat de la tech plein aux as ; la bande d’amis qui se déchire et qui partage un passé chargé, composée de Janelle Monáe, Kathryn Hahn, Leslie Odom Jr., Kate Hudson et David Bautista, semble tout aussi plausible ; Benoit Blanc, le protagoniste principal, est comme à son habitude amusant, agréable et perspicace, campé par un Daniel Craig inspiré et définitivement fait pour le personnage. On le découvre même davantage que dans le premier film de la série, des aspects de sa vie privée et autres facettes de sa personnalité étant dévoilées. A travers cela, on voit donc une véritable volonté de la part du réalisateur de faire de son personnage un protagoniste marquant et iconique du cinéma interprété par un acteur phare, dont on risque d’en savoir toujours un peu plus à chacun des films où il fera son apparition. Comme toujours dans ‘A Couteaux Tirés’, Rian Johnson nous gratifie d’une bonne dose d’humour, tout d’abord à travers la personnalité bien trempée du groupe de suspects et du détective, mais aussi à travers des références à des éléments de culture populaire que l’on peut trouver amusantes. Le fait que le film se passe durant les premiers mois de la pandémie de Covid-19 permet aussi d’en savoir plus sur la personnalité des personnages, d’adresser une critique sévère au comportement des personnes riches durant cette période, mais aussi de faire de l’humour en faisant vivre aux personnages des choses que l’on a réellement pu connaître nous même pendant le confinement, et les références à certaines activités ou habitudes savent se montrer drôle. Cela peut aussi nous permettre de nous sentir peut-être un peu plus proches d’eux puisqu’on s’identifie aux personnages et à leur expérience, ce qui donne encore plus une dimension de réel à l’enquête. On peut noter, de la même façon que dans le premier film de la série, une prise de vue particulière qui fait déjà l’identité de cette série. Les couleurs (surtout celles des vêtements) sont vives, presque saturées ou artificielles pour certains éléments, beaucoup de plans larges ou plans d’ensemble montrent l’abondance de la richesse des lieux, quand des plans plus rapprochés sur les personnages cherchent à nous montrent leurs éventuels défauts ou encore à nous faire nous interroger sur leur essence : ce protagoniste a-t-il quelque chose à se reprocher ou non ? Cette façon d’insérer autant d’humour et d’éléments décalés dans un film policier traduit une volonté de faire de ‘A Couteaux Tirés’ un authentique pastiche de ces films incontournables que l’on a déjà vu maintes et maintes fois, et cela fait du bien.
Même si le long-métrage est un film d’enquête traditionnel, il ne rentre aucunement dans un cliché inintéressant ou vu et revu, et se trouve au final plutôt bien mené, en proposant au spectateur une histoire prenante et intrigante, dans un lieu original en guise de huis clos avec un panel de personnages haut en couleurs, intrigants ou attachants, qui à l’instar du premier film, ont tous l’air d’avoir des choses à cacher. Même pour les mordus d’investigations policières, les multiples rebondissements qui surviennent tout au long de l’histoire sont définitivement surprenants, et pour la plupart imprévisibles. On peut même saluer et souligner une forme d’originalité avec un film qui démarre in medias res avec la proposition de petites énigmes qui fait en même temps office de présentation du futur groupe de suspects. Le public a, de plus, droit à une fin en apothéose, avec un immense moment d’action et un ultime rebondissement qui offre une conclusion qui, même si elle se trouve peut être imparfaite pour un film policier, est satisfaisante et bien exécutée. Plus que la résolution d’une enquête, ‘Glass Onion’ va encore plus loin et montre la véritable destruction d’une personne, ce qui va jusqu’à rendre cette fin encore meilleure que prévue. Cette fameuse scène finale est satisfaisante, même jouissive.
UN MÉLANGE CEPENDANT MOINS ABOUTI QUE POUR LE PREMIER OPUS
Certes, ‘Glass Onion’ reste un long-métrage de qualité et fait vivre un bon moment de divertissement. Toutefois, il faut avouer que la qualité de ce deuxième volet est bien en deçà de ce que Rian Johnson a pu nous proposer trois ans auparavant. Le défaut le plus marquant de ce long-métrage est sans doute le rythme qui se trouve être assez irrégulier. Le film dure 2h19, mais il met au moins une bonne heure, voire un peu plus, à bien s’installer et à mettre en place tous les protagonistes, les lieux, les enjeux, etc. Le film ne démarre pour de bon seulement lorsque le premier drame et le réel premier rebondissement surviennent, avec toutes les révélations qui sont ensuite liées à ce drame. Donc, il y a sans conteste des longueurs, et beaucoup d’informations qui au début peuvent être un peu compliquées à digérer et qui font sens et sont bien assimilées seulement par la suite. On a l’impression que les choses sérieuses commencent un peu tard, et pour les plus impatients, on peut même ressentir un peu d’ennui pendant cette première heure et quelques.
L’identité du tueur, quant à elle, n’est pas franchement surprenante et bien cachée. En vérité, même une personne non férue d’énigmes pourrait déduire son identité, d’autant plus que certains indices et certaines pièces à convictions sont vraiment peu subtils, certaines d’entre-elles apparaissent même grossièrement à l’écran si on a l’œil un peu aiguisé. Le spectateur attentif peut dès lors comprendre une bonne partie du déroulement du film alors qu’il reste encore beaucoup de minutes au compteur. Finalement, ce que l’on peut trouver le plus surprenant sont tous les rebondissements et les révélations qui nous sont présentées une à une pendant le film, et non pas la révélation et le déroulement final, ce qui est une assez grande faiblesse du long-métrage puisqu’il s’agit tout de même du principe d’un whodunnit…
Au bout du compte, ‘Glass Onion’ est une suite qui malgré ses défauts quelque peu grossiers, reste de qualité et se montre drôle et surprenante, tout ce que les spectateurs ayant apprécié le premier film attendaient. C’est une pastiche et une version moderne des enquêtes que l’on peut voir dans les aventures, par exemple, de Hercule Poirot, référence qui est d’ailleurs revendiquée et assumée par Rian Johnson. La série de films est sans conteste un vent frais dans le cinéma policier et d’enquête, mais on ne peut s’empêcher de ressentir une pointe de déception ainsi que d’inquiétude. La suite est déjà moins appréciée -à juste titre- que son prédécesseur, et on peut déjà ressentir une sorte d’essoufflement dans ‘Glass Onion’. Est-ce que le réalisateur saura rebondir, se renouveler un peu et proposer de vraies scènes et déroulement chocs dans le troisième long-métrage ? Pour connaître la réponse, il faudra s’armer de patience : ‘A Couteaux Tirés 3’ n’a pour l’instant pas de date de sortie, et l’écriture du scénario a à peine débuté.
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