Shining, Christine, It, Stand by Me, Misery, Les évadés, La ligne Verte, Dead Zone, Carrie, Simetierre, la liste des romans de Stephen King adaptés au cinéma pourrait continuer tellement longtemps que ça finirait par nous lasser. Ses histoires glaçantes et pleines de frissons, elles, sont loin de laisser le spectateur indemne. En voici une nouvelle tentative avec « La Peau sur les Os », réalisé par Tom Holland, réalisateur (à ne pas confondre avec le jeune acteur connu pour s’être transformé en araignée). Le nom de Stephen King serait-il synonyme de qualité ?
Dans notre cas, clairement pas. Le romancier y tient d’ailleurs un petit rôle, ce qui n’est guère un bon signe. Il est connu que les adaptations validées par l’auteur ne dépassent jamais le pourcentage requis de divertissement et d’intelligence. Ce qui est sûr, c’est qu’à la fin de notre visionnage, le spectateur finit purement et simplement asséché de bêtise nanardesque, victime du crime de s’être perdu dans un film aux ambitions jamais respectées.
Il est assez dommage d’assister à un tel gâchis puisque si l’on se fie au pitch toujours accrocheur des récits de Stephen King, l’espoir de retrouver la force des idées du maître de l’horreur vaut à lui seul l’effort de voir toutes les adaptations cinématographiques qui ont été faites de ses œuvres. Malheureusement, dès les premières minutes de film, on se rend compte que l’affaire a été sabotée. Pendant 1h30, le spectateur subit un montage peu intéressant, qui montre tout, qui coupe à chaque début de dialogue, dont le rythme est sans cesse en décalage avec les enjeux du récit. Aucune tension n’émerge, pire, elle laisse sa place à l’ennui dans une troisième partie dénuée d’intérêt, longue et mal structurée.
Le spectateur, cherchant toute échappatoire possible, trouvera du réconfort du côté des effets spéciaux, moins pires que ce que l’on aurait pu craindre. Les prothèses qui grossissent le personnage et le maquillage le faisant maigrir marchent et offrent une véritable transformation physique, à défaut d’avoir la mentale. La bande originale est également appréciable, assumant tellement son côté too-much et cliché qu’elle finit par devenir efficace.
C’est exactement le contraire qui se passe dans le ton incertain du film, véritable problème donnant l’impression d’être dans une sitcom adaptée de l’univers de Stephen King. En plus d’être assez vulgaire et peu subtil, le long-métrage ne semble pas avoir été réfléchi au travers de sa réception du spectateur mais simplement dans une vision purement commerciale et « divertissante ». Les plus gros points négatifs plombant le film interviennent dès l’écriture du scénario. En effet, il y a un véritable flou sur l’intention des scénaristes et leur traitement de la question du surpoids et du coup, dans le même temps, de leur personnage principal Billy. Ce dernier n’a aucun conflit interne. Contrairement à ce que d’autres personnages et la mise en scène semblent insinuer, Billy ne souffre pas de son surpoids, au contraire, il est bien dans sa peau dès le début du film. Certes, il se pèse tous les jours mais ne souhaite absolument pas maigrir, dans l’obligation de suivre un régime pour faire plaisir à sa femme. Ce que l’on découvre être le nœud de l’intrigue, à savoir sa situation de famille vis à vis de son obésité et leur relation entre chacun d’entre eux (père-fille-mère) n’est jamais développé, ce qui condamne tous les évènements et réactions arrivant par la suite, que l’on croit sortis de nulle part. Puisque l’enjeu personnel de Billy n’est pas détaillé, le récit est contraint de s’appuyer sur des techniques de scénario dépassées pour faire avancer le film, que ce soit ce médecin toujours dans une opposition artificielle avec le héros, la hantise d’une tromperie de sa femme que l’on a pourtant toujours montrée aimante ou encore le retournement de veste incohérent du chef des gitans en Deus Ex Machina inacceptable.
Enfin, nous retiendrons toutefois des images d’horreur assez saisissantes (essuie-glace de sang après une séquence d’accident étonnamment brutale dotée de cuts bien placés ou encore la main trouée dévoilant l’œil) qui auraient pu vraiment marcher si la mise en scène suivait. Toujours plate et classique, elle n’aide jamais à maintenir un quelconque suspens ou à faire oublier les choix scénaristiques douteux. On peut en dire autant du jeu des acteurs, mauvais, exagéré et frôlant presque l’expressionnisme, dans le mauvais sens du terme.
Ainsi, « La Peau sur les Os » ressemble plus à un nanar qu’il faut visionner entre amis, prévenus et avec second degré. Toute la psychologie des personnages de Stephen King a disparu pour laisser place à des pantins désarticulés, perdus dans une histoire désorganisée et poussive. On retiendra tout de même un concept fort qui pourrait partager une vraie réflexion sur l’obésité et l’acceptation de soi-même. Ce sentiment de gâchis rappelle le récent Old de Night Shyamalan, film né d’une idée forte mais abandonnée au fur et à mesure de sa conception, jusqu’à devenir presque une parodie de son réalisateur. On n’en dira pas tant de Tom Holland, tout de même reconnu pour avoir réalisé 20 ans plus tôt « Jeu d’enfant », mettant en scène la poupée démoniaque Chucky… Qui sait, peut-être que l’un des producteurs est passé par là…en y imprégnant sa malédiction…
« La Peau sur les Os » est sorti en édition Collector Blu-ray + DVD depuis le 17 novembre 2022. C’est disponible ici
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