Le péplum est un genre cinématographique qui consiste à reconstituer des épisodes historiques ou mythologiques de l’Antiquité. Le premier péplum parait déjà aux prémices du cinéma, en effet on considère le court-métrage Néron essayant des poisons sur des esclaves produit par les frères Lumière et réalisé par Georges Hatot en 1896 comme le premier du genre.
Résumer l’historique d’un genre cinématographique n’es pas aisé, mais tentons, avec cet article, de refaire la petite histoire du Péplum.
Le Péplum face à l’arrivée du Parlant
L’arrivée du film parlant en 1927 bouleverse complètement l’industrie du cinéma américain. Le péplum, qui était déjà présent et populaire sous l’ère du muet voit alors sa force qu’étaient les acteurs et leurs réalisateurs incapables de continuer leur métier. On pourrait penser que cette révolution cinématographique met un réel coup d’arrêt à la production de péplums, mais le réalisateur Cecil B. DeMille redonne un nouveau coup de fouet à l’industrie en 1932 avec son film Le Signe de la Croix, le premier grand péplum parlant. Il avait par ailleurs réalisé Le Roi des Rois qui fut le dernier grand péplum muet.
Cecil B. DeMille ou le renaissance du Péplum
Cecil B. DeMille tient une place essentielle dans cette nouvelle ère. En effet, après ce premier film il enchaine avec Cléopâtre en 1934 qui a connu un grand succès où l’actrice française Claudette Colbert s’est illustrée. La Seconde Guerre Mondiale met un frein à la production de péplum, et c’est encore Cecile B. DeMille qui relance le genre avec Samson et Dalila en 1949, film à la production titanesque de 3 millions de dollars et aux effets spéciaux révolutionnaires. Le film s’impose directement comme une référence du genre et obtiendra deux Oscars. Le Péplum reprend donc du poil de la bête dans les années 50, mais le succès n’est pas toujours assuré comme le prouve le succès limité du film Les Derniers Jours de Pompéi réalisé par Ernest Schoedsack et Merian C. Cooper qui voit son succès au box-office contré par divers autres grosses productions.
L’âge d’or du Péplum
A la fin des années 1950 débute alors ce que l’on nomme communément l’âge d’or des péplums, les puissantes sociétés de production américaines telles la 20th Century Fox ou la MGM surfent sur cette vague en produisant des dizaines de péplums durant la décennie 1960. Ces péplums sont souvent cités comme étant les références du genre et sont aujourd’hui considérés comme des classiques du cinéma. On peut citer Quo Vadis de Mervyn Leroy en 1951, La Tunique d’Henry Koster en 1953 ou encore le fameux Ben-Hur de William Wyler en 1959. Il faut également citer le film Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille qui révolutionna le cinéma dans son entièreté en 1956. Durant cette période le genre devient extrêmement populaire, plusieurs grandes star d’Hollywood font partie de ces castings souvent impressionnants, tels Kirk Douglas, Charlton Heston et Yul Brynner. C’est également durant cette période sort un péplum majeur du nom de Spartacus, réalisé par Stanley Kubrick en 1960.
Un long déclin
Paradoxalement, c’est l’œuvre la plus titanesque du genre qui causera la fin de cet âge d’or. En effet le film Cléopâtre porté par la star Elizabeth Taylor en 1963 fut si titanesque qu’il causera la quasi-faillite de 20th Century Fox et marquera le déclin du Péplum dont les coûts pharamineux ne semblaient plus justifiés face à un nouveau cinéma qui arrivait et que l’on nommera le Nouvel Hollywood marqué par la sortie du film Le Lauréat en 1964.
Un long déclin s’amorce alors à la fin des années 60, ce genre ne sera plus « à la mode » durant presque 30 ans. Le public préférant les films du Nouvel Hollywood ou les films d’actions. Les gladiateurs musclés sont donc remplacés par d’autres hommes bodybuildés, et les femmes qui représentaient des figures fortes sont reléguées à des rôles de faire-valoir et de femmes en détresse. Quand on cite de cette période cinématographique il est difficile de ne pas penser à ces icônes de l’air Reagan que sont Sylvester Stallone ou Arnold Schwarzenegger.
Un genre malmené et parodié
Si Hollywood se détache du péplum, d’autres industries en prennent possession, notamment celle de la pornographie ou de l’érotisme. Si l’érotisme a toujours été plus ou moins présent dans les péplums (représentation de femmes désirables, hommes torses nu etc.), il en devient
dans les années 70 le sujet majeur. Cela n’est pas étranger à la révolution sexuelle que l’Occident connait à l’époque. On se sert donc du restant de popularité des péplums pour y intégrer de l’érotisme ou de la pornographie pour correspondre au désir de libération sexuelle de l’époque. Ces péplums décadents se déroulent généralement pendant les règnes d’empereurs fous et/ou sanguinaires comme Tibère, Néron et surtout Caligula. On y fantasme des orgies, le libertinage ou sadomasochisme, créant par la même occasion certains clichés encore tenaces aujourd’hui. Les plus grands exemples de cette période est Caligula réalisé par Tinto Brass en 1979 qui est érotique ou pornographique selon les montages, ou encore Le Satyricon de Federico Fellini qui aura la particularité d’aller bien plus loin que l’érotisme pour offrir une œuvre profonde comme le réalisateur en a l’habitude.
Le péplum est donc peu populaire et est aussi moquer, ou en tous cas ses codes le sont comme l’illustre parfaitement le film Monty Python : La Vie de Brian de Terry Jones en 1979 et qui deviendra très populaire.
Années 2000 : Un certains renouveau du genre
C’est au début des années 2000 qu’une renaissance du Péplum a lieu avec Gladiator de Ridley Scott, mais on ne peut néanmoins pas parler d’une nouvelle ère, ou en tout cas en rien comparable avec celle que nous avons évoqué plus tôt. On observe néanmoins une recrudescence de films se déroulant à l’Antiquité tels Alexandre d’Oliver Stone, Troie de Wolfgang Petersen ou encore 300 de Zack Snyder. Les séries devenant de plus en plus populaires, certaines ont comme sujet le péplum, on peut citer Rome et Spartacus. Néanmoins cette « mode » semble désormais terminée, les péplums ont laissé place à l’Héroic Fantasy, qui semble être en quelque sort « le péplum du 21ème siècle ».
Le cinéma, par ses évocations du passé, est une chose admirable. Je n’aurais pas cru que le cinéma eût été capable de reconstituer avec un soin aussi jaloux les événements de l’Antiquité ! et je fus émerveillé.
Auguste Rodin.