? Réalisateur : Max Pécas (La main noire; Les mille et une perversions de Felicia; On se calme et on boit frais à Saint-Tropez)
? Casting : Ivan Desny (Le mariage de Maria Braun; La bataille de San Sebastian), Elke Sommer (Quand l’inspecteur s’emmêle; Matt Helm règle son comte); Danik Patisson (La blonde et les nus de Soho; Les premiers outrages)
? Genre : Drame/Espionnage
? Sortie : 28/04/1961 en Allemagne de l’Ouest
Synopsis : Une mannequin de passage à Rome pour faire une série de photos se retrouve mêlée à une histoire d’espionnage après que des agents aient caché un microfilm dans ses affaires.
Tout d’abord, sans être l’un de ses représentants, il faut souligner que c’est la Nouvelle Vague française et son absence de gros moyens qui convinquirent Max Pécas de tourner ses propres films. Par association on peut alors remarquer que son 2è film arrive à peine après les premiers essais de Jean-Pierre Mocky (Les dragueurs (1959) ) ou encore Claude Chabrol (Le beau Serge (1959) ). Ce détail aura de l’importance par la suite.
En se basant sur un roman de Walter Ebert qu’on pourrait facilement assimiler à la série SAS (soit une importante série littéraire d’espionnage dont les spécialité sont le sexe et des intrigues violentes), Max Pécas en profite pour déjà établir les canons de son cinéma : les jolies filles que l’on dénudera en fonction de l’intrigue, une bande originale populaire (« pop ») composée à ce moment là par Charles Aznavour qui s’illustre déjà en tant qu’acteur dans certains films de la Nouvelle Vague (Au choix Tirez sur le pianiste (1960) de François Truffaut ou encore Les dragueurs de Jean-Pierre Mocky dont on n’oublie trop souvent que ses débuts se sont fait à cette période inédite du cinéma français.)
Reprenant un schéma classique du film d’espionnage, à savoir la récupération d’un micro-film par des agents représentant soit le bloc de l’Ouest ou de l’Est, ou encore d’agents doubles, le film tente une gentillette parodie d’un genre très en vogue alors, ne serait-ce que par la popularité de l’agent Hubert Bonisseur de La Bath qui n’a pas attendu Michel Hazanavicius pour exister, et dont les aventures constituaient déjà les limites du genre.
Pour entamer les détails qui fâchent, De quoi tu te mêles, Daniela ! est une parodie qui n’assume jamais son statut, semblant vouloir trop s’attacher au sérieux des œuvres canons du genre pour arriver à s’en détacher. Seules 2 ou 3 séquences pourront nous faire toucher du doigt la décomplexion dans laquelle l’œuvre tente de se construire. Le réel problème est que Max Pécas ne souhaite pas sortir des jalons du genre et épouse totalement les codes de l’époque, sans jamais s’appuyer sur son personnage principal, Daniela, interprétée par une Elke Sommer au panthéon de son art dans l’interprétation d’une « cruche » totale (comme elle se définira elle-même dans le film).
Alors que l’art de la parodie réside souvent dans le fait de prendre un genre au 1er degré et y injecter le grain de sable qui empêche la bonne marche de l’entreprise envisagée, Elke Sommer, qui endosse ici le rôle du grain de sable n’est jamais réellement vue comme telle. Elle restera durant une bonne partie de De quoi tu te mêles, Daniela ! comme l’élément exotique à déshabiller à tout prix, en simple contre-pied à une fraction du cinéma de genre de l’époque.
Cependant il faut admirer avec quelle précision, Max Pécas colle aux stéréotypes de l’époque, ne faisant pas de son film un agent solitaire du cinéma d’exploitation d’alors, mais un objet de cinéphile conscient du genre de films dans lesquels il met les pieds et tentant de ne pas s’y soustraire afin de livrer à la fois un film dans les clous ; mais qui lui ressemblerait dans un même temps. Un défaut qu’il saura gommer par la suite.
Il faut également saluer chez le cinéaste ses ambitions cinéphiliques. Si ses citations sont assez voyantes, elles sont, somme toute, cohérentes avec le matériau à aborder. Ainsi la plupart de Mais de quoi tu te mêles, Daniela ! est intéressant à interpréter comme une parodie directe des Enchainés de Hitchcock dont Max Pécas était un grand fan. Que ce soit l’utilisation de plans débullés ou un (court) gros plan sur le visage de Elke Sommer, à l’instar de celui présent sur le visage de Ingrid Bergman dans Les Enchainés. Tout nous pousse à nous référer au cinéma Hitchcockien paranoïaque de la fin des années 40, en cela aidé par le directeur de la photographie André Germain à qui l’on doit la photo de différents films de Christian-Jacque, Henri Verneuil, Henri Decoin ou encore Henri Diamant-Berger (même si l’on devra par pure honnêteté intellectuelle signaler une scène de confrontation entre 2 espions dont la lumière n’a strictement aucun sens. Mais le Noir et blanc reste très beau dans ce film.)
Note
5/10
Sans être honteux, « De quoi tu te mêles, Daniela », 2è film dans la filmo de Max Pécas, est suffisamment annonciateur de son cinéma pour être qualifié de personnel, sans non plus être le concentré de cinéma d’exploitation dont le cinéaste fera preuve par la suite. Il reste un visionnage agréable pour voir où se situe la France à cet époque dans le cinéma d’exploitation. A recommander autant aux adeptes de l’archéologie qu’aux cinéphiles.
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