Le Duel est une rubrique en partenariat avec Le Drenche. Chaque vendredi chez eux, et chaque samedi ici, deux rédacteurs de Ciné Maccro confrontent leur avis, positif ou négatif, sur un film !

Star Wars épisode VII : Le Réveil de la Force, film de science-fictin américain de 2015, réalisé par JJ Abrams, avec Daisy Ridler, John Boyega, Harrison Ford et Adam Driver

Synopsis : Plus de 30 ans après la bataille d’Endor, la galaxie subit toujours la tyrannie et l’oppression. Les membres de l’Alliance rebelle, devenus la « Résistance », combattent les vestiges de l’Empire devenu Premier Ordre. Un mystérieux guerrier, Kylo Ren (Adam Driver), semble vouer un culte à Dark Vador et pourchasse impitoyablement tout opposant. Au même moment, une jeune femme nommée Rey, (Daisy Ridley) pilleuse d’épaves sur la planète désertique Jakku, va faire la rencontre de Finn (John Boyega), un Stormtrooper en fuite. Cette rencontre va bouleverser sa vie…


Le Pour

ANTOINE C.

De l’art délicat de relancer une franchise

Parler de Star Wars, c’est s’attaquer à un mythe face auquel la prudence est de mise. Objet de culte sans égal, la saga a souffert d’une prélogie décevante pour les fans, ce qui poussera George Lucas à arrêter les frais et vendre Lucasfilm à Disney en octobre 2012. Ils annoncent par la même occasion un 7e film, aux alentours de 2015.

Comment relancer une franchise lorsque son créateur n’est plus là ? C’est tout le dilemme qui incombait à JJ Abrams. En effet, le réalisateur new-yorkais devait trouver le compromis entre tradition et modernité, entre faire de son Star Wars une oeuvre à part entière mais qui trouve naturellement sa place dans la saga. Le choix de reprendre une structure calquée sévèrement sur le premier Star Wars n’est donc pas anodin : comme un renouveau, JJ va proposer une réécriture des bases afin de faire le lien entre les deux univers. C’est en revenant au plus près de la source originelle que JJ va insuffler à la nouvelle trilogie qu’il commence le souffle de s’émanciper de ses augustes aînés.

Le manque de risque du film lui fut reproché. Pourtant, au regard des événements passés, cela semble cohérent. Là où la prélogie s’était principalement ratée, c’est en laissant de côté les fans de la première heure par ces trop nombreux changements (Star Wars 8 sera la preuve finale que le changement dans cette saga est une chose à proscrire aux yeux des fans). C’est une vraie volonté de réconciliation que propose Star Wars, réunissant toutes les générations vers un futur commun.

Outre cet hommage, il faut quand même que le film ne se contente pas de la vague copie. C’est là que réside le paradoxe ; les anciens ne sont finalement que prétexte, quand ces derniers ne se contente pas de juste toucher un chèque (ah, Harrison…), les nouveaux eux construisent leur légende. Si l’écriture du métrage est stéréotypée, on peut notamment ressortir une Rey qui constitue un des personnages les plus emballants de l’industrie du blockbuster.Que reste-t-il alors ? Hommage agréable, qui convient aux fans et aux néophytes, c’est un pari réussi que de relancer la machine pour Abrams. Simple, efficace, il ouvre une nouvelle ère Star Wars, en réalisant comme il faut les ponts avec ses origines. De l’art délicat de relancer une franchise, JJ aura réussi à offrir un des blockbusters les plus agréables de ces dernières années.


LE CONTRE

THOMAS G.

La nostalgie comme masque du conformisme

Au moment du rachat de Lucasfilm en 2012 pour la pharaonique somme d’environ 4 milliards de dollars, Disney sent bien qu’elle tient là une poule aux oeufs d’or, notamment par l’entremise de la saga Star Wars, vaisseau-amiral de la pop culture et objet de vénération depuis maintenant plus de trente ans. Et si l’on reconnaîtra volontiers la prise de risque opérée par la firme en relançant une saga aussi sacralisée, sa première tentative, le Star Wars VII de J.J. Abrams, a confirmé ce qui semble être la donne actuelle : l’abandon de l’ambition artistique et créative au profit d’un élan nostalgique garantie de succès financier.

J.J. Abrams a beau se démener pour insuffler au long-métrage son style si reconnaissable, il n’est que le dindon de la farce, la marionnette de banquiers frileux de froisser les fans de la première heure en leur proposant de la nouveauté, et qui ont ainsi cru bon de ne livrer qu’une version actualisée de la trilogie originale. Si quelques modiques détails viendront apporter de l’eau au moulin des défenseurs du film, le squelette lui, est incontestablement le même, et les archétypes sont diamétralement identiques : l’héroïne/héros au passé brumeux promis(e) à un grand destin, le pilote casse-cou, l’antagoniste tiraillé par son passé, l’Empereur maléfique… Tout est fait dans Star Wars VII pour rappeler les épisodes de la trilogie originale, y compris dans ses décors, et la ressemblance, frappante, n’est pas excusable en tant qu’oeuvre cinématographique ou qu’épisode de saga.

Bien sûr, Star Wars est un mastodonte qui appelle à la précaution dans son traitement, tant ses aficionados sont timorés, l’Épisode VIII et la prélogie l’ont prouvé, à l’idée de voir leur saga évoluer. Mais un empire financier tel que Disney n’aurait-t-il pas les moyens d’une prise de risques ? Auraient-ils réellement à craindre d’un échec critique, qui de toute façon ne contrebalancerait pas un succès financier colossal du fait de l’aura de la saga ?

Outre l’aura de l’appartenance à une franchise, Star Wars VII reste un film moyen, aux enjeux, péripéties et personnages quasiment calqués sur ceux de la trilogie originale, cadenassant toute ambition de son réalisateur de créer une oeuvre nouvelle et rafraîchissante qui aurait lancé cette nouvelle trilogie sur de galvanisants rails. Disney, cédant à la pression des fans, tétanisé par la peur de l’échec, a imposé à une saga autrefois novatrice un triste conformisme et son pire dessein au blockbuster actuel.


Bande-annonce

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