Combinez la pluie, le vent, le ciel gris, le départ des festivaliers du weekend et vous vous retrouvez avec la file d’attente la plus courte que vous ayez vu à Deauville pour un film du matin. Baisse drastique d’audience en ce lundi 9 septembre. Heureusement qu’on retrouve les lycéens sur les premières volées de fauteuils.
Bang Bang (Compétition)
Bang Bang est le quatrième film de son réalisateur, Vincent Grashaw, et ça se voit. Au milieu de tous ces premiers films qui se cherchent encore, qui osent, qui ratent, qui réussissent, Bang Bang nous apparaît plus maîtrisé, propre et confiant. Et c’est… quand même frustrant. Il manque malgré tout cet éclat de folie qui surprend, cette naïveté qui impressionne, cette vigueur qui nous fait nous dire “celui-là, je vais le revoir”. Alors forcément, et même si Tim Blake Nelson est incroyable, on passe poliment à côté de ce film de boxeurs déchus, malgré un potentiel prix qui tombera pour celui-là. La journée commence tout de même mieux qu’hier !
The Scool Duel (Compétition)
Suite du festival de Deauville avec la projection du sixième film en compétition : The School Duel. Dans un futur proche, en Floride, le contrôle des armes a été aboli. Pour réguler les school shootings, l’état organise un “jeu” très sérieux et organisé entre les différentes écoles : les élèves se tirent dessus et le dernier en vie gagne un paquet d’argent.
Vous avez vu Battle Royale ou Hunger Games ? Ici, c’est la même chose avec Oscar de The Office. Le réalisateur est venu timidement présenter son film et ça ne donne pas envie de détruire son travail. Sauf que c’est gênant et incohérent. Retenons, à la moitié du film, 20 secondes complètement scandaleuses : un gosse se lève enfin sur le champ de bataille. Alors, on a un ralenti et une musique de rap qui pousse l’épique à son paroxysme. On est envahi d’un sentiment de satisfaction devant le “héros”… qui va foutre une balle de fusil à pompe dans la gueule d’un autre gamin qui n’a rien demandé. Un tel contre-sens au propos est inadmissible et inexcusable. Honteux. On est sorti de la salle le poing serré.
The Last Stop in Yuma County (Première)
Heureusement que The Last Stop in Yuma County est venu détendre nos nerfs. L’année dernière, LaRoy de Shane Atkinson avait embarqué la majorité des prix. On tient là comme le LaRoy de cette année : un western moderne décalé, entre les Coen et Tarantino. Les coups de feu sont jouissifs et la salle n’a pu réprimer son enthousiasme. On pourrait juste lui reprocher sa fin, notamment la rupture de ton du dernier quart d’heure : après tant d’éclats de rire et de décalage, ça devient trop dramatique, mais bon… Après avoir retrouvé Eric Van Der Woodsen en flic bien trop investi, c’est Carter Baizen (Sebastian Stan) qui, ce soir, vient récupérer son prix du Nouvel Hollywood sur la scène du CID.
A Different Man (Première)
Premier coup de cœur du festival de Deauville. A Different Man renvoie au cinéma de Todd Haynes (surtout à May December) en faisant dans le thriller malsain qui nous fait rire quand même. Impossible à résumer, ce film surprend et entraîne le spectateur toujours plus profondément vers un malaise presque agréable, en jouant de nos certitudes naïves pour créer de multiples surprises déstabilisantes. C’est vicieux, les personnages jouent les uns avec les autres sur fond de musique intrigante et crash-zooms. Tous les acteurs sont exceptionnels, comblant les petites facilités de scénario qui sautent aux yeux. Le lundi 9 septembre 2024 se termine en beauté, au Festival du Cinéma Américain de Deauville…
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