Après avoir fait l’ouverture de la sélection Un Certain Regard au Festival de Cannes, When The Light Breaks était projeté ce mercredi en compétition au Festival du film romantique de Cabourg. Nouveau long-métrage de son réalisateur Rúnar Rúnarsson, le film islandais avait reçu un bon accueil de la part du public cannois. Qu’en pensera le public normand ?

Le jour se lève sur une longue journée d’été en Islande. D’un coucher de soleil à l’autre, Una, une jeune étudiante en art, rencontre l’amour, l’amitié, le chagrin et la beauté.

Moins parler pour plus ressentir

Le film s’ouvre sur un coucher de soleil au bord de la mer, sublimement capturé par la caméra de Rúnar Rúnarsson. On découvre sur la plage, Una (Elín Hall) et son amant Diddi (Baldur Einarsson) qui semblent vivre une relation secrète. Ils se promettent de la dévoiler au grand jour et de pouvoir vivre leur amour sans plus avoir à se cacher. S’ensuit un travelling troublant dans un tunnel qui précède un drame qui va venir tout bouleverser.

Le récit ne laisse que très peu de place aux dialogues. Alors bien sûr les personnages partagent des moments, des souvenirs, des anecdotes, cependant ils ne parlent que très peu de ce qu’ils ressentent, ou en tout cas pas avec des mots. En effet, tout passe par le non verbal des acteurs qui permet de faire passer les émotions de la manière la plus pure et sincère possible. Ce procédé est encore plus appuyé concernant le personnage principal Una. Son regard dit tout et laisse deviner ce que les mots ne peuvent pas exprimer. Prise entre le chagrin et la suffocation d’un non-dit, la jeune femme est perdue et ne sait quoi ressentir. Malgré toute cette confusion, le film arrive à nous mettre à sa place et à nous immerger dans ce brouillard d’émotions qu’elle traverse.

Elín Hall dans When the Light Breaks
Elín Hall dans When the Light Breaks © Compass Film

Une mise en scène au service des émotions

Pour nous faire vivre ce qu’Una ressent, Rúnar Rúnarsson décide de filmer quasiment constamment en gros plan. On est au plus près des personnages et avant tout du personnage interprété par Elín Hall qui livre d’ailleurs une performance pleine de sincérité et de pureté. On peut souligner la brillante direction d’acteur de la part du réalisateur islandais qui arrive à nous faire ressentir l’union et le soutien indivisible entre les personnages. Tout le casting joue extrêmement juste et nous permet également d’être plongé dans le récit et de le vivre. Le spectateur devient un personnage et fait partie de cette bande d’amis qui traverse un drame collectif.

La mise en scène de Rúnar Rúnarsson parle beaucoup. En effet, le film est presque essentiellement filmé en plans fixes très serrés ou avec des travellings très précis et minutieux qui appuient la froideur du récit et l’étouffement des personnages face à ce qu’ils traversent. Cependant le réalisateur islandais décide de filmer certaines scènes en opposition avec le reste du film. Soit avec une caméra à l’épaule plus mobile, soit avec des travellings beaucoup plus libres et aériens, le film prend de temps à autre de la hauteur par rapport à ce qu’il se passe et laisse ses personnages (et ses spectateurs) respirer.

Un des plus gros atouts du film reste sa maîtrise visuelle. Chaque composition de plan est parfaite et chaque décor est sublimé par un travail minutieux de la lumière. La beauté des couchers de soleil permettent de montrer l’Islande sous son meilleur jour. Rúnar Rúnarsson délivre un film aussi beau dans la forme que dur dans le fond.

Un bijou visuel (mais pas que) qu’il ne faudra pas rater à partir du 18 décembre dans nos salles françaises.

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