Depuis l’annonce du projet, il faut bien avouer que personne n’y croyait vraiment. Recycler d’anciens vilains anecdotiques, dont certains n’avaient jusque-là été vus que dans les séries, ne laissait présager rien de bon. Pourtant, contre toute attente, Thunderbolts* est un bon film, divertissant, efficace et parfois même émouvant. Tout ce que l’on peut espérer d’un Marvel, comme à l’ancienne.
Un récit qui a les pieds sur terre
Il n’y a toutefois rien de nouveau ni de surprenant dans sa narration : celle-ci reprend une structure classique, vue et revue. De l’expérience scientifique ratée au Pygmalion qui se rebelle contre sa créatrice, Thunderbolts* ne cherche jamais à révolutionner l’industrie super-héroïque par ses idées, mais bien à revenir à l’essentiel — cette sincérité qui nous faisait tant apprécier les premières productions Marvel.
Le secret de cette efficacité réside évidemment dans l’écriture, plus rigoureuse, parfois maladroite, mais toujours généreuse dans ce qu’elle propose à son spectateur. Le récit se recentre sur ses personnages, et non sur l’omniprésence de l’action dictée par un cahier des charges. Adieu le multivers et les guerres galactiques : le conflit est d’abord intérieur, et se replace sur Terre, avec une vraie exposition des enjeux, pour notre plus grand plaisir.
Un propos nécessaire
Là où Thunderbolts* se distingue des récents films Marvel, pour la plupart ratés, c’est qu’il possède un vrai sujet, et que tous les éléments scénaristiques sont pensés dans le but de le renforcer. Ici, on parle de l’importance de la santé mentale, et plus particulièrement de la dépression, une thématique rare dans le genre super-héroïque. Encore plus lorsqu’il est adressé à un public aussi jeune que celui de Marvel. Sans atteindre la puissance d’un Everything Everywhere All at Once, l’intrigue s’appuie sur le pouvoir de l’un de ses personnages pour livrer un véritable propos, tout en brouillant constamment les frontières entre le bien et le mal, apportant une nuance bienvenue.


De très beaux personnages se démarquent et redonnent, pour la première fois depuis longtemps, l’envie aux spectateurs de les suivre dans de futurs films. C’est le cas du personnage de Florence Pugh, la nouvelle Black Widow, qui porte le film sur ses épaules et s’impose comme une leader naturelle, ou de Bob, mystérieux intrus maladroit qui se révèle de plus en plus attachant. Le récit délaisse tout de même certains membres de l’équipe. À l’image de Ghost, presque réduite à de la figuration, son histoire étant bien moins étoffée que celle des autres. Un léger déséquilibre que l’on pardonne volontiers, tant la dynamique de groupe est amusante.
Une recette gagnante ?
La réception positive de Thunderbolts*, présenté comme le grand retour des Marvels dignes de ce nom, interroge sur les raisons d’un tel succès. L’une des premières explications tient à l’équipe du film, que Marvel a d’ailleurs largement mise en avant dans sa communication. Elle réunit de nombreux techniciens issus du studio A24, plébiscité pour son exigence artistique et ses choix cinématographiques plus audacieux. Et cela se ressent : Thunderbolts* bénéficie d’une belle photographie, parfois même de véritables idées de mise en scène. Le montage, signé par un monteur ayant notamment œuvré sur Minari, se distingue par son efficacité : le rythme des blagues, le découpage de l’action… tout tombe juste, avec une précision qui ferait rougir bien des productions Marvel récentes. L’humour et la brutalité émergent naturellement des situations, sans être forcés. Seul le Red Guardian demeure encore un peu trop bavard, mais bien moins que ce que l’on pouvait redouter.

Enfin, il est vraiment appréciable de constater que Marvel semble avoir pris conscience de sa place dans la culture pop. En effet, il se permet désormais de jouer avec l’imaginaire collectif, autant avec ce qu’il a lui-même instauré (comme la tour oubliée des Avengers) qu’à travers des clins d’œil réussis à d’autres œuvres, notamment Terminator. Lorsqu’ils sont bien dosés et bien exécutés, ces hommages sont jubilatoires. Et on en redemande.
Ainsi, Thunderbolts* s’impose comme un bon Marvel, rafraîchissant, sincère, et porté par une vraie volonté de dire quelque chose. C’est une adaptation fidèle à l’esprit des comics, dans laquelle on sent que les scénaristes se sont réellement interrogés sur la manière de représenter à l’écran un antagoniste comme The Void, non pas uniquement dans une optique spectaculaire, mais avant tout pour toucher le spectateur.
Ce n’est peut-être pas l’équipe que l’on attendait, mais elle pourrait bien devenir celle que l’on retiendra.
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