Alors qu’Andrea suit sa vie de jeune adulte, elle sent une présence qui la hante, mais invisible à l’œil nu. Une sensation déjà vécue par d’autres femmes il y a vingt ans, à dix kilomètres de là.
Une base très classique…
Encore une histoire de fantôme tourmentant une jeune femme et l’isolant de ses proches. De prime abord, cela sent le réchauffé ou le déjà-vu. Et il faut reconnaître que c’est un peu le cas. Avec son film, Pedro Martín-Calero ne semble pas chercher à révolutionner le film d’épouvante. The Wailing va suivre dans un premier temps Andrea, qui s’aperçoit qu’une entité la suit et s’en prend à ses proches. Un être invisible à l’œil nu, mais qui se révèle à travers les écrans. Et c’est dans cet aspect que l’œuvre peut se démarquer un peu. Le cinéaste va jouer avec les écrans et distiller, par instants, des indices ou de petits éléments pour faire monter la tension.
Dans une seconde partie, le long-métrage nous révèle qu’une autre femme, Marie, a vécu la même expérience il y a vingt ans. Ainsi se pose la question pour le spectateur : comment cette entité pourra-t-elle être filmée à une époque où les téléphones et écrans ne sont pas constamment présents ?

…mais bien traitée
Une menace invisible, constamment présente, détruisant psychologiquement les femmes, telle une épée de Damoclès, symbole des violences faites aux femmes. Un sujet de société important et malheureusement trop récurrent de nos jours. Combien d’affaires ont démontré la difficulté pour les victimes de se faire entendre, ou ne serait-ce que considérées ? Combien de fois avons-nous eu vent de féminicides où l’on apprend par la suite que la défunte avait déjà alerté ses proches ou les autorités un nombre incalculable de fois ?
C’est là que The Wailing démontre son intelligence et sa justesse. Tout au long du film, nous suivons des femmes cherchant désespérément de l’aide, mais n’obtenant en retour qu’une inquiétude pour leur état mental. Des femmes qui ne sont jamais écoutées, jusqu’au moment d’un drame irréparable.
L’autre aspect passionnant du film est son rapport avec les écrans et les images. Comme indiqué au début, cette entité n’est visible qu’uniquement via des écrans ou des enregistrements. Les récentes affaires ont démontré que les femmes victimes de violences ne sont crues qu’à partir du moment où des preuves irréfutables, comme des vidéos ou des photos, sont montrées (et encore, certains continuent toujours de nier les faits). Par là, le film montre la puissance des images et leur capacité à dévoiler la vérité aux yeux du grand public.

Ça manque d'horreur
Malheureusement, malgré toutes ces qualités, The Wailing souffre d’un défaut récurrent des premiers longs-métrages. Pedro Martín-Calero a voulu trop en mettre. Quand bien même la première partie sur Andrea est maîtrisée, avec une tension constante, la seconde est beaucoup trop longue. Il passe énormément de temps à suivre Camilla, une étudiante en cinéma qui devient obsédée par Marie, retardant une scène de révélation que le spectateur a déjà devinée plusieurs dizaines de minutes auparavant. Cela crée juste un ventre mou, perdant l’attention du spectateur et noyant son propos.
À cela s’ajoute un casting bien trop inégal (surtout les acteurs et actrices français·e·s qui jouent constamment faux). Quand bien même le film parvient à proposer quelques bonnes idées de réalisation dans ses scènes de tension, le tout manque d’épouvante et de peur. Dommage pour un film traitant d’un sujet si intéressant.
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