Tandis que Black Phone était venu terrifier les spectateurs au début de l’été dernier, il est temps de revenir sur Sinister le meilleur film de son auteur Scott Derrickson, ce dernier avait déjà signé Hellraiser 5 : Inferno (2000), L’Excorcisme d’Emily Rose (2005), Le Jour où la terre s’arrêta (2008), sans compter son passage dans le MCU avec le très novateur Docteur Strange (2016). On peut dire qu’il possède un sacré bagage dans le genre surnaturel/horreur et Sinister est une excellente entrée dans son cinéma et nous permet d’identifier son style.
Sorti en 2012 dans les salles obscures, avec Ethan Hawke dans le rôle principal, Sinister se penche sur Ellison Oswalt un écrivain qui pour renouer avec ses succès d’antan, emménage avec sa fille dans une maison où une famille fut retrouvée assassinée sur les lieux, afin d’écrire sur cette horrible histoire. En partant d’un pitch pareil, il était évident que les frissons seraient au rendez-vous, et effectivement sursauts et haut le cœur sont à prévoir.
Le film s’ouvre sur une introduction des plus glauques et Scott Derrickson ne va pas s’arrêter là, nombreux sont les moments où le spectateur sera confronté au même titre que notre héros écrivain, à des images sordides, Derrickson pose ici les bases de son cinéma. Une enquête de police, des disparitions mystérieuses et des meurtres, tous ces éléments sont secondaires, le réel intérêt ici et de suivre Ellison dans les retranchements de son enquête, le voir découvrir des éléments tous plus inquiétants les uns que les autres et se laisser aveugler par son désir de connaître à nouveau le succès. Mais les mystères trouvent des réponses et pas forcément les plus attendues. En dehors de son approche sinistre, de son ambiance nocturne et sordide, tant les influences sont visibles (on est pas loin d’un Shining par exemple), le scénario nous offre quelques révélations. Il y a de la générosité dans l’aspect surnaturel, même si ça arrive beaucoup trop tard dans le récit pour que ça puisse être développé correctement, une certaine entité rôde subtilement, mais elle fait son effet et son apparence fantôme risque de hanter nos cauchemars, notamment quand elle apparaît mine de rien sur l’ordinateur de Ellison.
Sans compter toutes les apparitions fantomatiques qui rôdent dans la maison, c’est certain Scott Derrickson a bien compris comment nous effrayer avec originalité. Seul défaut, tout ce qui gravite autour de Ellison manque de développement, notamment la famille de l’écrivain. Ils sont concernés autant que lui par le danger omniprésent qui règne sur les lieux, mais ils sont limités à quelques petites scènes, pourtant le scénario tente de leurs laisser de la place. Le fils aîné est victime de terreurs nocturnes, quand à la fille ce sont ses peintures sur les murs qui parlent pour elle, mais encore une fois le film n’a pas le temps de s’attarder sur ces éléments secondaires et c’est un tort. Voilà où ça pose problème, l’enquête qui doit servir de sujet au nouveau roman d’Ellison ouvre un bon nombres de pistes qui auraient pu rajouter une mythologie ou simplement plus de scènes terrifiantes, mais encore une fois pas le temps de tout développer et en reste un Ethan Hawke en proie aux fantômes et aux hallucinations.
Malgré ses défauts, Derrickson a fait de Sinister l’un des meilleurs films d’horreur de ces dix dernières années, de part son ambiance qui ne présage rien de bon, ainsi que grâce à un Ethan Hawke investi et au dénouement assez inattendu qui fait vraiment froid dans le dos, même si maladroitement amené dans les dernières minutes par une logique qui tient à peu près la route et il faut avouer que la fin va à l’encontre de tous les dénouements classiques des films d’horreur d’aujourd’hui où tout est beaucoup trop prévisible. C’est peut-être aussi pour cette raison que Sinister est marquant : son audace. Après tout c’est aussi à Blumhouse que nous devons l’excellent Insidious (2010), train fantôme entre une dimension maléfique et le monde réel, réalisé par un autre réalisateur de renom dans le genre : James Wan. Insidious faisait également preuve d’un gros savoir faire pour installer une tension et se saisir des peurs primaires de chacun et établir un univers aux forces obscures, et souvenez vous du dernier plan qui en a fait bondir plus d’un de son siège.
Preuve en est que le grand manitou du studio Jason Blum a toujours su embaucher les meilleurs artisans du genre pour aboutir à des productions de qualité qui marquent le public. Sinister est inquiétant, terrifiant du premier au dernier plan et il est peut être légèrement mésestimé et sous-côté aujourd’hui, il est donc urgent de découvrir, ou redécouvrir cette pépite du genre, avant de se retrouver face à la ridicule suite mise en scène par Ciaran Foy qui elle en revanche ne vaut pas le détour, mais restons positif pour le moment.
Le film est disponible sur Amazon Prime
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