Silence, film américain de 2017 réalisé par Martin Scorsese avec Andrew Garfield, Liam Neeson, Adam Driver.
Silence, c’est pour Martin Scorsese un de ses nombreux projets inachevés qu’il a finalement réussi à porter à l’écran (comme l’ont été La Dernière tentation du Christ ou Gangs of New York). Mais là, c’est du niveau Apocalypse Now ! Voilà 25 ans que le cinéaste cherche à adapter cette oeuvre de Shūsaku Endō, qui narre le voyage de deux prêtres jésuites pour retrouver le père Ferreira, leur père spirituel qu’on dit perdu de la religion, et pour répandre la parole chrétienne à travers le Japon.
Le film suit en majeure partie le périple du père Rodrigues (Andrew Garfield) à travers un Japon qui a déclaré le christianisme illégal et persécute ses pratiquants. Il fait alors face, notamment par l’utilisation d’une voix off (du Scorsese dans le texte), à ses atermoiements et ses doutes quant à un Dieu qu’il voit laisser souffrir les misérables. Le sujet en lui-même est déjà assez particulier car traiter de la religion n’est pas chose aisée. Si le film ne nécessite pas forcément que vous soyez un chrétien convaincu, il vous faudra à certains moments une certaine dose d’ouverture d’esprit pour parvenir à comprendre les décisions et motivations des personnages. Scorsese à mon sens ne parvient à se défaire de ce carcan et plonge à quelques moments le film dans une morale douteuse quand on sait les horreurs commises par l’Eglise.Même s’il est intéressant de voir évoquées les notions de sacrifice ou de dévouement, à travers un père Rodrigues et sa foi aveugle en un Dieu qui s’adresse directement à lui, il est difficile de s’y accrocher. Ce n’est définitivement pas l’histoire qui vous tiendra en haleine, la longueur du film (2h41) n’aidant pas.
On dénote là un syndrome The Revenant ou Apocalypse Now, où le film se dote d’ambitions énormes tout en proposant une quête mystique. Mais contrairement à Innaritu, Scorsese ne parvient pas ici à élever son film au-delà de son postulat de base, parce que rien ni personne n’est à la hauteur des ambitions que le réalisateur cherche à donner à son film. Bien qu’excellent et barbu, Andrew Garfield n’a pas les épaules assez fortes encore pour tenir un film de cette ampleur, et ce n’est certainement la présence sporadique d’Adam Driver qui l’y aidera (voir un périple commun aurait sans doute été plus intéressant). On pourra certes saluer un travail de photographie intéressant, on sent que Martin Scorsese s’est fait plaisir, les environnements et le cadre sont magnifiques. Mais cela ne suffit pas, et le film s’épuise à vouloir montrer toute sa ferveur et son ambition. Pour le coup, c’est un pétard mouillé…
A la sortie de ce film, j’ai le regret de me dire que l’ami Marty est passé à côté de ce projet qu’il nourrit depuis des décennies. Influencé par le travail de Kurosawa, le film ne parvient malheureusement jamais à se défaire de son schéma de base ou tout du moins à l’élever. Le film laisse donc un goût d’inachevé et en même temps de profond désarroi face à sa longueur certainement inutile, qui le dessert complètement. Le film vous ennuiera, vous endormira peut-être. En ce qui me concerne, j’en sors avec l’impression d’un immense gâchis.
Note : 6/10
Moyenne IMDb :7,5/10
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