Attention, cette critique peut contenir des spoilers

Les origines d'une saga qui fait du bruit

Sans un Bruit est une saga qui a su faire parler d’elle et qui a réussi à se créer une place dans le monde du cinéma d’horreur moderne. Partant d’un concept simple mais pourtant extrêmement efficace, le bruit comme menace mortelle, elle est parvenue à faire frissonner ses spectateurs, en particulier avec un premier opus particulièrement salué par le public. L’une des forces du premier film résidait dans le mystère qui l’englobait, plongeant directement le spectateur dans une ambiance post-apocalyptique peuplée de créatures aveugles mais sensibles au moindre son, sans jamais expliquer l’origine de cette menace, ni jamais évoquer la vie « avant » cette invasion.

C’est là qu’intervient Sans un bruit: Jour 1, préquel des deux films déjà sortis, supposé expliquer et exposer au spectateur les origines de la menace présente dans les autres films. C’est dans un New York plongé dans une cacophonie permanente que l’histoire va se mettre en place, suivant le parcours de Samira, jouée par l’excellente Lupita Nyong’o, qui souffre d’un cancer et qui fait preuve d’un pessimisme à toute épreuve.  Lors d’une sortie avec son hôpital, à laquelle elle participe à contrecœur, une menace surgit soudainement du ciel, s’acharnant à anéantir tout ce qui émet le moindre son.

Sans un bruit
© Paramount Pictures

Un préquel inutile et incohérent

Bien qu’alléchant sur le papier, ce préquel ne livre malheureusement rien de nouveau au spectateur, et s’avère au final profondément inutile. J’étais à la recherche, comme beaucoup d’autres je l’imagine, de réponses aux nombreuses questions que soulevaient les deux films sorties précédemment. D’où vient la menace ? Que sont vraiment ces créatures ? Pourquoi sont-elles tant hostiles aux humains et les bruits qu’ils produisent ? Finalement, aucune de ces questions ne trouve de réponse au sein du film. L’on peut éventuellement penser à une scène qui pourrait expliquer d’où viennent les créatures, autrement rien ne nous est livré. Le spectateur se retrouve donc face à un énième film de survie dans un contexte apocalyptique, sans saveur ni piquant.

De plus, quand une saga prend comme parti pris les bruits comme source attirant irrémédiablement l’ennemi, il faut faire très attention à rester cohérent dans ce propos. Le premier film souffrait déjà de certaines de ces incohérences, retrouvées encore une fois ici dans ce préquel. Pourquoi certains bruits attirent les créatures et d’autres non ? Pourquoi est-ce qu’un même bruit, dans des contextes différents, n’attire pas toujours les créatures ? Encore des questions qui restent sans réponse, et qui peuvent aisément sortir le spectateur du film.

Sans un bruit
Non loin de la coquille vide, les personnages se font voler la vedette par un chat © Paramount Pictures

Des personnages oubliables, un chat mémorable

D’autre part, les deux personnages principaux du film ne m’ont pas particulièrement transcendée et j’ai eu de la peine à m’y attacher. En particulier le personnage de Eric, joué par Joseph Quinn, que j’ai trouvé peu crédible et vide émotionnellement. Le personnage de Samira, en revanche, était un peu plus intéressant, notamment dans son rapport avec sa maladie, et par extension, de la mort. Elle semble en paix avec cette dernière et n’hésite pas à user du sarcasme à ce sujet. Sa relation au danger était de ce fait différente et permettait de donner un peu de profondeur au film. Le meilleur personnage du film était néanmoins le chat, Frodon, véritable star qui a su captiver mon attention avec sa petite bouille adorable. J’étais plus inquiète pour son sort que pour celui de n’importe quel autre protagoniste !

Les points positifs du film résident néanmoins dans le portrait qu’il dresse de la solidarité humaine, ici montrant une image très positive de l’homme et de sa capacité à aider son prochain. Les différences entre les individus ne sont pas un facteur de haine ou de ségrégation au sein du film, rappelant très justement que face au danger, tous sont égaux.

En conclusion, Sans un bruit: Jour 1 est un film des plus oubliables, totalement inutile car n’amenant strictement rien de nouveau à la saga. Il est d’autant plus frustrant qu’il ne répond à aucune question que se pose le spectateur sur les créatures meurtrières du film, et fini même par nous en faire nous en poser des nouvelles. Les personnages ne sont pas loin de la coquille vide, ne transmettent aucune émotion, et se font voler la vedette par…un chat. Une grosse déception, qui restera dans le bas du panier de ce que 2024 nous propose en terme de films d’horreur.

En salles dès le 26 juin 2024

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