Le Festival de Cannes est une référence en matière de cinéma, la quinte essence du festival de cinéma. A chaque mois de mai, pendant douze jours, toute la communauté cinéphile mondiale tourne à l’heure cannoise. Cependant, on observe depuis quelques années un manque d’intérêt de la part du grand public pour l’événement ciné de la Riviera. Alors, le Festival de Cannes est-il devenu obsolète ?
On observe, dans le palmarès de la Palme d’Or, deux périodes que l’on pourrait qualifier « d’apogée de Cannes » : les années 70, marqué notamment par la double victoire de Francis Ford Coppola en 1974 et 1979, et la Palme pour Taxi Driver en 1976, ainsi qu’une douzaine d’années fastes, s’étendant de la victoire de Soderbergh en 1989 à celle de Polanski en 2001. Non pas que ces périodes symbolisent des Palmes de meilleure qualité, mais plutôt car les films récompensés durant cette période ont réussis à attirer le public et à rendre ces films « cultes ». Pourquoi ? Tout simplement car les thématiques exposées dans les récipiendaires de l’époque était plus proche des volontés du grand public. Un film culte a cette nécessité même de plaire au public pour atteindre ce statut, et cela passe évidemment par une thématique proche de ce que recherche le spectateur, afin qu’il puisse se sentir concerné par le film. Alors pourquoi observe-t-on un gouffre entre Cannes et le grand public depuis quelques années ?
Pour répondre à cette question, il faut revenir au but même du Festival, qui cherche à récompensé le cinéma d’auteur (dont je vous avais déjà parlé précédemment) et le cinéma de recherche. Ainsi, on observe, depuis le début du siècle, un schisme dans le cinéma : on conserve la base originelle du cinéma, regroupant majoritairement les cinéphiles et attirés plutôt par ces films d’auteurs, et le grand public, qui a suivi le cinéma de blockbuster, c’est-à-dire des films à gros budgets et gros castings, possédant une capacité commerciale assez impressionnante, mais qui n’a absolument aucune chance de triompher dans ce genre de festival. Même si un film peut rentrer dans les deux catégories, ce constat montre simplement que les attentes du spectateur ne se portent plus aujourd’hui sur l’histoire en elle-même mais sur l’aspect visuel du film. Comment Cannes a-t-il réagi à ce changement d’attente ? Il a conservé sa ligne directrice, et suivi ainsi la tournure du cinéma d’auteur. Si toi aussi tu es un spectateur lambda, alors je parierais que tu connais au mieux deux Palme de ces dix dernières années, et, avec un peu de chance, tu en as peut-être vu une (normalement, c’est La Vie d’Adèle, mais je me passerais de commentaire sur ce film). Les thématiques étudiées ne correspondant plus à ce que le public attend, il est donc logique de voir la popularité du festival baisser.
Est-ce que pour autant le Festival de Cannes est-il devenu obsolète ? A mon sens, je pense que non. Il représente simplement le schisme qui s’opère dans le public aujourd’hui. Il reste toujours un palmarès de qualité, très prisé par les cinéphiles, et n’oublie pas la connexion avec le grand public, comme en témoigne de très bonne programmation chaque année (Inglorious Basterds en 2009, Moonrise Kingdom en 2010, Vice-Versa en hors-compétition en 2015…). Malgré tout, on ne peut jamais prévoir quel film séduira vraiment le public ; c’est ce qui fait la beauté du Septième Art. Le Festival de Cannes reste dans son domaine, et perdura sans aucun doute, car il reste une vitrine du grand cinéma et de la France. Quoi qu’en dise et qu’en diront les sceptiques.