Un adolescent et un punk. Leur passion pour le skate va les unir. En résulte Ollie. Un premier film qui emprunte des chemins balisés et succombe même à quelques clichés, mais qui reste malgré tout empreint d’émotions fortes. 

LES OPPOSÉS S'ATTIRENT

Pour son premier film, Antoine Besse rend hommage à un milieu qu’il a beaucoup côtoyé plus jeune, celui du skate. Il s’exécute par le biais d’une histoire empreinte d’une dimension sociale, située dans un contexte de crise des agriculteurs et de misère dans la campagne française. Le résultat n’est pas sans rappeler le cinéma d’Andrea Arnold.

Au gré d’une bande-son éclectique et électrique qui accumule judicieusement les contrastes (hardtek, métal, électro et musique classique), nous découvrons l’histoire de Pierre. Ce jeune adolescent passionné de skate vient de perdre sa mère. Il doit ainsi partir vivre chez son père, agriculteur et fermier. Manquant de confiance en lui, Pierre est harcelé à l’école et ses bourreaux le défient au skate.

Débarque alors un punk au grand cœur, ancien skateur prénommé Bertrand. Il décroche un emploi saisonnier auprès du père de Pierre. Une nuit, il apprend à Pierre à faire un ollie. Fasciné par Bertrand, l’adolescent va lui demander des cours de skate. C’est ainsi qu’une relation maître-élève va naître entre les deux. Tout commence dans l’ancienne cabane de la jeunesse de Bertrand. Un lieu où la nature a repris ses droits et qui est chargé d’une histoire personnelle.

Fasciné par Bertrand, Pierre lui demande de lui donner des cours de skate © Wayna Pitch
Kristen Billon et Théo Christine dans Ollie © Wayna Pitch

UNE OEUVRE VISUELLEMENT FORTE...

Grâce à une photographie travaillée, Besse signe avec Ollie un beau film sur la résilience. Sur l’importance de faire ce que l’on aime envers et contre tout en montrant deux personnages qui apprennent que l’on a toujours le choix, et ce même si tout semble jouer contre nous.

De très fortes idées de mise en scène viennent rythmer cette histoire emplie d’émotions brutes. La réalisation peut être génialement clinquante d’un côté ou à l’inverse simple mais efficace. De ce côté-là, on peut penser à la manière dont est souligné l’isolement de Pierre. Dans un skate-park, un panoramique droite-gauche montre tous les ados sur leurs planches et Pierre isolé, debout et immobile. Mais également la fascination de ce dernier pour Bertrand (via des jeux de regards) ainsi que l’évolution de la relation entre les deux.

Le moins que l’on puisse dire sur ces deux personnages, c’est qu’ils forment un très beau duo. Bertrand est très touchant, notamment grâce à la superbe interprétation de Théo Christine (Suprêmes, Vermines). Homme largué et au passé trouble, il sait qu’il n’est pas un exemple. Mais il veut guider Pierre car ce dernier a du potentiel et il veut l’empêcher de commettre les erreurs de sa jeunesse, non sans faire preuve d’humour. Le jeune Pierre qui est interprété par Kristen Billon, réellement skateur, est très crédible dans son rôle d’adolescent réservé qui a encore tout à prouver.

Petit à petit, une intimité se forme entre eux. C’est ainsi que Ollie fait la part belle à de superbes et émouvants moments de complicité entre ces deux désaxés. On prend plaisir à suivre ces deux personnages qui se battent chacun pour eux-mêmes.

En somme, de belles qualités qui réussissent à alléger les quelques défauts que l’on trouve au niveau de la narration.

Véga Degli Esposti et Kristen Billon dans Ollie © Wayna Pitch
Véga Degli Esposti et Kristen Billon dans Ollie © Wayna Pitch

... qui n'échappe pas aux clichés

En effet, narrativement, Ollie, en tant que film d’apprentissage, emprunte des chemins quelque peu balisés du genre. Mais moins qu’une structure maintes fois explorée (un adolescent martyrisé rencontre un « maître » au passé sombre, qui va l’aider à prendre confiance en lui), c’est surtout qu’il use de malheureux poncifs lors de quelques scènes. On pense à une scène de dispute, alors qu’éclate un orage en fond sonore. Ou encore à l’inclusion d’un clip-show montrant la progression de Pierre en skating.

Notons également une conclusion en demi-teinte, surtout concernant l’arc du père de Pierre qui a une résolution trop simpliste. Mais surtout, Jeanne. Ce personnage féminin, camarade de classe de Pierre, est clairement un personnage fonction typique de ce genre de récit. On ne sait rien d’elle et elle ne sert à rien d’autre si ce n’est provoquer chez Pierre la tension de la première relation amoureuse. En effet, l’amour va (évidemment) naître entre elle et Pierre, au fur et à mesure que ce dernier prend confiance en lui.

Peut-être est-ce une volonté de ne pas prendre énormément de risques pour un premier film. De vouloir faire une oeuvre qui puisse parler à tous, tout en infusant quelques traces d’un style personnel.

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