Très attendu par le public après le succès de ses précédents long-métrages, le Nosferatu de Robert Eggers replonge ses spectateurs dans cette fable gothique, adapté du roman Dracula de Bram Stoker. 3ème adaptation de cette histoire mettant en scène le comte Orlok, cette version de 2024 intervient 45 ans après la dernière en date, et réussit à se hisser à la hauteur de ses prédécesseurs.

Eggers, maître du gothique vampirique

Toucher au monstre sacré qu’est la créature vampirique au cinéma, et d’autant plus quand il s’agit du mythe fondateur en la matière, est toujours un pari risqué. Réussi par F.W. Murnau avec son Nosferatu en 1922 (adaptation de Dracula, pour laquelle il n’avait pas obtenu les droits d’adaptation) ou encore par Coppola avec son adaptation du livre de Bram Stoker de 1992, la barre était très haute vis-à-vis du nouveau film de Robert Eggers.

Déjà bien ancré dans les visuels gothiques avec The Witch sorti en 2015, ainsi que dans le travail des ombres et du hors-champ avec The Lighthouse sorti en 2019, il faisait peu de doute sur la capacité du réalisateur à retranscrire ce conte vampirique, très ancré dans l’identité visuelle associée aux travaux précédents d’Eggers.

C’est donc sans surprise que le réalisateur parvient à délivrer une œuvre visuellement sublime, travaillant  avec une palette de gris et de bleu, faisant entrer le spectateur sans peine dans la noirceur et la morosité du récit. Chaque plan peut-être comparé à un véritable tableau, tant ils sont beaux et happent littéralement le regard du public.

La beauté des costumes est également à souligner, notamment ceux des personnages féminins et en particulier ceux du personnage d’Ellen Hutter, interprétée par Lily-Rose Depp.

Des plans tous plus beaux les uns que les autres © Focus Features
Des plans tous plus beaux les uns que les autres © Focus Features

Une première partie de film mémorable

La première partie du film tient particulièrement en haleine son spectateur, en premier lieu grâce à ses plans tous plus magnifiques les uns que les autres, mais également grâce à l’ambiance et la tension que parvient à instaurer le réalisateur. En effet, la première rencontre avec le comte Orlok se fait de manière suggérée, jouant énormément avec les ombres et les positions des acteurs afin de ne jamais révéler frontalement la créature maléfique dont l’ombre plane en permanence sur les personnages.

De plus, le travail du son est particulièrement efficace, faisant monter la tension de manière crescendo et parvenant à incarner l’ambiance pesante que traversent les personnages et l’horreur qui s’en dégage. Le choix de ne jamais montrer le design du comte Orlok dans les images et bandes-annonces du film est particulièrement judicieux, créant une véritable anticipation et angoisse à l’idée de découvrir le visage de ce personnage. Sa première apparition est d’ailleurs extrêmement efficace et fera certainement bondir de leurs sièges bon nombre de spectateurs. 

L’ambiance pesante et fantomatique de la première partie du film est donc extrêmement efficace et parvient à effrayer par ce qui n’est pas montré, par ce qui est caché mais qui plane inexorablement sur les personnages. L’atmosphère y est tantôt tendue, tantôt irrespirable, rendant cette première partie de film particulièrement mémorable. 

Le comte Orlok (Bill Skarsgård), ici suggéré et non pas montré © Focus Features
Le comte Orlok (Bill Skarsgård), ici suggéré et non pas montré © Focus Features

Une seconde partie au ventre mou

Malheureusement, le film perd ensuite un peu de son souffle glaçant, souffrant de quelques longueurs et de scènes un peu trop longues et répétitives. Bien que nécessaires au déroulement et à la compréhension de l’histoire, ces dernières détonnent avec l’ambiance pesante et mystérieuse de la première partie du film, donnant une sensation de passage à vide dû à la cassure avec le rythme tendu et l’atmosphère particulièrement soutenue de ces précédentes scènes. 

Certaines récurrences dans la mise en scène, bien qu’encore une fois nécessaires à la compréhension de l’œuvre, tendent à tomber dans la répétition à outrance et donc parfois à virer au risible. Effet attristant car en totale opposition avec l’ambiance gothique et parfois cauchemardesque du film.

Malgré ces quelques défauts, Eggers parvient à livrer une adaptation très réussie de ce conte gothique, grâce à des acteurs de talent, une identité visuelle et des costumes sublimes, des scènes parfois terrifiantes, une ambiance fantomatique et pesante, et surtout un Nosferatu comme on ne l’avait jamais vu avant, joué avec beaucoup de talent par Bill Skarsgård. 

À découvrir au cinéma dès le 25 décembre 2024.

Pour patienter, la bande annonce : 

Auteur/Autrice

Partager l'article :