En plus de 40 ans de carrière et quelques 13 films, Nanni Moretti aura su s’imposer comme un des meilleurs réalisateurs italiens de l’Histoire, par un cinéma où sa patte règne à chaque plan. Maître du bon mot, exubérant mais toujours réflectif, Moretti possède un cinéma unique en son genre qui mérite le coup d’être vécu. Alors que nous reviendrons très prochainement sur son style plus en détails, nous vous proposons de revenir, en toute subjectivité, sur la carrière du plus romain des réalisateurs.

N°13 : Je suis un autarcique (1976)

Première tentative filmique pour Nanni, et pas franchement une réussite. S’il a pour lui son jeune âge (23 ans !) et des partis pris nets, il n’en reste pas moins que Je suis un autarcique est assez indigeste. A trop vouloir bien faire, Nanni se prend les pieds dans le tapis, pour le seul véritable raté de sa carrière…

N°12 : Ecce Bombo (1978)

Deuxième essai cinématographique de Nanni, Ecce Bombo dresse les contours du cinéma de Moretti. Si l’ensemble reste brouillon, le film nous offre la chance de voir la naissance d’un grand cinéaste. Un film rempli d’espoir cinématographique, à défaut de nous emporter donc.

N°11 : Sogni d’oro (1981)

Troisième film de Moretti, Sogni d’oro est un prolongement spirituel des deux premières oeuvres du cinéaste. Plus abouti, le film creuse la forme et le fond. Auréolé à Venise, Moretti confirme avec Sogni d’oro tout le talent qu’on lui prête : pourtant, le meilleur reste (amplement) à venir.

N°10 : Santiago, Italia (2018)

Dernier film en date de Moretti, Santiago, Italia a une place à part dans la filmographie de Nanni. Unique documentaire à ce jour, le film est aussi l’occasion pour le réalisateur de sortir des frontières de l’Italie. S’il est riche thématiquement, Santiago, Italia reste pour autant épuré stylistiquement, de part le genre et le sujet, ce qui l’empêche malheureusement de figurer plus haut dans ce classement.

N°9 : Le Caïman (2006)

On sait Nanni Moretti obsédé par la politique, et notamment par un homme central du paysage italien : Silvio Berlusconi, auquel il consacre largement Le Caïman. S’il offre enfin un rôle à la hauteur du talent de Silvio Orlando, le film manque du recul réflectif nécessaire pour s’imposer comme une de ses oeuvres majeures. Bon mais frustant en somme…

N°8 : Habemus Papam (2007)

22 ans après La messe est finie, Nanni Moretti remet la religion au coeur de son récit. Autre fois premier rôle de celle-ci, il est ici observateur des doutes d’un Michel Piccoli au sommet de son art. Bercé par une certaine candeur, Habemus Papam est un très joli conte, à défaut d’être le meilleur Moretti.

N°7 : Palombella Rossa (1989)

Difficile de faire plus « Moretti » que Palombella Rossa. Après deux films plus en nuance, Moretti revient à son style flamboyant et déluré, où le dialogue cisèle merveilleusement le récit d’un Nanni qui commence à avoir de la bouteille. A voir !

N°6 : Aprile (1998)

Alors qu’un nouveau millénaire approche et que la quarantaine est passée, Moretti continue son virage intimiste. Dans la droite lignée de Journal Intime, le réalisateur nous propose ici un magnifique auto-portrait, où la vie privée se mêle aux mouvances publiques. Et dire que nous ne l’avons placé que 6ème…

N°5 : Journal intime (1994)

Probablement le film le plus connu de son réalisateur, non sans raison. Chantant l’Italie et la ville de Rome, le néo quadragénaire prend un virage plus mature et moins théâtral, comme pour mieux s’accorder aux mouvances de son temps. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’on a follement envie de monter avec lui pour un tour en Vespa…

N°4 : Bianca (1983)

Bianca

Après 3 films innovateurs sur la forme, Moretti rentre un peu dans le rang en privilégiant la logique narrative. Un choix payant pour un film impactant, qui s’ouvre au fur et à mesure pour nous dévoiler sa substance dans un ballet majestueux, preuve s’il y en avait encore besoin de toute l’intelligence cinématographique du réalisateur.

N°3 : Mia Madre (2015)

Presque 20 ans après Aprile, Moretti se réapproprie les thématiques de son oeuvre pour y répondre : la mort répond ici à la naissance, les espoirs d’antan contrastent avec les échecs d’aujourd’hui, dans un ballet que le réalisateur embellit par sa maturité cinématographique. Une très grande oeuvre.

N°2 : La messe est finie (1985)

Que dire si ce n’est que La messe est finie est une oeuvre marquante ? En inversant les rôles, Moretti campe un Don Giulio merveilleusement écrit dans une oeuvre toute en nuances ; car rien n’est simple, même pour un homme d’Eglise. Moretti propose ici une oeuvre à l’empreinte indéniable sur une filmographie. Oui, mais voilà, le réalisateur italien a réussi une prouesse encore plus grande…

N°1 : La chambre du fils (2001)

La Palme d’Or de Nanni est sûrement sa plus belle prouesse. La chambre du fils a tout ou presque : le Verbe se lie aux émotions dans un ballet renversant, où la folie n’est là que pour nous faire ressentir plus fort la force du moment. Car c’est au son iconique de Brian Eno que nous commençons à nous rendre compte que La chambre du fils n’est pas qu’un simple film de cinéma ; il est de la race des œuvres d’une vie, celle qui nous marque au fer rouge par leur empreinte. Elle est l’oeuvre qui consacre Moretti dans la cour des grands.

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