? Réalisateur : Ladj Ly
? Casting : Damien Bonnard, Alexis Manenti, Djebril Didier Zonga, Issa Perica…
?Genre : Policier, Drame
?Date de sortie : 20 Novembre 2019
Synopsis : Stéphane, tout juste arrivé de Cherbourg, intègre la Brigade Anti-Criminalité de Montfermeil, dans le 93. Il va faire la rencontre de ses nouveaux coéquipiers, Chris et Gwada, deux « Bacqueux » d’expérience. Il découvre rapidement les tensions entre les différents groupes du quartier. Alors qu’ils se trouvent débordés lors d’une interpellation, un drone filme leurs moindres faits et gestes…
6 mois se sont écoulés depuis le dernier Festival de Cannes 2019 et cette fameuse séance où j’ai découvert Les Misérables. 6 mois, qui se sont maintenant écoulés. 6 mois où je me disais que peut-être, j’allais voir un film qui m’emportera plus, me fera frissonner autant que Les Misérables (sans vraiment y croire). Car ce premier film de Ladj Ly met la barre très haute, que le sujet me parle énormément. Mais surtout parce que je pense que ce film est un film dont la France a besoin.
Les Misérables ça nous fait passer par tout types d’émotions. Que ce soit le rire en début de film où l’on découvre le quartier par les yeux du nouveau flic « Pento ». Car oui, Ladj Ly a fait le choix d’un début de film quasi documentaire sur un ton assez léger (oui, il y a Fodjé Sissoko). On n’est pas dans le drame directement et c’est mieux comme ça. Aucun méchant ou gentil ne ressort, tous les personnages sont des victimes, et c’est sur ça que le réalisateur a voulu insister. Les policiers ne sont pas en tort, et les habitants des banlieues non plus, les problèmes se trouvent autre part, bien plus haut.
Parlons de la scène finale (non, pas de spoil), c’est cette scène qui m’a persuadé que le film que je venais de voir était le film le plus fort et le plus choquant de cette année. Un final maîtrisé, jonglant entre plusieurs genres cinématographiques. Un final cauchemardesque, cauchemar pour tous. Les frissons, et pleurs pour les plus émotifs seront au rendez-vous, croyez-moi. Scène finale forte par l’attache qu’on a pour tous les personnages. On apprend à les connaître et au final, on les comprend tous (même les plus extrêmes comme Chris). « Les microbes » sont aussi un bon point du film. Certes le jeu « pas pro » de certains jeunes acteurs peut refroidir certains spectateurs au premier abord, mais c’est ce jeu qui nous donne cette sensation de réel, de vérité.
Ladj Ly nous offre un film qui n’est pas militant. Le membre du collectif Kourtrajmé nous relate juste les faits de ce qui se passe dans nos cités françaises. Au contraire de bon nombre de films, les policiers ne sont pas dépeints comme des monstres ou le scénario ne contient pas d’histoire d’amour bête et ne servant à rien. Ladj Ly tire seulement la sonnette d’alarme en parlant de deux mondes qui n’arrivent pas à cohabiter, car ils ne se comprennent pas.
À l’image de La Haine, Les Misérables s’inscrit comme un film qui marquera le cinéma français. Choquant, humaniste avec de beaux messages de tolérance, l’alarme est tiré. Quelle joie d’apprendre que notre président Emmanuel Macron s’est dit « bouleversé » par le film que Ladj Ly lui a envoyé en DVD ! En espérant que cela fasse bouger les choses.
Note
Les Misérables est le meilleur film français de l’année et mérite sa place aux Oscars. Ladj Ly fait le choix payant de ne prendre aucun parti mais seulement de relater des faits terribles sur l’actuel relation entre police et habitants de banlieue. Le message est d’autant plus fort grâce à sa réalisation quasi-documentaire et sa scène (et phrase) finale.
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