Léon, un tueur à gage campé par Jean Reno, va faire la rencontre de Mathilda, une jeune fille de 12 ans dont la famille, très peu présente pour elle, baigne dans les problèmes. Interprétée par la toute jeune Natalie Portman, elle deviendra orpheline suite au massacre de sa famille par des policiers corrompus qui utilisaient leur maison comme planque de drogue. Mathilda va alors se réfugier chez Léon et l’implorer de lui apprendre son métier pour qu’elle puisse se venger de la mort de son petit frère.
Une relation complexe...
Léon et Mathilda forment alors un duo devenu culte, les deux personnages s’entraident et se complètent parfaitement. Léon apporte de la stabilité et un cadre « familial » à la jeune Mathilda, il devient son roc, la personne sur laquelle elle va pouvoir compter pour surpasser toutes ces épreuves. Quant à Mathilda, elle apporte une fraîcheur dans la vie très morose et monotone de Léon, elle va le sortir de ce quotidien très pesant et lui donner l’envie de vivre. Elle lui apprend la vie en dehors de ce qu’il connaît déjà, lui ouvrir d’autres horizons qu’il n’a pas pu découvrir de lui-même ayant eu une vie très mouvementée. Lui, va lui apprendre à tirer, tandis qu’elle va lui apprendre à lire et à écrire.
La relation qu’entretiennent Léon et Mathilda est très floue, la jeune fille va manifester son amour pour l’homme qui l’a recueillie et cet amour va devenir très ambigu. On peut d’abord penser que cet amour est une sorte d’amour père-fille : Mathilda a trouvé un homme qui s’occupe d’elle et qui tient à elle, ce que ne faisait pas son père (et sa famille en général), tandis que Léon a trouvé une jeune fille qui donne du sens à sa vie et qu’il veut protéger à tout prix. Mais cet amour va évoluer au fil du film et devenir plus flou et ambiguë… Dans la version director’s cut sortie en 1996 cette ambiguïté va être beaucoup plus explicitée, en effet Mathilda fait des avances à Léon qui les refuser sans pour autant se montrer ferme avec elle. C’est là que cet amour va devenir beaucoup plus problématique. En tant que spectateur, nous nous retrouvons devant cette relation des deux personnages principaux, qui prend une tournure de plus en plus dérangeante. Et cet élément vient bousculer tout notre regard sur le film et sur la manière dont il discerne le bien du mal.

Le bien et le mal
Dans ce film Luc Besson a décidé de rendre assez abstrait toute forme de bien et de mal, on a beaucoup du mal à dissocier les deux et cette complexité donne au film une profondeur supplémentaire. Comme abordé ci-dessus, la relation ambiguë entre Léon et Mathilda, deux personnages que nous apprenons à connaître et apprécier, devient dérangeante pour le spectateur. Nous apprécions à la fois ces personnages mais nous ne pouvons pas ignorer cette relation plus que malsaine qu’ils entretiennent. Ce n’est d’ailleurs pas le seul exemple qui illustre cette complexité de bien et de mal. Nous pouvons prendre pour exemple le personnage de Léon dans sa globalité. Il est un tueur à gage, il tue des gens de manière froide et cruelle mais nous ne pouvons pas nous empêcher d’être touché par ce personnage. Il est à la fois brutal et sensible, il est entre le bien et le mal et c’est le qui le rend d’autant plus intéressant. Son rôle auprès de Mathilda aussi illustre bien cette idée. Léon l’aide à se venger de la mort de son petit frère en lui apprenant à devenir une tueuse, sauf qu’elle n’a que 12 ans. Pourtant on comprend pourquoi et on l’accepte sans trop se poser de question.
Un contraste de poids
Tout au long du long-métrage on peut ressentir un contraste de poids qui est appuyé par de nombreux éléments. Tout d’abord dans les personnages, évidemment tout le monde a remarqué cette opposition entre Léon qui est un homme très massif physiquement, et Mathilda qui est une jeune fille chétive. Mais ce contraste est au sein même de chaque personnage, Léon est un tueur à gage très imposant pourtant il agit toujours en toute discrétion, sans faire aucun bruit, et malgré son activité très brute il paraît très sensible. Mathilda quant à elle, parait peut-être fragile, frêle, mais elle porte déjà en elle ce lourd traumatisme qui lui pèse sur les épaules. Et malgré son jeune âge et son innocence, elle décide de devenir comme Léon, une tueuse à gage. Ce contraste de poids est aussi très présent dans l’ambiance du film, on nous montre des actes monstrueux avec une certaine légèreté, une sorte d’innocence et la musique du film y est pour beaucoup. C’est elle qui plante toute l’atmosphère du film, une bande originale à la fois magnifique mais aussi angoissante et oppressante. Ce contraste est présent au cœur même des musiques, les percussions très lourdes s’opposent à la délicatesse des cordes, ce qui rend cette bande originale plus sublime qu’elle ne l’est déjà.

Dans ce film Jean Reno et Gary Oldman sont évidemment impressionnants dans leurs rôles mais c’est la jeune Natalie Portman que l’on retient. Proposer à tout juste 13 ans un rôle si complexe par un jeu aussi poignant et touchant, elle est tout simplement magistrale. Elle a parfaitement compris l’essence même de son personnage et la retransmet parfaitement au spectateur. Léon est une œuvre complète, tant au niveau de la mise en scène, du jeu des ombres et des couleurs, que des personnages, de l’histoire ou de la musique, rien est à jeter dans ce long-métrage, tous les aspects du film méritent que l’on se penche dessus.
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