? Réalisateur : Karel Reisz
? Casting : James Caan; Paul Sorvino; Lauren Hutton
? Genre : Policier, Drame
? Pays : Etats-Unis
? Sortie : 2 Octobre 1974 (Etats-Unis); 5 Mars 1975 (France)
Synopsis : Professeur de littérature, Alex Freed est prisonnier de son vice pour le jeu. Quand il a perdu tout son argent, il emprunte à sa petite amie, à sa mère. Quand ses proches ne lui sont plus d’aucune aide, il se tourne vers de dangereux malfrats avec qui il aura maille à partir. Malgré tout cela, il ne peut pas arrêter de jouer.
« Le Flambeur » est séducteur. Sorti en 1974 soit 2 ans après la magnifique prestation de Caan dans « Le Parrain », on peut dire que cette oeuvre s’inscrit dans le Nouvel Hollywood en pleine expansion à l’époque. Figure forte du Cinéma Moderne anglais, Karel Reisz, cinéaste très engagé qui a soutenu la classe populaire tout au long de sa carrière, réussi son pari en réalisant ce projet qui sort des cadres et des thèmes qu’il a traité habituellement. Avec comme Curriculum Vitae une filmographie courte souvent éloigné des gros studios, l’anglais parvient à diriger Caan d’une manière splendide et originale malgré la surveillance de la Paramount.
« Le flambeur » est séducteur. En effet dans les films qui abordent les jeux d’argents. Le personnage est communément un héros. Tout lui réussi. Il gagne à chaque coup. C’est surréaliste. Cependant, le travail de Reisz détruit les clichés. Axel, le personnage principal, est un véritable perdant. Rien ne lui réussi. Tout ce qu’il entreprend tombe à l’eau. Chaque pari est un échec. C’est un drogué des jeux d’argents. Il perd et il aime ça. Dès la première séquence le spectateur ne tarde pas à comprendre la nature du protagoniste. Dans une structure narrative académique ou Axel nous serait présenté comme « professeur de littérature accro aux jeux », Reisz innove et nous l’introduit comme « un homme accro aux jeux professeur de littérature ». Impossible d’ignorer les véritables priorités de cet homme. Le jeu avant tout. Le risque énorme de perdre et la maigre chance de gagner avant tout. Tout s’accélère lorsqu’il s’endette d’une somme gargantuesque. 44,000$ . Axel est irresponsable. Complètement égaré, il en vient à défier un bon joueur de basket pour quelques misérables centimes en misant 20$.
« Le vouloir ! Il affirme qu’une idée est vraie parce qu’il veut qu’elle soit, parce qu’il dit qu’elle est vraie. La question est de savoir s’il veut croire qu’il a raison en dépit des preuves de son erreur. »
Axel (James Caan) à ses élèves.
Le film se veut philosophique. En effet en utilisant le fameux 2+2=5 de Dostoievski, Reisz justifie le comportement d’Axel. Le désir. Cette pensée est expliquée par le biais d’une séquence ou James Caan la définie à ses élèves. Le film prend tout son sens. Ce fameux désir de gagner. Cette certitude et cette part de risque. C’est la vie. Le désir fait vivre l’être humain. Malgré une mise en scène plus ou moins banale le scénario de James Toback, inspiré du roman « Le joueur » (1866) du même Dostoievski, pousse à la reflexion sur quelques pensées philosophiques. C’est ce qui rend le film attrayant. En illustrant des propos, sur le papier, difficile à comprendre via un vice (jeux d’argents, paris sportifs, casinos) aisément compréhensible, le spectateur se demande jusqu’ou Axel va t-il aller. Comment va t-il régler sa dette ? Comment va t-il s’en sortir ?
« Personnellement, je n’ai jamais joué de ma vie. Tu sais pourquoi ? Parce que j’ai observé que tous les flambeurs, les dégénérés comme on les appelle, ont un point commun. Tu sais lequel ?
-Ils cherchent tous à perdre
-Et tu le sais en plus!
Hips à Axel.
Le jeu d’argent est une drogue. Le flambeur n’hésite pas à mettre en péril ses relations familiales, conjugales et amicales pour tenter de combler ce désir de gagner. Le désir c’est vivre mais c’est aussi se détruire.
Note :
7/10
Totalement inconnu du grand public. Karel Reisz réalise une magnifique oeuvre. Très moralisateur pour le contexte de l’époque, le récit, malgré des séquences parfois inutiles, s’avère globalement palpitant. Immergé dans la peau d’un flambeur (qui n’est pas sans nous rappeler « Panique à needle park » dans le thème de l’addiction) le spectateur assiste à la descente aux enfers d’un homme qui souhaite seulement vivre. Du grand Reisz avec du grand James Caan.