« Si je pouvais partir là-bas ! » Cela vous dit quelque chose ? Cheveux rouges (cuivrés dans ce cas précis), nageoire verte, elle s’appelle Ariel, elle est la princesse d’un royaume sous-marin et rêve de vivre à la surface ! Notre petite sirène est à son tour revisitée en « prise de vue réelle » avec le réalisateur Rob Marshall aux commandes (Mémoires d’une geisha, Le Retour de Mary Poppins). Est qu’est-ce que ça donne ? Voyons ça tout de suite.

D’abord replongeons nous dans le contexte : nous (re)suivons la jeune Ariel, amoureuse du monde terrestre et d’un prince humain par la même occasion, à l’encontre de son père autoritaire, le roi Triton, elle sera prête à tout pour faire partie de ce monde.

Parlons tout d’abord des choses qui fâchent. Les animaux en images de synthèse (Polochon, Sébastien et Eurêka) ont un design soi-disant réaliste qui les rend inexpressifs, ce qui colle assez mal avec leurs voix qui les humanisent. (Daveed Diggs, Awkwafina et Jacob Tremblay sont convaincants bien que l’image ne suive pas). Les sirènes quant à elles ont des nageoires tellement fluorescentes avec un coté plastique qu’on en a les yeux qui piquent. (Sauf pour celle de l’héroïne). Elles sont mal incrustées dans le décor mettant les fonds verts en évidence et le fait qu’elles soient représentées par un casting diversifié ne cache pas la pauvreté de leur design. Les séquences sous l’océan sont soit trop sombres soit trop fades (un comble pour un film sur des sirènes !). La mise en scène est d’ailleurs assez pauvre par moments : on se sent à l’étroit sur les bateaux, la tempête n’est pas vraiment menaçante.

La Petite Sirène © Disney Enterprises
La Petite Sirène © Disney Enterprises

Les scènes tirées du film d’animation de 1989 deviennent ici des copies moins spectaculaires et moins impactantes, notamment celle où Triton détruit la collection d’Ariel alors qu’elle était assez forte en émotion dans le film de base. Le personnage d’Ursula, antagoniste du film et sorcière manipulatrice à souhait, n’a hélas plus son coté « fabulous » ni le charisme qui va avec. D’autant plus que son corps de pieuvre virtuel sans vie et son interprète (Mélissa MCharthy, pas vraiment au top contrairement à son rôle dans Spy) qui exagère son texte n’aident pas. Dommage car l’idée de faire briller ses tentacules n’était pas mauvaise. Pour ce qui est des chansons, elles sont assez inégales. Les nouvelles, composées par Lin Manuel Miranda (aussi coproducteur sur ce film), ne sont pas toutes géniales sans compter la justesse de certains acteurs. (Désolé Jonah Hauer-King !). Quant aux chansons d’Alan Meken issues du premier film, si certaines sont toujours aussi captivantes à écouter (« Partir là-bas » et « Sous l’océan »), deux d’entre elles ont été modifiées pour êtres plus « politiquement correctes » (« Pauvres âmes en perditions » et « Embrasse-là ») ce qui donne un résultat un peu navrant qui dénature le propos.

Côté casting, soyons francs : Halle Bailey n’est pas un mauvais choix pour le rôle titre. Elle arrive à faire ressortir le coté curieux et aventureux de notre chère rouquine (notamment durant le passage sur terre où nous la voyons s’émerveiller de tout) et sa voix n’est pas désagréable à écouter. Elle est sans doute le point le plus fort du film malgré les médisances faites à son sujet alors que le film n’était même pas encore sorti. Quand à Jonah Hauer-King qui incarne le prince Eric, s’il n’est pas aussi charismatique que sa version animée, son visage calme et son côté « réveur-enfantin » font sourire. En plus de ça, le fait de mettre en avant sa passion pour la mer, permettant ainsi un parallèle avec notre héroïne, est assez plaisant à regarder tout comme leurs interactions en duo. Cependant le reste du casting n’est pas vraiment au niveau. Comme dit plus haut, Mélissa McCarthy n’arrive pas à convaincre en Ursula de par ses vociférations et sa gestuelle qui la rendent trop caricaturale pour être prise au sérieux. Mais le pire reste Javier Bardem alias Le roi Triton. La caméra a beau faire des gros plans sur son visage, il semble sans âme et gâche toutes ses séquences émotionnelles. Quand il sort la tête de l’eau, il n’a aucune classe alors qu’il est censé être un roi des mers imposant !

La Petite Sirène © Disney Enterprises
La Petite Sirène © Disney Enterprises

Si les scènes sous-marines ont l’air sans vie ce n’est pas le cas du royaume humain qui se révèle assez créatif avec son style fantaisiste et ses airs de Caraïbes que se soit dans ses décors, sa musique et ses costumes. Tout ce passage sur terre est agréable à regarder. Il est juste regrettable que la mise en scène (encore elle !) empêche le sentiment de grandeur que le film veut se donner. Cela se voit dans son montage qui alterne mal certains plans, sa musique peu mémorable et son éclairage mal géré qui ne permet pas de bien voir les expressions faciales des personnages. (Pour ceux qui en ont).

En résumé, comme ses prédécesseurs, ce nouveau remake Disney ne sait pas jongler entre recopier le film d’animation de base et se moderniser pour se démarquer. Les bonnes idées se faisant écraser par le mauvais fan-service et l’appel au réalisme qu’il s’impose dans son visuel.

Si vous êtes quand même curieux allez le voir mais on vous encourage après à redécouvrir le film original ou même d’autres adaptations, La Petite Sirène existe de plusieurs façons après tout !

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