Présenté en compétition au Festival de Cannes 2025 – et lauréat du prix du scénario -, le dernier film des frères Dardenne documentarise l’histoire de cinq (très jeunes) mères. En accord avec Thierry Frémaux, le long-métrage a été diffusé le dernier jour du Festival – comme Rosetta en 1999 – en hommage à Émilie Dequenne.

Jessica, Perla, Julie, Naïma et Ariane sont cinq jeunes mamans. Hébergées dans un centre pour jeunes mères qui les accompagne dans les premiers mois de la vie de leurs enfants, elles font face à leur vie et à leur passé.

Si réel…

Les histoires de ces cinq jeunes femmes sont certes fictives, mais s’inscrivent en même temps dans des tableaux très réalistes. Le grain texturé de l’image d’abord immerge le spectateur dans une dure réalité qui ne laisse que très peu de chance. La vie resserre les opportunités, les choix des protagonistes. La caméra à l’épaule des frères Dardenne, ensuite, accentue cette volonté de plonger l’audience dans ces quotidiens. Elle suit méticuleusement ces vies pour en montrer les détails, les décisions et les trahisons. Enfin, dans une position de documentaristes, les frères Dardenne ne font pas que filmer. Ils présentent, observent et analysent ces personnages. Quasiment seules face à la vie, face aux problèmes, ces jeunes mères doivent redoubler d’effort pour s’en sortir.

Julie, son copain et leur enfant dans Jeunes mères © Christine Plenus
Julie, son copain et leur enfant © Christine Plenus

(Presque) seules

Même lorsqu’elles sont accompagnées, ces jeunes mères sont (presque) seules. Dans Jeunes Mères, comme dans la réalité, lorsque les enfants sont abandonnés, ils le sont majoritairement par les pères. Dans la majorité des cas, les familles monoparentales sont composées de la mère et de l’enfant/des enfants. Au sein de l’histoire des frères Dardenne, certains décident de ne pas reconnaître l’enfant. D’autres disparaissent jusqu’à ne plus répondre aux jeunes femmes. Julie est la seule accompagnée par le père de l’enfant. Une sur cinq… Elles sont aussi seules car non accompagnées (ou mal) par leurs entourages familiaux. Perla est seule puis accompagnée par sa sœur. Ariane a sa maman qui ne l’aide pas et ne pense que par son prisme. Ces cinq jeunes femmes sont presque seules. Presque car elles ont ce lieu, le centre, qui les aide, les écoute, les accompagne. Ce lieu est une véritable safe-place où tout est possible, loin de tout cadre familial destructeur. Proche des solutions plus que des problèmes.

Jeunes mères © Christine Plenus
Perla et Ariane © Christine Plenus

LE PERSONNAGE D'Ariane

Ariane est l’un des personnages les plus touchants. Forte, comme toutes les autres jeunes mères, son personnage se détache par sa faculté de penser par elle-même et d’entrevoir une forme d’espoir. Elle ne souhaite pas répéter le schéma, son schéma. Elle considère, accompagnée par le centre, qu’elle ne peut garantir un cadre et un niveau de vie décents à son enfant et prend une décision, la décision. En pensant par elle-même, et en se détachant de sa vampirisante figure maternelle, elle choisit ce qu’elle considère de mieux pour son enfant. Elle injecte une leçon de vie bouleversante à l’histoire.

Dès la première minute, Jeunes Mères émeut, touche. Le film démontre que ces histoires ne sont pas isolées, que ces histoires sont proches de toutes et tous, que ces histoires se répètent, que ces histoires sont loin d’être anodines, que ces histoires sont bien trop réelles. 

Jeunes Mères, en salles depuis le 23 mai.

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