Synopsis : Alain et Marie emménagent dans un pavillon. Une trappe située dans la cave va bouleverser leur existence.
Au fil des années, Quentin Dupieux s’est forgé une réputation de réalisateur de films absurdes, dont le meilleur représentant aux yeux du grand public est Rubber. Chacun de ses nouveaux longs-métrages est accueilli chaleureusement par le public et par la presse, démontrant un véritable amour populaire pour un cinéaste qui a su apporter un vent de fraîcheur au cinéma français. Malheureusement, Incroyable mais Vrai ne s’inscrit pas dans cette catégorie, et ressemble plutôt à un court-métrage d’étudiant en cinéma.
Le pavé dans la mare
Incroyable mais Vrai nous raconte l’histoire d’Alain et Marie, un couple banal qui achète une maison banale. Ou presque. En effet, cette dernière possède une trappe menant à un tunnel qui, une fois traversé, fait avancer le temps de douze heures, mais fait également rajeunir la personne qui l’a emprunté de trois jours. Une idée originale, certes, mais loin de la folie absurde des précédents films de Dupieux. En parallèle, on suit l’histoire de Gérard, ami et patron d’Alain, qui s’est fait greffer un pénis électronique. Si vous vous demandez ce que cette deuxième idée vient faire là, sachez tout de suite qu’elle n’a aucune réelle raison d’exister, si ce n’est transformer ce qui aurait pu être un court-métrage sympathique en pseudo-pamphlet long, téléphoné et scolaire d’une heure dix.
Marie va en effet s’enfoncer directement dans une spirale infernale qui la pousse à emprunter le tunnel toute la journée dans le but de rajeunir un maximum pour devenir top-model. Malheureusement, cette décision n’est pas à prendre à la légère, et les conséquences ne tardent pas à se faire sentir. De même pour Gérard pour qui l’aventure se terminera brutalement, en quête de réparation pour son pénis électronique (je n’arrive pas à croire que j’ai écrit cette suite de mots deux fois jusqu’à présent).
Critique de la quête vaine de la beauté extérieure et du refus de vieillir, Incroyable mais Vrai ne vaut pourtant pas grand-chose en tant que film engagé. En effet, sa réflexion est unidimensionnelle : les personnages ne se remettent jamais en question du début à la fin, et aucun développement n’est apporté par le scénario, à tel point que l’on passe tout le film à voir les mêmes actions en boucle. Le tout sonne creux, et le spectateur comprend très vite où Quentien Dupieux veut en venir. Si ce message, déjà vu et revu, aurait pu être pertinent sur un court-métrage de vingt minutes, il l’est nettement moins sur tout un long-métrage. Encore plus lorsqu’il faut meubler le temps restant …
A la recherche de l’humour
En effet, Incroyable mais Vrai comble les nombreux moments où il ne se passe rien par des tentatives d’humour. Les trois premiers quart-d’heure du film apportent un aspect plutôt comique, bien que particulièrement lourd. Les seuls ressorts humoristiques reposent sur des dialogues qui ne finissent pas, faisant attendre un twist pendant de longues minutes, ou sur des blagues à base de pénis et de virilisme beauf. Déjà peu glorieuses, ces touches d’humours sont en plus peu nombreuses: on passe la majeure partie du film à s’ennuyer ferme, en attendant vainement une blague qui nous esquissera au mieux un sourire, au pire un soupir. Par ailleurs, comédie et tragédie sont ici deux blocs séparés, ce qui limite leur portée respective et donne l’impression de voir des morceaux de scénario interrompus par des sketchs.
Problème de rythme
Le manque d’idée générale et la rareté des touches d’humour créent finalement un problème de rythme. Pendant une demi-heure, on attend réellement de savoir ce que cache la trappe de la cave. La révélation est sans-cesse repoussée, mais une fois que la nouvelle tombe, il ne se passe plus rien. Le film se referme sur lui-même et n’avance plus : le reste du métrage est consacré à des scènes aléatoires collées bout à bout et sans intérêt pour l’histoire. Finalement, lorsque l’histoire est censée se résoudre, Dupieux accélère les événements en mettant en scène la conclusion sous une forme de montage vidéo sans parole accompagné d’une musique absurde, comme s’il n’avait pas su comment finir son propre film.
Véritable pétard mouillé, Incroyable mais Vrai ressemble plus à un exercice scolaire qu’à un long-métrage de Quentin Dupieux. Si le message est louable, le tout est trop mal exécuté et ne tient pas suffisamment la durée pour espérer tenir le spectateur en haleine. Serait-ce donc le premier film raté du réalisateur français? Incroyable … mais vrai.
Note
2/10