Pour son nouveau film, Chris Nash propose un concept original : réaliser un slasher en suivant le tueur. Mais est-ce suffisant pour faire un bon film ?
Un concept intriguant
Le slasher est un genre qui a été vu et revu tellement de fois qu’on a l’impression qu’il a toujours été là. Vendredi 13, Halloween ou encore Scream, le nombre d’exemples que l’on peut citer semble infini. Il peut donc paraître très compliqué de sortir un nouveau film de ce style en 2025. Comment se distinguer des figures emblématiques ? Les codes sont assez simples : une bande de personnes regroupées dans un lieu plus ou moins restreint, avec un tueur à leurs trousses. Même en retournant la situation dans tous les sens, il est difficile de renouveler le genre.
C’est là que Chris Nash, réalisateur américain, a eu une idée plutôt originale. Au lieu de suivre les victimes, et si on observait les actions du tueur ? Il est intéressant de voir comment un être assoiffé de sang opère, réfléchit et se débrouille pour abattre autant de personnes avec des méthodes toutes plus horribles les unes que les autres. C’est ainsi que l’on va observer cet homme, Johnny, revenu à la vie après qu’une bande de jeunes ait pris le collier de sa mère, un objet permettant de le maintenir dans un repos éternel. Résultat : le cinéaste propose un film paradoxalement très calme et contemplatif.

On aime le méchant ?
En effet, comme le tueur ne parle pas, ne fait que marcher et abattre tout ce qui bouge, son aventure est principalement composée de silences pesants. Des moments de calme seulement brisés par des instants de carnage intense. Des crânes fendus, des têtes retournées ou écrasées, tout y passe. Il y a finalement quelque chose de très poétique, limite relaxant, lorsque l’on suit ce monstre. Lui qui n’a pour seul but que de retrouver la paix, symbolisée par ce collier. Étrangement, le spectateur en vient presque à éprouver de la sympathie pour cet être, questionnant ainsi la notion de point de vue dans le cinéma.
À cela s’ajoute une réalisation qui déborde d’idées passionnantes. À l’instar de la psyché du personnage, la caméra reste calme, peu agitée, et principalement en plans fixes très longs. Un parti pris qui peut rendre l’expérience de visionnage ardue pour une certaine partie du public, mais qui offre à quiconque étant patient une expérience novatrice.

Un bon court-métrage ?
Mais il faut tout de même reconnaître que son concept et les ambitions du film ne fonctionnent pas tout le temps. Beaucoup trop long par moments, avec de grosses facilités scénaristiques, et décevant dans son final (notamment avec une longue scène qui tente d’apporter une pseudo-explication aux massacres, dont on se serait bien passé), In a Violent Nature laisse un goût amer. L’idée est très intéressante, et la réalisation de Chris Nash transpire l’amour qu’il porte à ce genre. Il parvient à détourner les codes du slasher, les déconstruisant et les reformant pour offrir une vision intéressante, tendant parfois vers la parodie (le film étant à plusieurs reprises particulièrement drôle face au ridicule de ce tueur).
Cependant, il faut reconnaitre quelques longueurs dans ce long-métrage. On en vient à se demander s’il n’aurait pas mieux valu en faire un court-métrage. De cette façon, l’œuvre aurait peut-être été plus impactante et moins âpre au visionnage. La question de la diffusion en festival de films se pose aussi. Alors que les festivaliers enchaînent les longs-métrages, parfois particulièrement trashs dans le cas de Gérardmer, devoir se poser devant ce film-concept peut rebuter et faire tiquer.
Une chose est sûre, In a Violent Nature est une œuvre qui va diviser, mais qui reste une expérience intéressante à découvrir. La preuve, il a réussi à remporter le Grand prix du festival de Gérardmer.
Le film est d’ailleurs déjà disponible sur la plateforme de streaming horrifique Insomnia.
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